Wallachia - Shunya
Chronique
Wallachia Shunya
Vous avez des labels qui se spécialisent dans un style précis, comme Trollzorn Records et sa horde de « folkeux », d’autres qui se consacrent à une scène en particulier tel le Japonais de Zero Dimensional Records, d’autres qui signent tout ce qui vend comme Nuclear Blast et d’autres encore qui se focalisent sur un détail plus ou moins farfelu comme Femme Metal Records (RIP) et ses groupes qui devaient nécessairement contenir une demoiselle dans ses rangs. Et puis il y a Debemur Morti, qui va bientôt fêter ses 10 ans d’existence et continue de nous abreuver de sorties sans lien évident entre elles. Car même si on est tenté de classer cette écurie française en black, il faut être bien malin pour trouver des ressemblances entre les albums parus cette année, de BLUT AUS NORD à MONOLITHE en passant par BEHEXEN, MANETHEREN, PORTA NIGRA et WAY TO END… On trouve des Français et des étrangers. Du black et du doom. Des vieux de la vieille et des jeunes loups affamés… Finalement n’importe qui pourrait sortir son album chez ce label s’il parvenait juste à taper dans l’oreille de ses décideurs…
Et c’est ce qui s’est passé avec WALLACHIA, ces Norvégiens qui rappellent de bons souvenirs aux amoureux du black à clavier sans prétention des années 90. Ils avaient proposé en 1999 leur premier album, From Behind The Light, chez Velvet Music International, un label français défunt à qui l’on doit aussi les sorties de CHILDREN OF MÄANI et de THE EYE. Ces deux groupes étaient d’ailleurs des projets de Vindsval, un des fondateurs de BLUT AUS NORD que l’on retrouve donc désormais chez Debemur Morti, lui aussi... comme on se retrouve ! Par contre ce nouvel album de WALLACHIA est bien leur troisième. Ils avaient effectué leur come back en 2009 chez Twilight Vertrieb, le label allemand qui a lui aussi mis la clé sous la porte récemment. On espère du coup pour Debemur Morti que la loi des séries n’aura pas lieu et que la « poisse WALLACHIA » n’agira pas… En tous cas, ce retour avait surpris, d’abord parce que 10 ans avaient passé, ensuite parce que leur musique avait beaucoup évolué. Les vocaux étaient devenus plus matures et accompagnés de chants clairs, et l’on découvrait de nombreux ajouts progressifs ainsi que des démonstrations à la guitare. Une bonne grosse louche de (melo) death avait été ajoutée dans des compositions qui sonnaient résolument modernes. C’était pile poil le genre de tournant qui donne de l’urticaire aux vieux fans mais qui ne prenait pas en traître vu que les nouveaux logo et visuel correspondaient aux nouvelles ambiances.
Ce troisième album arrive donc et s’impose comme une suite logique comme une fois encore la pochette le fait comprendre. WALLACHIA est devenu cet arbre dans la forêt morne, celui qui n’a ni la couleur, ni la forme des autres, celui qui apporte un côté féérique et magique, celui qui illumine dans l’obscurité. Alors sur une base black emportée par des vocaux très classiques, on retrouve toujours autant d’enrobages qui rendent la musique sucrée, douce, apaisante aussi. Des cascades de riffs mélodiques s’enchainent et des volutes de claviers à l’inspiration spatiale deviennent les ailes de la colombe qui nous emmène dans les cieux. Mais il y a aussi, et ce pour la première fois, un violoncelle et un violon qui deviennent récurrents et apportent la touche organique qui faisait défaut au deuxième album. Ils colorent les titres et sont très bien intégrés. Ces mélanges, ce goût pour le mélo et les nombreux changements de rythme rappellent beaucoup le Japonais de KADENZZA, à tel point que je me suis senti obligé d’aller vérifier le nom de celui-ci. « Et s’il s’appelait Shunya et que c’était un clin d’œil ? ». Mais non, il s’appelait en fait You Oshima. Quoi qu’il en soit, WALLACHIA partage le même goût pour la variation, et ces 8 titres contiennent aussi bien des parties agressives et rapides (« Enlightened by Deception » qui finit avec des riffs à tapoter le sol de plaisir) que d’autres à la mélancolie palpable (« Emotional Ground Zero », une semi-ballade où le violon est le plus mis en avant) ainsi que quelques atmosphères pagan/folk (« Hypotheist »).
WALLACHIA offre un album agréable et qui passe bien parce que les titres sont relativement courts (5mn en moyenne), mais trop mignon pour tous les gros balafrés qui veulent du metal qui castagne. Ils ne sont absolument pas la cible de cette douceur sympathique destinée à ceux qui réclament de l’évasion, de l’amour, du « rêve bleuuuuuh, je n’y crois pas c’est merveilleuuuuux ». Loin de l’image que l’on se fait de Debemur Morti en fait, mais très réussi si on se prête au jeu !
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