Mirrorthrone - Carriers Of Dust
Chronique
Mirrorthrone Carriers Of Dust
Ma mère m'a toujours dit : "Méfie-toi des one-man band Dead. Un jour tu peux tomber sur du Ihsahn et un autre ce sera Ywolf !". Depuis ma plus tendre enfance, j'ai donc appris à me méfier de ce genre de projets, même si avec du temps, je me suis rendu compte que c'est aussi bien le cas avec les one-man bands qu'avec les non-one-man bands ou le pâté en croute. Quoiqu'il en soit, en découvrant Mirrorthrone, il y avait quand même de quoi se méfier : un mec, tout seul, suisse, qui fait du black metal symphonique, avouez que ça ne court pas les rues. D'autant plus que le territoire helvète est sans doute plus réputé pour ses fromages et ses banques que pour ses talentueuses formations de black metal. Enfin c'est le cas de beaucoup d'autres pays.
Toutefois, le suisse n'en est pas à son premier essai. Déjà deux démos et un premier album "Of Wind And Weeping" sorti en 2003 qui recueillit de très bons échos, il y avait finalement de quoi se laisser séduire par ce second album intitulé "Carriers Of Dust". Un rapide coup d'oeil au texte promotionnel (toujours aussi enthousiaste et souvent peu représentatif de la réalité de la musique soit dit en passant) tout en lorgnant du coin de l'oeil le visuel froid, dépouillé et de bon goût du livret qui vous caresse les pupilles et ni une, ni deux, voilà le CD dans ma platine.
Si certains albums sont justes intéressants ces derniers temps, en voici un qui sort littéralement du lot par sa créativité et son efficacité. On savait déjà que les suisses possédaient une recette secrète pour faire le chocolat mais il semblerait qu'ils en aient une également pour faire le black metal. Jamais je n'ai entendu un album sonner de la sorte. Vladimir, seul maître à bord ici, a gonflé son black symphonique de nombreuses influences, allant du heavy à la musique classique qui viennent se greffer sur un black à la base radicalement moderne et rageur. Le style se veut d'une impressionnante extrémité à peine atténuée par des instrumentations fouillées et grandiloquentes qui ne font que renforcer le côté sombre et lugubre de l'ensemble, y ajoutant aussi une dimension mystique. Heureusement, quelques passages plus atmosphériques offrent une petite pause au milieu de ce chaos compact. Entre ses hurlements black/death, Vladimir pose également un peu de chant clair, simple et très bien exécuté, ajoutant un peu de diversité à ce niveau là.
"Carriers Of Dust" a été entièrement produit par Vladimir et pour une production maison, le travail est proprement hallucinant. Le son est super puissant, le mixage parfait pour le style et l'ensemble très agréable à écouter malgré l'utilisation massive de programmation (batterie, instrumentations). La batterie permet notamment au jeune homme d'atteindre des tempos humainement réservés à l'élite et nécessaires à la débauche de violence offerte ici. Toutefois, il serait mensonger de dire que ça ne s'entend pas mais l'intérêt du recours à l'électronique se justifie de lui-même dès le premier titre.
Mais en plus de la production, si cet album est aussi bon, c'est avant tout grâce à la qualité de ses compositions, aussi riches et puissantes qu'originales. Déjà, il faut savoir que l'album ne compte que 4 morceaux pour une durée totale de 46 minutes avec notamment un titre de conclusion de plus de 22 minutes (et il n'y a pas blanc), fait assez rare pour être signalé. Et si vous commenciez à vous lasser du black symphonique, voici une véritable bouffée de fraîcheur : à travers d'excellents riffs et des structures à tiroirs, les compositions mettent en place une multitudes d'atmosphères, entre haine, chaos et désespoir parfaitement illustrées par les paroles dont la majorité a été écrite en français. Le tout se révèle à la fois prenant et d'une grande efficacité, parfaitement dosé entre bourrinages et parties plus lentes sans que la magie ne s'essouffle jusqu'à la dernière seconde.
Voici donc une épreuve aussi riche qu'éprouvante, qui vous minera le tête et jonglera avec votre esprit. "Carriers Of Dust" est un album d'une incroyable richesse où Mirrorthrone a définitivement pris son propre chemin. Amateurs de black metal symphonique, je vous invite donc à découvrir d'urgence ce petit bijou qui devrait faire de nombreux tours dans votre platine. Chapeau-bas monsieur !
| Dead 22 Mars 2006 - 2373 lectures |
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