Disbelief - Protected Hell

??? J'ai lu un peu partout que sur « Protected Hell », Disbelief pratiquerait un Death Sludge metal … Sludge? C'est vrai que le son des grattes a ici un côté poisseux indéniable, et que l'auditeur a souvent l'impression écrasante de traverser cette galette comme un morne marécage musical, les bottes et les tympans lestés de vase … M'enfin la vérité, c'est plutôt que Disbelief pratique un death metal gras et lourdaud – imaginez Grave qui se traînerait des boulets aux pieds et une crise de neurasthénie aiguë – parsemé de jérémiades gothico-dark lancinantes et de quelques passages épiques plus ou moins réussis. Et pour tout vous dire – et court-circuiter ainsi les palabres habituels d'un long développement argumenté –, qu'est-ce qu'on se fait suer à l'écoute de cet album!

J'avoue que c'est mon tout premier contact avec Disbelief. Ce groupe allemand en est pourtant déjà à sa 19e année d'activité, son 8e méfait (et son 10e belief donc, pour les amateurs de chiffres et de blagues Carambar …), mais ni les titres avantageusement placés sur divers samplers, ni les chroniques lues ci et là n'avaient jusqu'ici réussi à éveiller suffisamment mon intérêt pour que j'ai eu envie d'introduire leur production musicale dans l'intimité de ma cavité auriculaire. Et la teneur de ce millésime 2009 aurait plutôt tendance à me faire croire que je n'aurais pas perdu grand chose à conserver béante cette lacune dans ma culture métallique.

Pourtant le groupe avait quelques atouts en main pour remporter l'adhésion:
- un son de gratte baveux et ronflant à souhait, pouvant rivaliser avec le plus bourbeux des grands anciens de la scène de Stockholm
- un amour immodéré pour les bons gros mid tempos qui n'hésitent pas à lever encore un peu plus le pied pour se faire totalement écrasants (comme en témoigne le début escargot-compresseur de « S.O.S. - Sense Of Sight »)
Mouais, tout compte fait, une paire d'atouts ça fait quand même un peu light comme poignée, surtout quand les autres cartes sont aussi minables! Parce que ce côté guerrier blessé qui chante sa complainte (écoutez donc « A Place to Hide » à 2:27, « Nemesis Rising » …), qui plus est en empruntant régulièrement des gimmicks vocaux gothiques (le début de « The Return of Sin », les susurrements de « Demon's Entry » … ) passe vraiment mal. Et même quand le groupe s'en tient à son registre mid tempo grassouillet, il patauge 95% du temps dans le plat et le basique le plus crasse. Même cette tentative de ruer un peu dans les brancards qu'est « Hell Goes On » finit bien vite comme le moins inspiré des morceaux d'un Unleashed agitant vainement son marteau de Thor en plastique.

On sauvera quand même du naufrage le refrain sympa de « One Nation's Son », la lourde traversée de champ de bataille qu'est « Hate/Aggression Schedule », le riff entêtant de « The Dark Soundscapes » (ce titre pouvant prétendre être le « tube » – !! – de l'album), ainsi que quelques percées épiques réussies (dont la fin de « Room 309 »). Mais malheureusement, cela ne suffit pas à dissiper cette envie irrépressible de bailler qui s'empare rapidement de l'auditeur lors de l'écoute de l'album, ainsi que cette impression persistante que le prochain album qui viendra remplacer « Protected Hell » dans la platine apportera sans aucun doute – comparativement parlant – le coup de pied au cul aussi bienvenu que rafraîchissant qui nous refilera la patate. Allez, on zappe!

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