…Et la louve rejoint la meute.
Celle énigmatique de
Bring Down the Flags décide de retourner parmi les siens, descend de ses hauteurs solitaires pour partager avec ses semblables sa douleur. Mütterlein convoque une messe massive, dédiée aux oublié(e)s, aux meurtri(e)s, aux tué(e)s, aux personnes résignées pour qui elle n’a qu’empathie.
L’appel emplissant autrefois l’espace gagne en puissance ce qu’il perd en mystère. Discours clair, coup de gueule atteignant directement le cœur. On reconnaît un peu de soi au sein du désastre contemporain dans ces nouveaux cris de ralliement, désormais narratifs (chaque morceau se répondant l’un l’autre, points d’orgue multiples faisant mériter l’illustration de Dehn Sora à l’ensemble).
Amidst the Flames, May Our Organs Resound s’adresse à celles et ceux qui ont subi les discriminations systémiques, les pensées réactionnaires, patriarcales et destructrices, jusque dans leur chair. Un requiem qui se veut combatif, le post-metal et le dark ambient devenant armes et épitaphes d’un seul geste.
« Nous ne vous oublierons pas » marqué sur sa faux, Marion Leclercq invite au recueillement avant la bataille. L’atmosphère est lourde, au sens propre, ce dès « Anarcha ». Les sonorités électroniques y ont des allures de vieilles pierres battues par le froid et la nuit. Dans ce décor rustre, grotte où se réunir, réalité glaçante et colonnes calcaires auxquelles répondent les feux des corps, la louve se met au centre, transmet par l’instinct ce qui ne peut plus se dire par la raison tant la souffrance est grande et le désir de l’embrasser encore plus (« Division of Pain » et ses guitares coupantes). Nous écoutons, réunis au sein de cette musique si personnelle et pourtant rassembleuse, expression individuelle devenue porte-voix.
On pourrait glorifier, faire de la lanceuse d’alerte une héroïne, appuyée son talent au point d’en oublier le message. Il y a de quoi acclamer sur
Amidst the Flames, May Our Organs Resound, ses influences tellement digérées qu’elles paraissent venir de quiconque, son flot constant qui ne peut être issu que d’un travail de composition acharné – rarement un album aura tant coulé de source du début à sa fin. Louer la sentimentalité moderne qui s’habille d’une vêture ancienne, laissant penser qu’on ne se lassera jamais de cette musique-ci, actuelle dans ses propos et au sein d’une certaine scène incertaine, esthétique avant d’être stylistique, et dont Debemur Morti est un des plus importants pourvoyeurs. Mais le fanatisme envers les artistes n’a jamais été de mon goût, et tait les quelques instants flottants, imparfaits dans le mauvais sens, que contiennent ces quarante minutes (Les « Memorial » par exemple, bien moins poignants que cette deuxième moitié qu’ils entourent).
Mütterlein nous laisse avec une faim… de loup, Marion Leclercq n’apportant ici aucune réponse, aucune solution, aucune stratégie pour répondre à l’infâme et l’intolérable. Elle transmet son dégoût et son amour d’un seul trait, les met en lien avec nos ressentis propres, commune humanité devenue animalité par les circonstances. Dans ce monde-ci, il n’est possible que de hurler. Alors, hurlons ensemble.
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