Elvira Madigan - Regent Sie

Elvira Madigan propose apparemment un concept album qui aurait pris 5 ans de composition au one-man-band, Marcus H Madigan. La bio qui m'a été fournie, assez originalement argumentée, tentait de justifier le choix d'un concept album dans une époque où ce genre de créations n'est pas courant. Si le groupe entend proposer une musique qui s'écoute avec le livret des paroles sous les yeux pour pouvoir lire une histoire avec une « soundtrack parfaite », qui reviendrait presque à regarder un film, pourquoi ne pas avoir envoyé un livret au chroniqueur qui est censé donné un avis sur cette œuvre ? Je me retrouve avec un album découpé en pistes totalement inégales, qui suivent les péripéties d'une intrigue qui m'échappe et je ne sais que faire. Alors c'est simple, puisque je ne peux parler que de la musique sans pouvoir donner un avis sur le projet global qui a l'air intéressant, et bien je ne vais parler que de la musique.

Il est précisé que Marcus a tout enregistré tout seul et à l'ancienne, sans passer par ordinateur, seulement en enregistrant le son qui sortait des instruments. Heureusement que cette information m'a été donnée car ma première critique est de dire que le son de cet album est très faiblard.

Elvira Madigan offre un black metal opéra nuancé dans ses humeurs, alternatif dans ses instruments. Qui dit concept album dit structures imprévisibles, qui ne se répètent pas, telles celles de la bande originale d'un film dont ne peut voir les images. Afin de retranscrire toutes les émotions de son histoire, l'homme aux commandes dispose d'un talent éclectique, aussi à l'aise dans un black metal bien speed aux vocaux proches de ceux de Danni, que dans des envolées mélodiques, lyriques avec chant heavy. Notes de harpes, piano, orgue, ou autres nappes, puis blasts et hurlements pour revenir à des chuchotis descriptifs, tout est propice à raconter une histoire certainement riche, certainement dramatique. Comme précisé, tous les détails auraient été travaillés pendant longtemps afin de proposer un concept album de qualité sans le charme de la spontanéité et de l'émotion.

Alors soit c'est moi qui ne suit pas sensible à ce concept, soit c'est que la recette n'est plus bonne mais le tout me laisse totalement indifférente, une expression de parfaite neutralité pourrait actuellement se lire sur mon visage. Je pense que c'est en partie dû à cette production plate et morne qui ne met rien en valeur et qui banalise le travail de composition proposé. C'est comme faire une mauvaise photocopie d'une toile complexe et très colorée. Pour le coup, je voudrais pouvoir la voir exposée en 3x4m dans un musée. Et je trouve ça assez paradoxal de vouloir faire un grand projet de concept album et d'opter pour un enregistrement archaïque, loin des technologies actuelles. Mais d'un côté, Marcu semble influencé par des œuvres comme le Dreamweaver du groupe Sabbat qui date de 1989 et il est peut-être là le problème : comment vouloir défendre quelque chose qui plaisait dans le passé, avec le son du passé alors que le monde a changé et que la tendance actuelle est plutôt à la repique de midi et au trig incisif… ?

Je ne doute pas du talent de composition de l'artiste qui s'est donné sur cet album et qui avait à coup sûr une histoire passionnante à dévoiler. Je souhaite au nostalgique de découvrir cet album qui le fera certainement replonger dans une époque musicale bien révolue et je suis sûre qu'il y trouvera son compte en prenant plaisir à découvrir toutes les subtilités de ce disque écoute après écoute, mais pour le metalleux contemporain, je crains que cet opéra sombre qui aurait pu appartenir à son père, ne le laisse sceptique et ne le fasse changer pour un bon Cradle of Filth.

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