Alors que je pensais et pense encore énormément de bien du premier LP
éponyme, le trio instrumental
CRATOPHANE nous revient en ce début de mois d’octobre auréolé d’une belle signature chez les Italiens de
I, Voidhanger Records afin d’accompagner la sortie d’
Exode. Nous connaissons le caractère innovant de cette maison, l’arrivée des Rennais au sein de ce label n’a absolument rien de surprenant.
L’évidence sautera évidemment aux yeux de tout le monde dès le premier contact : le travail graphique est une nouvelle fois superbe et, sans vouloir faire ombrage à la précédente illustration d’
Ëmgalaï Grafik, que j’adore toujours autant, l’œuvre réalisée ici par
Vincent Perriot (un auteur français de bandes dessinées récompensé à de multiples reprises) est absolument saisissante de détail, de finesse, de profondeur… Comment cette collaboration a-t-elle pu aboutir, je n’en sais rien mais il est certain que le rendu de cette planche sur un vinyle doit être exceptionnel, ce qui permettra à l’heureux acquéreur de l’objet de donner autant de bonheur à ses yeux qu’à ses oreilles.
En effet, avec ces six nouveaux morceaux, les musiciens n’ont rien perdu de leur inspiration. L’auditeur retrouvera avec plaisir les références à
SHELLAC,
MAGMA,
VOIVOD ou encore
CARBONIZED mais implantées dans une dimension
post rock plus marquée. Sans compter qu’
Exode n'est pas une simple relecture améliorée du premier effort : le disque contient des éléments musicaux réellement nouveaux, le
reggae notamment qui s’invite vers la quatrième minute de « Fleur de peau » puis à 06:30 de « Salamandre », ces apports démontrant l’ampleur du brassage des styles, de même que la liberté artistique totale d’un groupe ne se fixant aucune barrière langagière. Clairement, le passage sur un label prestigieux n’a pas bridé les ambitions, elles ont plus que jamais été poussées à leur maximum, encouragées, nourries aux meilleurs ferments.
Cette ambition, qui va de pair avec un accroissement des expérimentations, a cependant un léger impact sur la rugosité brute d’antan. Ici, même si la basse reste d’une fermeté intransigeante tout du long, les compositions, peut-être à cause de leur longueur (la plus courte dure 06:50), voient globalement poindre un léger assagissement du propos. Néanmoins, les instants plombés se montrent encore nombreux : le final de « Salamandre », « Samaris » qui contient des plans directement issus du
techno thrash ainsi qu’une conclusion fondamentalement
drone doom, le riffing très
stoner de « De bon aloi »… Il y a foison d’exemples rappelant que
CRATOPHANE s’adresse aussi à un public
metal dès lors qu’il est féru de musiques 100% instrumentales et n’a rien contre le
post ou les formations précédemment citées. Oui, c’est un peu exigeant et contemplatif, pour comparer il faudrait écouter
Exode comme on se mettrait un
GONG, un disque de
jazz, du
krautrock…
De mon côté, je trouve la progression du trio tout bonnement incroyable, tant dans sa capacité à raconter une histoire, à tenir l’auditeur en haleine, que dans la technique déployée, jamais démonstrative ni outrancière, uniquement là afin de servir la narration. Peu de solos, aucun problème d’égo, juste des ambiances, des changements de rythmes multiples, des sons qui varient au grès des climats instaurés, tantôt apaisants, tantôt rêveurs, tantôt colériques, toujours surprenants. Et si le titre « Ranx » est un hommage à
Tanino Liberatore et
Stefano Tamburini pour leur génial « RanXerox », alors je ne pourrai que saluer une nouvelle fois le bon goût de
CRATOPHANE, à ce jour l’une des formations instrumentales les plus intéressantes de l’Hexagone.
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