Quatre années séparent « Land Of The Freaks » de l'album précédent, le pas si accessible mais néanmoins très efficace
« Organic ». Une longue période durant laquelle Matthias « IA » Eklundh a parcouru le monde, joué en Inde devant des milliers de personnes avec ses comparses Bjorn Fryklund et Christer Örterfors, adapté le triple concerto de Beethoven à la guitare (140 pages de partoches et huit mois de boulot, trois fois rien!), s'est passé la corde au cou avant de devenir père, a monté un concept big band avec FREAK KITCHEN et, bien sûr, planché sur ce nouvel album trois ans durant. Et à entendre le Matthias, jamais à court de trouvailles sonores et autres bizarreries auditives (de l'imprimante au téléphone portable, en passant par le vibromasseur) le résultat obtenu sur « Land Of The Freaks » apparaîtrait comme la meilleure livraison de FREAK KITCHEN, indépendament d'un artwork étrangement sombre au vu de l'énergie positive déployée d'ordinaire par le trio suédois.
Le miracle « Move » -
la plus belle alliance entre metal, fusion et pop qu'il m'ait été donné d'entendre - ne s'étant pas reproduit ici, évacuons d'emblée les quelques défauts dans la cuirasse de cet alien échoué en territoire inhospitalier (qui a dit la terre?) ; première constatation, « Land Of The Freaks », malgré quelques petites bombes disséminées ça et là (« Honey You're A Nazi », « Murder Groupie », « Teargas Jazz »), manque un peu de patate. La production un peu trop aseptisée de « IA » n'arrange pas les choses, les guitares ayant considérablement perdu de leur tranchant depuis un
« Organic » plus riche en aspérités rythmiques. L'aspect purement metal de la galette étant un peu mis sous l'éteignoir malgré un riff typiquement power-thrash que n'aurait pas renié BYZANTINE (à 0:28 sur « Murder Groupie »), « Land Of The Freaks » convainc bien plus dans le costume du
smooth criminal faisant parler le groove que lorsqu'il bascule du côté obscur de la pop avec « The Only Way », sans surprise le titre le plus anecdotique de l'album. L'approche rock classique et le chant plutôt impersonnel de Christer Örtefors mis à part, tous les refrains sur « Land » ne sont pas non plus irrésistibles, loin s'en faut, Matthias Eklundh étant lui aussi un peu à la peine sur une « Teargas Jazz » qui méritait mieux, sans parler d'une « Murder Groupie » qui tourne rapidement à vide ou d'une « Clean It Up » un peu paresseuse à ce niveau.
Tout n'est pas parfait donc mais par rapport à
« Organic », FREAK KITCHEN a gagné en fluidité ce qu'il a perdu en folie pure et présente ici un profil plus chaloupé, plus planant sur des titres comme « Teargas Jazz » ou « Ok », violons, mellotron et cello s'intègrant de manière fusionnelle au registre explosif d'un Matthias passant avec toujours autant d'aisance d'un gros riff de bûcheron à quelques somptueux arpèges dont lui seul a le secret à 3:18 sur « Hip Hip Hoorah », avant de finir le travail à grand renfort de solis guitar héroïques ô combien accrocheurs. Les claviers sont également de sortie sur la sublime « One Last Dance », qui concentre à elle tout ce qu'on aime chez FREAK KITCHEN : un refrain entêtant et mémorable, une mélodie imparable, une dynamique de jeu à l'épreuve des balles et des guitares satrianesques, le tout saupoudré de l'inévitable soupçon de mélancolie nordique qui fait la différence. Si l'on ajoute l'incursion folk réussie de « Do Not Disturb » et les basses ronronnantes de « The Smell Of Time », on tient là une fin de programme très satisfaisante qui justifie à elle seule l'acquisition d'un « Land Of The Freaks » un peu moins barré que les efforts précédents, mais au tracklisting plus équilibré facilitant les premières écoutes. A voir sur scène désormais (tournée française prévue en février prochain) pour mieux jauger l'efficacité des nouveaux morceaux, qui à coup sûr prendront une autre dimension en live.
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