Qntal - IV - Ozymandias
Chronique
Qntal IV - Ozymandias
Après le départ en 2001 d'un de ses membres fondateurs (Ernst Horn), Qntal recrute l'homme du changement en la personne de Philipp Groth, claviériste, compositeur mais aussi producteur. Leurs quelques années d'absence déboucheront alors sur un troisième album basé sur l'histoire de Tristan et Iseut qui amène surtout l'électronique comme nouveauté au sein de la musique des allemands. 2 ans et un DVD plus tard, le trio confirme la tendance amorcée par leur précédente production avec ce "Ozymandias" où la musique traditionnelle se mêlent aux machines avec brio, et parfois moins malheureusement.
Alors pour ceux qui prendraient le train en marche (comme je l'ai fait un jour aussi, n'ayez pas honte), Qntal joue ce qu'ils appellent eux-mêmes, de la nouvelle musique ancienne. Comprenez par là que leur style tente une approche sous un nouvel angle de la musique traditionnelle médiévale, plus "moderne" comme je le disais en introduction. Sur une base réalisée avec des instruments anciens, leurs compositions intègrent des éléments actuels : claviers, sons synthétiques, boites à rythmes, etc. Mais avant tout, le coeur et l'âme du groupe doivent beaucoup à la voix de Syrah qui illumine et fait ressortir les émotions de chaque morceau.
Mélanger les époques a toujours été un pari aussi audacieux que casse-gueule. Evidemment, ces trois musiciens sont des surdoués dans leur domaine. Du chant (Syrah) à la maîtrise des instruments anciens (Michael Popp), tout est exécuté de main de maître et sans accros. Evidemment, le travail de composition n'est pas en reste. "Ozymandias" pourrait se voir comme un voyage dans le temps peuplé d'anachronismes, à la fois étrange et fascinant. L'ambiance vous saisit dès les premières minutes et dans l'ensemble l'équilibre entre électronique et traditionnel tient la route. Dans l'ensemble oui car il demeure certaines fautes de goût selon moi, vraiment gênantes. Ca n'engage évidemment que moi, mais je trouve que le groupe peine à nous livrer des titres plus enjoués sans tomber dans le caricatural ("Cupido", "Flamma", "Indiscrete"). Je n'ai pas été séduit par ce côté électro-pop qui manque cruellement d'émotions et de profondeur, avec souvent cet électronique qui mange tout le reste et vient tout "gâcher". Au final, seuls les titres plus calmes (les plus nombreux heureusement) tirent leur épingle du jeu et développent une réelle atmosphère. Et parmi ceux-ci, "Ozymandias" compte de petites perles comme "Vogelfluc", "Noit E Dia" ou encore le très religieux "Remember Me". La production signée une nouvelle fois Philipp Groth est tout simplement exceptionnelle, claire et parfaitement équilibrée, et ce malgré la multitude d'instruments mis en jeu.
"Ozymandias" aurait donc mérité un petit dégraissage pour révéler toute la sensibilité qui peut se dégager de l'album. Les titres douteux sont rares mais présents, brisant net l'ambiance que le groupe s'efforce de créer. Dommage car le charme est indéniable, le talent certain et la sensibilité à fleur de peau. Vous vibrerez et frissonnerez sans doute sur une grande partie de ces 60 minutes. Après ces deux albums "expérimentaux", le groupe reviendra à une formule plus classique et moins aventureuse avec un excellent cinquième album, "Silver Swan" que je vous recommande chaudement.
| Dead 14 Décembre 2006 - 1595 lectures |
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