Mhorgl - Heresiarch
Chronique
Mhorgl Heresiarch
Je reçois régulièrement des propositions de chroniques sur ma boîte Thrashocore de la part de sites étrangers dont je n'ai jamais entendu parlé. Je me demande toujours où ils ont pu trouver mon adresse e-mail d'ailleurs. Et la plupart du temps, c'est de la merde qui n'a rien à voir avec le webzine bien entendu. Mais parfois, on peut tomber sur la perle rare. Il y a quelques semaines, je reçois un lien pour télécharger le nouvel album de Mhorgl, Heresiarch. Je ne connais pas du tout le groupe mais plusieurs choses éveillent mon intérêt: la pochette guerrière et païenne classe, la nationalité australienne (une des meilleures scènes metal extrême au monde) et la comparaison avec Deströyer 666. On me prend par les sentiments? Le temps de downloader la bête, je fais péter Metal Archives qui m'apprend que Mhorgl s'est formé en 2004 à Perth, que son batteur Louis Rando est aussi celui de Impiety et de Nervecell (pour le live) et que Heresiarch est déjà son troisième full-length. Téléchargement complété, je lance la lecture. Bim, grosse claque! Du coup, j'accepte avec plaisir de me charger de la chronique, même si l'opus déborde quelque peu du cadre de mes compétences.
Soyons honnêtes déjà, Mhorgl n'a rien d'un énième clone de Deströyer 666 ou du reste de la scène australienne typique du même genre. Certes il y a un peu de ça dans le côté mélodique de la chose et le morceau "Black Wolf Militia" sent bon le black/thrash alcoolisé bien rock 'n roll, tout comme certains passages de "Ravenous Wargod" (les solos à partir de 2'29 notamment ou certaines intonations moins arrachées pas terribles d'ailleurs). Mais il serait bien réducteur de se limiter à cette ressemblance tant Mhorgl se fait bien plus brutal, intense et chaotique. La musique du quatuor prend ses racines dans le black metal, preuve en sont ces riffs véloces sombres, froids et mélodiques ainsi que la voix écorchée (mais pas trop) de Sam Moretta. Un black metal plutôt moderne, porté par une excellente production claire et puissante, qui se démarque en apportant une technicité supérieure à la moyenne et un feeling mélodique omniprésent. D'autres influences viennent ensuite se greffer, au premier rang desquelles le thrash pour les rythmiques entraînantes, le heavy/speed pour les mélodies et un peu de death pour le côté plus technique qui se transforme parfois en véritable déluge de notes assassines. Ce qui nous donne des morceaux assez variés de 3-4 minutes, excepté "Impiety Storm", belle pièce de plus de 7 minutes qui nous montrent les différents visages du combo, parfois entraînant, de rares fois plus posé mais la plupart du temps sans pitié. C'est que Mhorgl aime les blasts et que les deux grattes font souvent chambre à part. L'une balançant majoritairement du tremolo rapide et noir tandis que l'autre s'égosille sur des leads/solos chaotiques en alignant les notes avec une aisance impressionnante. Des compos comme "Inheriting The Mantle Of Power", morceau d'ouverture qui mettra tout le monde d'accord, "Terror Manifesto" et son riff d'intro glacial et tourmenté qui donne des frissons pour ensuite devenir la piste la plus intense et impitoyable de l'album en se rapprochant du brutal black, ou encore "Purity", dernier morceau dévastateur, vous laisseront sur le carreau. Mais c'est sur l'incroyable "Fallen" que Mhorgl atteint son apogée avec des blast-beats du feu de Satan accompagnés d'un tremolo mélodique ultra rapide complètement jubilatoire et alternés avec des séquences thrash efficaces en Diable. Démentiel! Mais le groupe nous réserve aussi quelques surprises. Car dans leur volonté de tout détruire sur leur passage, les Australiens s'accordent tout de même quelques moments de répit. La tornade s'essouffle ainsi régulièrement sur des interludes acoustiques calmes qui contrastent brutalement avec le reste, peu enclin aux concessions. On en compte quatre ("The Seed Of Rebellion", "Hostis Humani Generis", "Soliloquy" et "The Hubris Of The Departed") d'un peu plus d'une minute chacun, en rajoutant l'outro de "Purity" dans le même esprit de cessez-le-feu. Certains pourront trouver ces entractes inutiles voire carrément néfastes puisqu'ils cassent le rythme intense imposé. En ce qui me concerne, j'aime beaucoup ces moments d'apaisement qui sont en plus très agréables à l'oreille, énièmes exemples du talent multi-facettes de la formation.
Une formation qui a le mérite de proposer en plus une mixture un tant soit peu personnelle. Mhorgl tape fort et large tout en restant cohérent, si ce n'est toujours ce "Black Wolf Militia" fameux mais peut-être trop différent des autres morceaux. Heresiarch saura en tout cas rassembler une frange élargie du public metal, pour peu qu'on aime le brutal black, le black/death à la suédoise, le black/thrash kangourou, le death technique ou même le brutal death. Seul l'amateur de true BM devrait faire la gueule. Quoiqu'il en soit, cet album se place avec brio dans mes très bonnes découvertes de cette année bien plus riche qu'elle en prenait le chemin. Impossible de résister à tous ces trémolos excellents, cette intensité hypnotique et ce chaos maîtrisé. Une nouvelle preuve, si besoin en était, du filon inépuisable que représente cette magnifique scène australienne.
| Keyser 30 Décembre 2011 - 1664 lectures |
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