Earthship - Exit Eden
Chronique
Earthship Exit Eden
Alors là, ne me demande pas pourquoi j'ai aimé ce disque, je ne suis pas sûr de le savoir moi-même ! Exit Eden partait pourtant mal : arrivé dans le même lot que le premier album d'Abraham, An Eye On The Universe, la fiche promotionnelle sous-entendait un groupe « à la » de plus, expression sonnant comme du subutex en perspective à mes oreilles. Ajoute à cela la présence de Robin Staps au line-up et tu comprendras que ça me démangeait (je ne vais pas rappeler le suicide de The Ocean et ses Twin Towers Heliocentric et Anthropocentric…) et ce, avant même la première écoute !
Et on peine à croire l'allemand débauché quand il déclare ne pas avoir participé au songwriting de cet essai d'Earthship ! La musique rappelle fortement le The Ocean de Aeolian et du premier disque de Precambrian : un post-hardcore chaotique tirant sur le progressif Mastodonesque et le groove de Zozobra. Un goût pour le décorne-bœuf aimant autant disloquer l'auditeur par des riffs déstructurés que bêtement efficaces donc, le tout servi par des musiciens en ayant assez sous les coudes pour assurer des parties chiadés où s'entrecroisent rythmique post-sludge et leads de la baronne. Tu vois comme ça sent le réchauffé rien qu'à le lire ! Surtout que si les bonshommes montrent un savoir-faire pour pondre le passage gloubi-boulga (le riff principal de « Sea Of Peril » et son feeling déglingué ou le départ en trombe de « Soul Embedded » par exemple), ils sont loin du niveau d'un « Une Saison En Enfer » et préfèrent baser leurs morceaux sur deux ou trois parties pouvant s'étoffer au fil de la chanson (la batterie sur « Fever Pitch »). Bien que relativement variées, les compositions se montrent rapidement limitées dans leurs déviations, décevantes ici où là (« Bleak »). Le chanteur (Jan Oberg, dont on aura déjà croisé le nom en tant que batteur chez… The Ocean) possède un timbre à la Mike Pilat (oui !) et la même capacité à offrir des vocalises cristallines que Loïc Rosetti (aïe ? Pas tant que ça, on y reviendra) rattrapant une tendance au linéaire d'une fin d'album moins prenante que le début (« A Feast For Vultures » qui passe sans soucis mais sans entrain non plus, la faute à une tombée dans certains clichés post-chaotico-sludge).
Malgré ses clins d'œil trop insistants, Exit Eden m'a plu. Il est clair qu'en s'inscrivant dans ce type de metal en vogue (et déjà saturé, quand on voit les Bison BC, Doomriders et autres Howl débarquant de toute part !), Earthship n'est pas prêt de devenir un incontournable mais il tire ses atouts d'un côté pas prise de tête et jouissif faisant qu'il revient souvent dans la platine, histoire de se détendre entre deux disques de funeral doom. La même gentillesse baroudeuse que Baroness parcourt les leads de la galette, le « Dire Straits in the face » béta qui ne veut pas de mal. L'album a pour lui de ne pas s'éterniser (moyenne de quatre minutes pour un album ne dépassant pas la barre des quarante), là où il aurait pu se casser la binette à se prendre pour le nouveau Pink Floyd. Il y a assez de surprises pour donner un second souffle à l'écoute, à l'image de « Grace » et son ambiance western/opera-rock originale. Ce qui rend cet ouvrage catchy au possible est aussi cette camaraderie que l'on ressent en filigrane d'un morceau comme « A Line Divides » : Earthship est la création de Jan Oberg, ami de longue date de Robin (passage dans son combo principal et voisin de palier !) et l'on ressent le plaisir qu'ont les deux à riffer ensemble donnant un aspect fun à l'opus percevable jusque dans les envolées en chant clair, bien moins tape-à-l'œil que chez d'autres (toi aussi joue au crooner-metal avec « Born With A Blister » !). Un gros capital sympathie jouant en sa faveur en somme.
Ultra-référencé sans tomber dans le formaté grâce à assez d'éléments personnels pour donner une impression de voyage, Exit Eden peut être vu comme une réponse au nouveau visage de The Ocean tant il partage de points communs avec le créateur de Anthropocentric. Là où ce dernier a mal opérer son virage, Earthship s'avère rafraichissant de par ses tendances progressives et son chant toujours à propos sans en faire des caisses. Enfin, la paire Jan Oberg/Robin Staps semble tellement s'amuser que l'on ne peut qu'adhérer, le manque global d'originalité passant au second plan. Pas indispensable mais très agréable !
| lkea 4 Février 2011 - 3260 lectures |
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