Funeral Procession - The Red Vine Litanies
Chronique
Funeral Procession The Red Vine Litanies (MCD)
Une grande porte en bois… Inutile de frapper, personne n'ouvrira, il faut l'ouvrir et enter. A l'intérieur, il fait sombre, une odeur d'humidité, de renfermé, de vieille pierre règne, et les pas résonnent, leurs échos se perdant au gré des rebonds contre les voûtes. Tout au fond, quelqu'un attend. Il guette, observe tous ceux qui pénètrent dans son domaine, la lubricité et la perversion semblant s'être incarnées dans son regard…
Quel est cet endroit ? L'antre d'un quelconque tyran médiéval ? Il va falloir ranger les haches en plastique là, les enfants (ou se déconnecter de WOW pour les plus abrut… les moins trve je voulais dire, bien sûr). Une église peut-être ? Effectivement, c'est l'endroit qui correspond le mieux à la description. Ou alors, dans la chambre d'un des susdits trve? Oui, cette solution semble valable aussi…
Maintenant, remplacez la porte par le bras de lecture d'une bonne vieille platine vinyl, les bruits de pas par les craquements du microsillon, et gardez les deux dernières solutions à l'esprit, vous devriez commencer à voir où je veux en venir.
Si jamais vous avez l'image d' un curé en tenue de cuir clouté braillant dans son micro les dix commandements en araméen ancien, tout en faisant avec sa guitare des choses que la morale réprouve après une cuite au gros rouge de messe, sachez que ce n'est pas tout à fait ce à quoi il fallait penser…
Cependant, c'est bien à l'office que nous convie Funeral Procession avec ce The Red Vine Litanies, le vocaliste et bassiste Count Gothmog, entouré de membres de session, nous offre avec cet EP une seule longue pièce dont le thème est l'esprit dans le vin, et ce qu'il peut déclencher chez l'homme… Tout au long des vingt minutes de The Red Vine Litanies, Funeral Procession pratique un Total Black Metal auto-revendiqué et marqué par la scène norvégienne, Darkthrone en tête : il n'est pas question de chercher ici une quelconque trace d'originalité ou une hypothétique touche de modernité, la sobriété de ce cantique est inversement proportionnelle à celle du curé après son office, une fois qu'il en est bien imbibé, de l'esprit du vin… La production renforce encore cet aspect avec des guitares au son rêche et indéfini, une basse bien lointaine et une batterie au son très naturel qui semble perdue dans l'écho de l'ensemble. La voix de Count Gothmog, moins extrême que dans la majorité des groupes true/raw, se détache efficacement de l'instrumentation avec un coté déchiré et spontané très old-school, qui la rend particulièrement expressive, et qui change agréablement des cris forcés et stéréotypés de la plupart de ses congénères. Le mastering ayant probablement été limité à une simple normalisation du mix, le rendu global est particulièrement cru, comme il se doit de l'être sur un vinyl… Sauf que nous sommes bel et bien présence d'un MCD. Mais ici, tout semble avoir été fait pour que l'on ait l'impression d'écouter un bon vieux maxi 33 tours, avec les craquements déjà évoqués ainsi qu'une séparation bien marquée au milieu du morceau, rappelant un changement de face. Trveïsme, quand tu nous tiens… Un minimalisme adapté à un black metal qui ne l'est pas moins : les parties rapides et mid-tempo se succèdent, reviennent et se répètent à l'infini, pour aboutir à un hébétement total de l'auditeur. Comme à la messe, on finit par être perdu, ne plus savoir quand il faut se lever, s'asseoir, recommencer… Alors on finit par abandonner, se laisser porter, on se contente de faire comme tout le monde autour, en attendant la fin de la cérémonie (et pouvoir enfin s'en griller une). La seule différence, c'est que là où une messe semble avoir commencé depuis une éternité, et pourtant être interminable, cet EP lui se montre hypnotique, des variations apparaissent, des nouveaux riffs viennent se superposer aux précédents, quelques lignes de chant clair ou religieux s'élèvent pour noircir encore l'atmosphère, et au final, malgré un aspect au premier abord très minimaliste et monolithique, cet EP se montre particulièrement captivant et on en vient à regretter qu'il ne soit pas beaucoup plus long.
Funeral Procession nous offre donc avec ce The Red Vine Litanies un excellent MCD, beaucoup plus recherché que ce qu'une écoute rapide peut laisser penser, et retourne à son avantage une certaine répétitivité qui ne vire jamais à la lassitude. Avec ses très nombreuses références aux offices religieux, qui illustrent ce qu'une célébration pourrait être si on la confiait au groupe, Count Gothmog et ses alcolytes pourrait donner envie aux plus réfractaires à la messe d'entre nous l'envie d'aller trinquer avec le curé du coin sur fond de bon vieux black metal… Et au pire, s'il n'est pas d'accord sur la bande son de la beuverie, souvenez-vous que les paroles évoquent la bête que le vin peut éveiller chez l'homme, et qu'au final un curé ça ne sert pas à grand-chose… Amen. Hips.
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