Ouais, je sais.
Guitar heroic pop and funky metal, énoncé de cette manière, ça ne donne pas forcément envie. Mais quand on sait que le trio suédois dit pratiquer du heavy-pop-rock-latin-world-jazz-avant-garde-metal-blues, tout de suite, ça passe mieux! Et si les partisans de l'étiquetage à la louche sortiront une pancarte
fusion toujours salutaire dans le cadre d'un fourre tout metallique se jouant des catégories thrasho professionnelles (comme l'ultra guttural brutal slammachin chose dont je ne me lasse jamais), tout l'art de FREAK KITCHEN réside dans l'agencement de genres à priori peu solubles dans le metal pur et dur, le groupe ayant pris le parti de proposer une musique accessible (à force d'encaisser des growls, j'avais perdu l'habitude de comprendre les paroles) où refrains instantanément mémorisables et rythmiques catchy se taillent la part du lion. Capitalisant sur le grain de folie d'un Mattias "IA" Eklundh jamais à court de riffs inventifs ou de délires lead virtuoses (STEVE VAI sous acides, pour faire court), toute la difficulté pour FREAK KITCHEN réside dans le dosage, trop de refrains sucrés ou d'élucubrations guitaristiques risquant à tout moment de déséquilibrer des compos visant avant tout l'efficacité maximale.
Sur ce terrain là, « Move » (2002), l'album précédent, était inattaquable. Une véritable u-zine (RIP) à tubes comme on dit, boostée par une production massive qui transformait chaque hit potentiel en rouleau compresseur pop baignant dans l'acier trempé. Trois ans plus tard, on prend les mêmes et on recommence? Oui et non. Car si le line-up mark II est resté le même (Björn Fryklund et Christer Örtefors n'ont rejoint le groupe qu'en 2001, respectivement à la batterie et à la basse), « Organic », s'il applique plus ou moins la même recette, est bien moins immédiat qu'un « Move » irrésistible dès la première écoute. Pour être honnête, il s'en est même fallu de peu que je ne laisse « Organic » prendre prématurément la poussière sur une étagère tant ma première impression fut mitigée, voire négative. Ce peu, c'est le titre « Becky », de loin le meilleur extrait de l'album malgré une poignée de très bons titres dans la première partie de programme. Comme à son habitude, FREAK KITCHEN prend plaisir à brouiller les cartes en couplant une musique plus ou moins légère à des thèmes nettement moins fendards sur le papier, « Becky » narrant le courage d'une jeune femme cernée par une bande de racistes notoires, du frérot au petit ami, en passant par de merveilleux parents pour qui un bon nègre est un nègre mort! Une opposition de « valeurs » que l'on retrouve sur le plan instrumental, le pré-chorus martelé au hachoir laissant la place à un superbe refrain sublimé par une nappe de je-ne-sais-quoi (claviers? Cornemuse? Hautbois? Ma surdité me perdra) qui fait toute la différence. « Becky » n'est donc plus seulement la copine de Tom Sawyer perdue dans les grottes avec Joe l'indien, mais aussi une petite merveille de chanson où FREAK KITCHEN déploie l'intégralité de sa palette technique (passages acoustiques doux amers, harmonies de double chant, riffs plombés et solo affriolant en prime). Alors certes, « Becky » n'est pas la plus dansante du lot, loin de là, mais au regard de l'infinie tristesse de « Breathe » (magnifique ballade, soit dit en passant, sans doute inspirée par la disparition du frère de Christer Örtefors), c'est kermesse!
Non, pour retrouver une partie de l'énergie déployée sur « Move », c'est au démarrage que ça se passe. Pénalisés de prime abord par une production plus rock, plus mordante (mais on s'y fait vite), « Speak When Spoken To » et « Look Bored » permettent de renouer avec un FREAK KITCHEN enjoué et sautillant, faisant la différence sur les breaks (du chant féminin à 2:00 sur « Speak When Spoken To », suivi d'un caméo de Ron Thal) et sur l'adjonction de sonorités inhabituelles sur « The Rights To You », à leur place vu les prestations clownesques du freak cordiste Mattias "IA" Eklundh. Jamais démonstratif ou hors sujet, toujours soucieux de l'équilibre des morceaux, “IA” est une nouvelle fois l'attraction principale sur “Organic” et en dépit de leur caractère original, voire branque, chacune de ses interventions apporte une forte plus value à l'ensemble. Bien que moins définitives qu'une « Propaganda Pie » ou une « Nobody's Laughing », les quatres premières salves restent donc très satisfaisantes. Ça se gâte un peu par la suite avec « Mussolini Mind », plombé par un refrain indigeste, mais FREAK KITCHEN, à la relance avec « Guilt Trip » et donc la fameuse « Becky », semble quand même être en mesure d'assurer un quasi sans faute. Las, l'aspect pop l'emporte trop largement sur l'enchaînement « Independent Way Of Life » / « Heal Me » / « Infidelity Ghost » / « Sob Story » pour permettrent à « Organic » de tenir vraiment la distance. D'autant que si Mattias est toujours impeccable derrière le micro, je n'en dirai pas autant de son comparse Ortefors sur "The Infidelity Ghost". Un final en queue de poisson donc, défaut dont souffrait également « Dead Soulmen » (2001), qui ramène « Organic » au rang de simple bon album : si l'on en croit la théorie de l'alternance,
« Land Of The Freaks », dont la sortie est prévue pour novembre, devrait donc casser la barraque et délivrer un flot discontinu de hits maison, taillés sur mesure pour parer à la pluie, au froid et au retour de
Tournez Manèges avec Cauet. On croise les doigts.
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