Après un
« Your Favorite Curse » prometteur en 2024, les Bordelais de
KIBOSH refont parler d’eux grâce à un tout petit EP composé de seulement trois titres pour une durée de moins de sept minutes. Bref donc, mais terriblement intense.
« Smother Me » rappelle d’emblée les bases du style pratiqué : un
brutalcore chaotique qui aime à planter d’énormes ralentissements en son sein. Évidemment, tous les grands noms américains de cette mouvance pourraient être convoqués ici (
CONVERGE, les débuts de
CAVE IN, bien sûr
THE DILLINGER ESCAPE PLAN sans les côtés
jazz, etc.) mais le groupe s’inscrit également dans la modernité, la production relevant davantage des trucs mastoc actuels,
KNOCKED LOOSE par exemple. Le mélange est évidemment explosif, d’autant que les Français n’ont pas à rougir de leur technique instrumentale ou vocale. Musicalement, les compositions sont devenues vraiment bétons, gorgées de cassures, de breaks, d’accélérations, de mosh-parts, avec des enchaînements fluides où par conséquent rien ne semble « forcé ». Ainsi, à ce stade de sa carrière, j’ai clairement le sentiment que
KIBOSH a atteint une forme d’aboutissement dans son orchestration du désordre, finissant même par frustrer l’auditeur tant les titres paraissent trop courts, à la limite de l’expéditif.
La formation n’a pas pour autant totalement tiré un trait sur les mélodies, à l’image de « Pray for the Rain », mais ces moments (succincts) me semblent mieux maîtrisés et intégrés que par le passé, apportant juste ce qu’il faut d’aération pour ne pas avoir envie de se fracasser la tête contre les murs. En effet, l’extrémisme forcené des morceaux, leur densité absolue, la volonté fanatique de remplir le moindre espace à l’aide de coups de matraques plombées, cela ainsi que le nombre hallucinant de ruptures, de
glitchs, de changements de tempos, ça peut finir par causer quelques étourdissements. Sans compter le chant destructeur, toujours énervé, toujours gueulard, qui, s’il est d’une efficacité redoutable, ne permet pas non plus de mieux respirer. Il faudra d’ailleurs saluer une nouvelles fois l’excellent travail d’
Alain Douches au
mastering (c’était déjà lui sur le LP précédent) car l’EP est doté d’une ampleur sonore monstrueuse qui fait vraiment passer les Bordelais au statut de bête féroce à dimension internationale.
Si tu ajoutes à cela un
artwork encore une fois impeccable, difficile de reprocher quoi que ce soit à «
Smother Me ». Peut-être que les amateurs de
brutalcore ou
hardcore chaotique tel qu’il se pratiquait à la fin des années 90, début 2000, n’accrocheront pas à cette déclinaison modernisée pleine de
beatdowns mais, pour les autres, ce sera la possibilité d’accéder à une belle séance de tabassage en règle. En définitive, ma seule interrogation porte sur ce que donnerait désormais une telle intensité sur un format long… Mais alors que je concluais la chronique de «
Your Favorite Curse » en espérant que sa suite soit encore plus radicale, je suis aujourd’hui comblé : c’est réellement dans l’expression de la violence que la formation excelle et si je pense encore qu’elle gagnerait à moins chercher à en foutre partout, tout le temps, pour donner plus de poids à quelques riffs saillants ou à de bonnes trouvailles sonores qui pourraient être davantage développées, nous rentrons avec cet EP dans la catégorie des poids-lourds.
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