Walknut - Graveforests And Their Shadows
Chronique
Walknut Graveforests And Their Shadows
La richesse de la scène Black Metal russe est un fait acquis depuis fort longtemps. Bercé dès le début des années 1990 par les FOREST, BRANIKALD et autres RUNDAGOR, le pays a appris à organiser sa scène grâce à des éminences comme l'association BlazeBirth Hall, comportant des groupes d'une authentique et homogène qualité, ou encore le label Stellar Winter Records, qui n'a de cesse de diffuser tout le talent de ses compatriotes et camarades en Europe (merci à eux !). WALKNUT est l'un de ses poulains, avec son unique album Graveforest and Their Shadows sorti en 2007. Le groupe fait en effet partie du gratin de cette fameuse communauté, puisque les deux êtres qui en composent l'essence sont des membres connus des puristes de la scène de l'Est et des services de police, avec des combos comme TEMNOZOR essentiellement, mais aussi le plus récent et ravageur NITBERG qui a par ailleurs tout dégommé sur son passage l'année dernière avec un Nagelreid dévastateur. Ces références, auxquelles s'ajoutent les faits d'arme dans le légendaire FOREST, composent un CV flatteur pour le compositeur et exécuteur de WALKNUT, Stringsskald, dont on aura constaté le talent dans les autres disques sur lesquels il a pu jouer avant et après ce Graveforest and Their Shadows. Ajoutons à cela des paroles aux petits oignons signées Ravnaskrik, qui a outre TEMNOZOR sévi dans le poussiéreux WOODS OF FALLEN, qui n'a, pour le plus grand malheur des amoureux de froideur slave, sorti que des morceaux inachevés et instrumentaux... alors que le potentiel était bel et bien là lorsqu'on prend la peine de s'y confronter.
Malgré une introduction un peu faiblarde (« Hrimfaxi »), qui constitue sans doute un des seuls points faibles du disque, on est happé dès les premières notes de « Motherland Ostenvegr » dans une ambiance mystique et froide qui paralyse sans temps mort les membres du pauvre auditeur durant les 42 minutes salvatrices qui composent ce disque. La force de cette œuvre est plurielle et se perçoit à plusieurs échelles. Les fabuleuses envolées contemplatives et hypnotiques assénées par la guitare de Stringsskald font un effet réellement magique et suintent tellement l'inspiration que la longueur des morceaux (10 minutes de moyenne…) ne dérangera nullement, voire même plus, poussera l'auditeur qui aura su en assimiler le charme et rentrer dans cette ambiance terrible à en redemander encore. De plus, l'homme y pose une excellente voix criarde, mélancolique et très personnelle, planant ainsi sur ses créations en s'arrachant des cordes vocales auxquelles il ajoute habilement un petit effet donnant plus de profondeur et de relief à son organe. La nostalgie, l'amour de sa terre, les larmes du deuil, toutes les émotions les plus fortes sont mises en musique via ce disque brillant : le génie combiné des deux créateurs fonctionne à merveille. De magnifiques paroles, pleines d'une poésie propre aux russes -excellents dans ce domaine en matière de Black Metal (pensons à FOREST notamment)- habitent des compositions très prenantes. Ajoutons à cela un objet magnifique, avec une pochette et une jaquette qui porte les marques de la qualité Stellar Winter, et tous les ingrédients sont rassemblés pour pénétrer cette atmosphère surpuissante.
De plus, ceux qui ne comprennent pas forcément les vertus d'une boîte à rythme feraient bien de poser leurs oreilles sur cet opus. Monolithique, hypnotisante et inhumaine, la machine qui rythme les assauts de WALKNUT sers à merveille la musique qu'elle berce. Les passages où la cymbale ride prend le dessus s'imposent comme des moments forts du disque. La transe tient à un détail : le « ting-ting » émis par un pattern de BAR au service d'un riff émouvant et poignant, le blast beat régulier et martial qui sublime une vision d'éternité (« Grim Woods »), l'intensité et la tristesse viscérale d'un passage instrumental (on pensera à la magnifique outroduction, « Skinfaxi »)… et le voyage intemporel commence pour ne jamais s'achever, dans les limbes glaciales d'une scène russe qui livre ici ce qu'elle a de meilleur, avec une personnalité réelle qui rappellera cependant avec panache les premiers BURZUM (Hvis Lyset Tar Oss et ses riffs asservissants n'est pas bien loin…), d'autant plus que Stringsskald force le respect avec sa voix comparable à celle d'un Vikernes en forme… ainsi qu'HATE FOREST, ressuscité ici par la froideur totalitaire des morceaux de bravoure de cet unique offrande. Malgré d'autres influences visibles, avec bien entendu FOREST qui impose à certains passages la marque de ses riffs célestes (« The Midnightforest of the Runes »), WALKNUT parvient à sonner comme du WALKNUT, grâce à un son et une production tous deux atypiques. Les guitares sonnent glaciales pour le meilleur effet possible, la BAR sert de pivot à un rythme général que Stringsskald sait agencer avec talent puisque ce fabuleux côté hypnotique côtoie quand même une grande variété de plans, alors que l'album aurait largement pu tomber dans la facilité ! Mon seul regret se situe au niveau de la basse, mal mise en valeur ou tout simplement inexistante. Une présence plus oppressante de cet instrument aurait ajouté plus encore à la perfection de Graveforest and Their Shadows. Cette œuvre s'imposait en 2007, sans faire malgré tout un bruit énorme, comme un opus de qualité supérieure… mais avec le recul, on peut légitimement parler de classique de la scène de l'Est que les amateurs de panslavisme musical ne pourront ignorer impunément ! Espérons à présent que WALKNUT soit bien plus qu'un simple side-project...
| Voay 12 Juin 2011 - 3504 lectures |
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