Bas Rotten - Surge
Chronique
Bas Rotten Surge
L'avantage de "Surge", c'est qu'il ne va pas chercher à te prendre pour un con. Avec une pochette comme ça, tu sais d'avance sur quel ring tu vas mettre les pieds. D'autant plus quand intrigué, tu recherches le nom du groupe sur Google, et que ce dernier te propose Bas Rutten, belle bête d'un mètre quatre-vingt cinq au garrot, ancien champion du monde d'UFC et machine à distribuer les marrons chauds. Du muscle, de la sueur et du sang, un cocktail aux odeurs de vestiaires qui confère à ce premier longue-durée du groupe une saveur toute particulière.
D'ailleurs, le moins que l'on puisse dire, c'est que ce premier grand galop m'a pris par surprise, un vrai crochet du droit dans la mâchoire. C'est que Bas Rotten s'est fait très, très discret : la formation Portugaise n'avait, jusqu'alors, sorti qu'une seule démo, en 2017, déjà marquée par cette envie d'en découdre qui transpire des 17 titres de cet opus. Séduit tant par la pochette, à mi-chemin entre les mouvements furieux d'un Boccioni et les textures charnelles d'un Soutine, que par la promesse d'un furieux mélange de Grindcore, de Punk Hardcore et de relents Thrashisants, je m'attendais à une belle petite détonation, mais certainement pas à une telle onde de choc, parvenant à balayer d'un revers de la main (et du coude) les meilleures sorties de l'année.
Bas Rotten ne s'encombre d'aucune fioriture. La violence est condensée, contenue dans ces titres d'à peine quelques lettres, qui sont autant de pains distribués à vitesse grand V. "Surge", c'est Ken le Survivant qui aurait abandonné le dojo pour prendre des cours de solfège. Le riffing y est incendiaire, empruntant aussi bien aux rythmiques sautillantes du D-Beat qu'au Thrash le plus acéré, souligné par une section rythmique des plus efficace : jamais à en faire des caisses, mais qui sait toujours viser juste. Les saillies de gorge du frontman, aboiements vindicatifs et larynx que l'on racle au papier de verre, apportent un supplément de hargne à des compositions qui n'en demandaient pas tant. Il va falloir travailler le jeu de jambe et les esquives pour ressortir indemne de ses premières écoutes ! Et même rôdé, tu ne seras jamais à l'abri d'un petit croc-en-jambe... C'est tout ça qui me plaît, dans "Surge", et chez le groupe d'une façon générale. Cet état d'esprit résolument street, ce disque mis en boîte avec la bite et le couteau, qui suinte l'envie, la conviction, et la hargne de rookies bien décidés à bouffer le monde. Musicalement, dans les titres comme dans ce qu'ils dégagent, dans son utilisation des samples, toujours délicieusement idiots (]"Jeez, what the fuck is that ?"), "Surge" me rappelle, à bien des égards, le sulfureux éponyme de Magrudergrind. Et la seule évocation de ce monstre sacré du Grindcore de ruelle sombre devrait vous décider à vous pencher sur cet attentat sonore - non sans protections.
Pas besoin de tirer plus en longueur : il faut écouter "Surge". Si tu aimes les tartines de phalanges en travers de la joue, administrées sans pitié mais avec force, il faut écouter "Surge". Si tu désespères de ne plus pouvoir te dépenser dans le pit, sentant tes semelles glisser sur la sueur et le sang, il faut écouter "Surge". Si tu cherches un bon exutoire à tes frustrations quotidiennes, il faut écouter "Surge". D'une façon générale, si tu aimes ton Grindcore quand il est sincère, authentique, passionné et passionnant, il faut écouter "Surge". Qu'est ce que tu fais encore là ?
| Sagamore 17 Novembre 2020 - 1253 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène