Uncleansed - Domination Of The Faithful

Avant Braced For Nails et son sympathique Icons Above All Others qu'on espérait plus, un autre combo texan attendu avait livré son premier blasphème longue durée à la face du monde via le label anglais Grindethic Records. Il s'agit d'Uncleansed et de son album Domination Of The Faithful. Mené par le respecté frontman Shawn Whitaker (Insidious Decrepancy, Viral Load), aidé de son batteur chez Viral Load Darrel White, des guitaristes Jim Case (Braced For Nails, ex-Imprecation et Infernal Dominion) et Dave DiBello, ainsi que du bassiste Sherman Clark (Criminally Insane), le groupe a enfin sorti son album, quatre ans après sa formation. Et il faut bien avouer que le résultat n'est pas tout à fait à la hauteur de nos espérances.

Sans que ce Domination Of The Faithful ne soit mauvais pour autant. Moins porté sur la lourdeur que Braced For Nails et la plupart des groupes de TXDM, Uncleansed envoie la purée dans un style nerveux, dynamique et rapide changeant souvent de rythme. Les Américains savent clairement écrire de vraies compositions cohérentes et disctintes les unes des autres et varient donc bien le tempo. On appréciera ainsi les nombreux passages blastés, même tenus peu longtemps et souvent sous forme de semi-blasts, les séquences à la rythmique thrashie accélérée, les mid-tempi plus groovy et les quelques parties plus lentes, davantage axées sur l'ambiance. Voilà une notion importante chez Uncleansed qui a la bonne idée d'instaurer une vraie atmosphère, à la différence de la majorités des combos modernes. Un effort appréciable qui s'avère la principale qualité de l'opus. Evidemment, c'est dans une ambiance evil qu'on se retrouve plongé dès l'intro tirée de l'Exorcisme d'Emily Rose, pas vraiment une surprise si on jette un œil à la belle pochette diabolique signée Jon Zig. Les riffs sentent bon le souffre ("The Summoning" à 2'05, "Sacrament Of The Ancients" à 1'28 et 3'48, "Parasitic Hunger" à 1'20, "Domination Of The Faithful" à 2'47, "Cathonic Tremors " à 1'47 pour ne citer que les plus intéressants) et Shawn Whitaker se fait plus possédé que jamais. Il livre sans doute ici sa meilleure performance d'ailleurs en maîtrisant parfaitement l'alternance de growls glaireux et de shrieks démoniaques. À côté de ce climat blasphématoire, Uncleansed, en bon groupe du Texas, accole une louche de groove qui permet de rendre les morceaux encore plus efficaces, notamment grâce à une basse bien présente. Et le tout est bien mis en valeur par une production puissante, sèche et naturelle dont le seul défaut est de mettre un peu trop en avant la batterie. Vu qu'elle ne sonne pas comme une boîte à rythmes, personnellement ça ne me gêne pas du tout.

C'est que ça a l'air pas mal alors finalement? Oui, enfin non. C'est correct, plutôt bien joué et avec conviction, mais l'album n'a rien de transcendant. Le feeling satanique est bien là, on est d'accord, mais des tas de groupes font beaucoup mieux. Je n'irais pas jusqu'à parler d'ambiance evil de supermarché mais disons qu'on a entendu bien plus prenant. Et si le chanteur, le bassiste et le batteur font du bon boulot, les guitaristes sont un peu justes. Trop de riffs quelconques, même si certains sortent du lot. Les plus evil notamment mais surtout quelques motifs plus mélodiques tels ce riff à "Parasitic Hunger" à 1'35, le riff d'intro de "Molecular Immolation" (peut-être le meilleur morceau de l'album) et celui de "The Conquest Of Heaven" à 1'53, assez entêtant. Pour le reste, c'est du banal, du entendu et ré-entendu comme le riff d'ouverture de "Domination Of The Faithful" pompé sur Morbid Angel par des milliers de groupes. Et ce n'est pas les deux-trois malheureux solos proposés qui y changeront quoi que ce soit.

Domination Of The Faithful aurait pu être un très bon album vu le potentiel, il tombera finalement dans la catégorie surpeuplée des "sympas sans plus". L'ambiance sombre et infernale dégagée, le bon groove catchy, le feeling old-school appréciable, le jeu de batterie nerveux, le chant de psychopathe de Shawn Whitaker, autant de bons points qu'on ne reniera pas mais qui ne compensent pas ce côté quelconque/générique et cette impression frustrante que le groupe n'est pourtant jamais très loin.

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