Je peine à imaginer qu’en 1990, il y eut introduction d’album de
death metal plus fumée que celle proposée par «
The Key » : une nappe de clavier spatial, puis un chaos diluvien de guitares malmenées enchaîné avec un riff saignant digne de
SLAYER, enfin le chant rauque de
Mike Browning qui explose dans ces tonalités raclées typiques de l’époque, plus extrêmes que le
thrash, pas encore
growlées, et des solos, partout. Quel bordel. Le bordel, vraiment ? Oh que non. Tout cela est savamment orchestré, ce premier LP frôlant la perfection de l’avis des fans, au point de se placer au-dessus de
« Thresholds » (je n’évoque même pas le mal aimé
« Ethereal Tomb »). Si je ne partage pas cet avis concernant le classement, trouvant souvent ces neuf compositions un peu trop foutraques, on ne peut tout de même que constater que
NOCTURNUS a incorporé une énorme dose de technique en comparaison de ce qui se pratiquait alors, en Europe comme aux États-Unis, et que quand bien même les ressemblances avec
MORBID ANGEL sont nombreuses (chant,
riffing, ambiance), le quintette va selon moi beaucoup plus loin dans la complexité des structures ainsi que la rapidité d’exécution. Davantage de riffs à la minute, de changements de tempos, d’atmosphères, de
leads, de rythmiques étranges, préfigurant quelque part ce vers quoi se tournera deux ans plus tard un groupe tel que
DISHARMONIC ORCHESTRA sur son monument
« Not to Be Undimensional Conscious ».
Il ne faudra pas perdre de vue que l’objectif premier est bien de jouer du
death, aussi barré soit-il, un titre comme « BC / AD » illustrant parfaitement les ambitions des Floridiens : s’inscrire dans l’élite du giron de Tampa tout en développant son propre style, à nul autre pareil. Sur ce point, « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » répétait un curé de mon enfance (vous attendez une blague pédophile ?). En effet, si je mets de côté le bassiste
Jeff Estes, quasiment inexistant et qui disparaîtra d’ailleurs des radars après ce disque, les autres musiciens s’en donnent à cœur joie, en particulier
Lou Panzer. Un petit peu trop à mon goût d’ailleurs : trop d’introductions cinématographiques, des interventions parfois à la limite du ringard (le début d’« Andromeda Strain »), je trouve que
NOCTURNUS force le trait pour ce qui est de la prolifération des claviers. Déjà que les morceaux sont hyper chargés en termes de guitares, si les ajouts synthétiques enfoncent bien dans la tête de l’auditeur que les Américains ne jouent rien comme les autres, cela rend parfois l’album indigeste, les idées manquant de canalisation. C’est certainement pour cela que je lui préfère les sorties ultérieures, y compris celles de
NOCTURNUS AD, moins fougueuses certes, mais davantage réfléchies.
Évidemment, il s’agira de remettre cet album dans son contexte. En 1990, une telle créativité relève du purement génial et le fait que les mecs aillent à fond dans le délire spatial, avec foison de clavier, c’est peut-être aussi un pied de nez à la scène, un acte de rébellion assumé qui se traduit dans ces thèmes futuristes. Je ne réduirai pas pour autant «
The Key » a un simple phénomène de foire, encore moins à la marginalité, le reste de la carrière ne démentant jamais cette posture musicale finalement inimitable, la formation n’étant, en dernière instance, que comparable à elle-même.
Par Jean-Clint
Par Jean-Clint
Par Lestat
Par Jean-Clint
Par xworthlessx
Par Ikea
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par Lestat
Par Krokodil
Par Niktareum
Par Jean-Clint
Par Jean-Clint
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène