Cytotoxin - Radiophobia
Chronique
Cytotoxin Radiophobia
C'est désormais le nouveau credo de Unique Leader. Signer des groupes de metal extrême à fortes consonances core et techniques. N'étant pas friand de ce genre à quelques exceptions près, j'ai du coup fait l'impasse sur nombre des dernières sorties du label américain. Mais il y avait tout de même un groupe qui avait su capter mon attention, notamment grâce à son premier album indépendant Plutonium Heaven qui, s'il m'énervait sur bien des points (chant ridicule, influences deathcore...), montrait aussi un combo à gros potentiel. Ce combo, c'est Cytotoxin. Formés en 2010 et originaires de Chemnitz (l'ex-Karl-Marx-Stadt), les Allemands reviennent déjà avec leur deuxième full-length, Radiophobia. Le titre de l'opus et la pochette dépeignant Tchernobyl, on sait déjà que la formation n'a pas changé ses thématiques sur les accidents nucléaires. Une bonne chose tant il s'agit d'un sujet passionnant. Mais Cytotoxin a-t-il corrigé les défauts de Plutonium Heaven?
Hé bien pas vraiment non, si ce n'est une production synthétique beaucoup plus puissante et le côté slam death moins présent au profit du core. Sinon, Cytotoxin propose toujours un brutal deathcore technique qui doit beaucoup à Beneath The Massacre et Dying Fetus. Les Teutons partagent ainsi leur temps entre passages brutaux rapides et techniques avec pléthore de sweeps mélodiques agiles comme les aime le combo québécois, séquences plus groovy et grosses mosh-parts et autres saccades. Rien à redire quand Cytotoxin fait du brutal death technique, la maîtrise technique et mélodique de la formation d'outre-Rhin est incontestable, avec du sweeping de grande qualité: début de "Ionosphere", "Radiophobia" à 1'02, "The Red Forest" à 2'55, "Fallout Progeny" à 1'47 et surtout l'introduction phénoménale de "Abysm Nucleus", meilleur morceau du disque. Pendant ces moments, on sent vraiment que Cytotoxin peut rivaliser avec n'importe qui et que le quatuor est promis à un bel avenir. Et puis le groupe nous rappelle vite qu'il aime aussi beaucoup le deathcore. Et là, on est tout de suite moins optimiste. Tout du moins pour les non-adeptes. Au programme: mosh-parts écrasantes comme sur les anciens Beneath The Massacre, riffs plombés, saccades ("Frontier Of Perception" à 4'23, "The Red Forest" à 1'10, "Heirs Of Downfall" en ouverture, à 0'50, 3'16 et 3'45 - oui ça fait beaucoup - etc.). Exemple type de la frustation qu'engendre Radiophobia, "Abysm Nucleus". Après cette ouverture incroyable mêlant parfaitement technique et mélodie, les Allemands nous assènent une mosh-part des plus génériques. Ça devrait passer en live mais sur CD, les fans de brutal death réfractaires au deathcore vont grincer des dents. Le nom du groupe fait référence à des toxines s'attaquant mortellement aux cellules ou en altérant le fonctionnement. Un avertissement pour vos cellules auditives qui vont prendre cher sur ce genre de séquences qui tirent le groupe vers le bas.
Ce n'est pas tout car un autre aspect de la musique de Cytotoxin fait débat. Le chant de Sebastian "Grimo" Grihm. Non seulement son chant growlé classique manque de profondeur et de puissance (on est loin de Beneath The Massacre sur ce point!) mais les "ree-ree" qu'il nous sort régulièrement sont complètement ridicules. C'était déjà le point d'achoppement de la majorité sur Plutonium Heaven. Le fait qu'ils apparaissent un peu moins sur ce nouvel album ne change pas grand chose. On préférera quand le bonhomme se montre plus putride et glaireux sur les quelques slam parts ("Frontier Of Perception" à 0'22 entre autres). La liste des plaintes s'allonge avec une batterie qui ne blaste jamais vraiment très longtemps en penchant plus vers les semi-blasts lourdingues, et l'interlude samplé "Dead Zone Walkthrough" mettant en scène quelques humains survivants dans la zone interdite et qui ne sert à rien. L'outro "Prypjat" (ville fantôme près de Tchernobyl), auréolée d'atours symphoniques, est déjà plus intéressante.
Voyez comme ce Radiophobia est frustrant. D'un côté on a un groupe techniquement impressionnant doté d'un bon feeling mélodique que ce soit dans les sweeps ou les riffs en tremolo et de l'autre, une formation qui choisit la facilité en nous sortant mosh-parts et autre poncifs du deathcore. Si Cytotoxin abandonnait cet aspect de sa musique, comme l'a pratiquement fait Beneath The Massacre, principale influence des Allemands, sur son petit dernier Incongruous, nul doute que le groupe prendrait une tout autre dimension. Mais je doute fortement que la formation décide ne plus faire que du brutal death technique tant le deathcore fait partie intégrante de son concept. Si toutefois cela ne vous dérange pas, mieux, que vous aimez ça, alors foncez choper Radiophobia, vous ne serez pas déçus. Pour les autres, en brutal death technique moderne allemand, je conseille plutôt les excellents Gorezone (à quand une suite à Brutalities of Modern Domination d'ailleurs?!). En clone de Beneath The Massacre, préférez Monumental Torment. Quant à Cytotoxin et Radiophobia, ne soyons pas non plus trop durs et accordons leur du mérite. Car ce groupe a quand même un sacré potentiel. Dommage qu'il le gâche par de mauvaises fréquentations...
| Keyser 21 Avril 2013 - 1619 lectures |
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