Au premier abord, je me suis dit qu'Anthurus d'Archer devait être une anagramme, du genre qui, une fois remise dans le bon ordre, aurait donné Test de Rorschach, Autruche Hard ou encore Chaude Tarentule. Mais non. Puis Wikipedia, mon ami qui sait tout, m'a parlé quant à lui d'un
« champignon basidiomycète de l'ordre des phallales et de la famille des clathracées »… Euh, et avec ça ma p'tite dame, je vous mets une botte de radis? Il m'aura fallu glaner au plus profond de la Klonosphere, sous une épaisse couche de
Klone (
mmhh), de
Mistaken Element (
oohh), de
Hacride (
mhpfouhh), de
GTI (
aaaahhh) et de
Trepalium (
rhaaa lovely!) pour y dénicher la réponse: Anthurus d'Archer est un groupe poitevin qui aime lâcher la bride à son imagination, ses guitares, ses flûtes et ses saxo depuis plus de 10 ans, et après s'être chauffé sur 3 démos, il a sorti 5 albums, « Phallus Impudicus » étant celui qui lui permet d'atteindre le cap de la demi-dizaine de sorties longue durée.
Présenter la musique du groupe est une gageure, une expérience presque aussi casse-gueule que l'écoute de ladite musique. En effet Anthurus d'Archer est ce qui s'approche le plus du laboratoire jazz-metal-rock-bordélico-expérimental. C'est plein de pipettes, de mélanges, de tubes à essai et d'essais de tubes, d'explosions, de trucs qui ne mènent à rien, de formules à moitié effacées du tableau, de tentatives sans queue ni tête. C'est un mélange du moins facile d'accès des albums de
Sebkha-Chott (
« Nigla[h]», ses cuivres, ses dissonances …) et des pires crises d'hystérie autiste de
Mr Bungle. Je vous préviens, ça va être assez souvent crispant. Ça va glisser dans l'easy listening joyeusement niais, pour se prendre ensuite dans le coin du fifre une vieille décharge bruitiste. Au loin, derrière des élucubrations vocales complètement à l'ouest, vous tomberez parfois sur une bonne lead made in Van Halen (
« Apparition Du Sampler Éternel »), puis sur des expérimentations de type Musique Concrète. Une clarinette printanière et cotonneuse vous posera un peu de rosée sur les paupières (
« Chrysanthème de verre ») avant de vous laisser profiter pendant une grosse minute des râles d'un agonisant (
« Noël Au Mouroir »). Un début de morceau à la
Devin Townsend mêlant thème chamallow de série américaine pour toute la famille et gros son (
« Bois le jus de ta merde et rends-moi la carte! ») laissera la place à un bad trip au LSD. La crise d'épilepsie guette au détour du moindre morceau, ça tangue, ça secoue, parfois même ça chavire, et on finit par se demander si le groupe n'aurait pas réussi à diffuser des spores de champignons hallucinogènes au travers des écouteurs de notre baladeur. Aaaaaaaargh!!, si je puis m'exprimer ainsi.
Les affreux jojos qui nous malmènent ainsi ont un niveau certain de maîtrise de leurs instruments, c'est indéniable. Mais plutôt que de se reposer tranquillement sur ce savoir-faire et de nous caresser dans le sens du poil (
gentillesse qu'ils nous octroient quand même en début d'album, sur un « Les Maxulations » hyper swinguant, énergique, vivifiant et carrément frais – putain j'en veux plus de l'Anthurus comme çaaaaaaaaa!!!!), ils préfèrent se livrer à de l'expérimentation hardcore (
qualificatif à ne pas prendre dans l'acceptation musicale du terme), et tant pis si c'est n'importe quoi. Les morceaux durent en général moins de 2 minutes, volettent de ci de là, salopent assez souvent la paillasse de petit chimiste du groupe (
« Proctoclash », « Industrial Pork Assassinat »), zigzaguent beaucoup et partent définitivement dans le bas côté à partir de « Noël Au Mouroir », les 3-4 morceaux suivants étant carrément inécoutables. Si ces savants fous ne manifestaient pas un humour – souvent absurde – de tous les instants (
cf. les titres des morceaux), on évoluerait en plein exercice de style musicologico-intello-elitisto-chiant. Mais le groupe ne semble pas chercher à péter plus haut que son coussin fessier, tout juste à nous badigeonner de l'équivalent musical d'un mélange de poil à gratter, de fluide glacial et de gaz hilarant … Le problème étant quand même qu'on aurait bien aimé un peu plus de musique "normale", avec des plans durant plus de 5 secondes, un peu d'accroche et des lignes à fredonner. Ah, et autre chose aussi: ça serait bien un vrai batteur, même un doux dingue dans leur style. Parce que peut-être bien que ça fait partie du concept cette boite à rythmes que-même-que-j'avais-la-même-sur-mon-premier-synthé-de-chez-Smoby et que ça renforce le côté déconne, mais sur la longueur, boâââârf …
J'aurais aimé mettre une note à cette verge impudique, comme il est de coutume ici bas sur Thrasho, mais là je me demande bien ce qu'elle voudrait dire. A priori, 99,3% des métalleux habitués de ce webzine lui colleront une note allant de 0 à 2/10. Par contre un bon 41% (
j'ai appliqué des formules hyper balaises pour sortir ces chiffres …) des amateurs des 2 groupes cités il y a quelques grosses centaines de caractères plus haut (
Sebkha-Chott et Mr Bungle quoi) trouvera ici de quoi s'humidifier la truffe. Bref: cet album ne contentera qu'un public restreint et averti. Dont acte: je vous avertis. C'est de la musique à écouter lorsque l'on teste de nouveaux psychotropes non homologués, ou bien quand on cherche à résoudre la quadrature du cercle avec un critérium sans mine et une calculette sans pile. C'est stimulant, déroutant, irritant, intrigant … J'avoue ne pas adhérer aveuglément à tout, et ne retenir principalement que « Les Maxulations » de cet album. N'empêche que tout ça m'a émoustillé, et que je tenterais bien l'expérience des albums passés avec plaisir et curiosité … Je dois être gravement atteint en fait. Oui, c'est ça …
PS: au vu de la situation économique actuelle, de l'état du marché du disque et du créneau dans lequel évolue le groupe, les poitevins ont décidé que cet album ne sortirait pas au format CD classique mais uniquement en MP3, gratuitement (
ici) et sans pochette (
d'où l'illustration en haut à droite de la chronique). A bon entendeur …
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