Mortes Saltantes - Yomi Kafeli
Chronique
Mortes Saltantes Yomi Kafeli (Compil.)
Vous savez quel est mon groupe japonais préféré ? Non ? Eh bien moi non plus alors ça tombe bien. J’hésite continuellement entre plusieurs formations qui ont chacune sorti un ou plusieurs essais excellents. Difficile de faire l’impasse sur SIGH, dont je suis toujours fan inconditionnel du premier album au trve black exemplaire, sur ARKHA SVA, qui a su réveiller les fans de black légion-noiresque du monde entier, et sur MAGANE, l’un des seuls groupes japonais qui soit parvenu à intégrer sa culture dans le black. Car effectivement si beaucoup de groupes japonais ont pris une imagerie ou des thèmes liés à leur pays, comme c’est le cas de YVONXHE ou INFERNAL NECROMANCY, il n’y a pratiquement que MAGANE et MISOGI qui fassent du Yomi Metal, style incluant des instruments atypiques et des vocaux dans un japonais ancien. Rien de bien étonnant si ces deux groupes ont des points communs puisqu’ils partagent certains membres, mais cela prouve également que les Japonais sont rares à se tourner vers leur passé quand il s’agit de faire du black…
MAGANE a été à a connaissance le premier à jouer ce style, marquant sa scène dès 1999 avec l’ultra culte Mortes Saltantes et poursuivant 4 ans plus tard avec Beginning at the End. Puis plus rien de concret n’est sorti sous ce nom. Les musiciens sont toujours actifs mais dans d’autres projets. Certains ont participé en 2008 à l’unique album du groupe de folk à la japonaise QUEST FOR BLOOD, sur lequel la flûte était excessivement présente, et d’autres sont passés au death / thrash metal en incorporant la formation ZOMBIE RITUAL… Bref, ils se sont éloignés du black au grand dam des fans de Yomi Metal. Mais si MAGANE n’a pas de futur, il a cependant un passé, et le label de l’underground japonais Zero Dimensional Records est heureusement là pour nous proposer des titres recherchés par beaucoup, ceux de la genèse de MAGANE, ceux de l’époque où le groupe s’appelait encore MORTES SALTANTES. C’est ainsi que la compilation Yomi Kafeli contient tous les enregistrements du groupe, un total de 65 minutes avec :
1. La Demo#1 de 1995 avec « Dawn of the Dark » et « A Blue ».
2. La demo Yomivito ga Mafi de 1996 avec « Mourning for Time », « Into the Fire », « A Myth » et « Yomivito ga Mafi ».
3. La demo Call from Yomi de 1998 avec « Izanafi », « Tsavulafi », « Tofulafi » et « Yomivito ga Mafi (re-recorded) ».
4. Le titre « In Her Room » tiré d’une compilation de 1999.
Yomi Kafeli n’a fait l’impasse sur aucune composition mais il ne respecte pas l’ordre chronologique et les morceaux sont ainsi présentés dans l’ordre 3 - 2 - 1 - 4. Dommage, car si on coute dans le bon sens, on comprend aisément l’évolution des compositions. Aux débuts, en 1995, les Japonais n’incluaient pratiquement rien de leur culture et s’efforçaient de balancer un black très caverneux aux relents death évidents. On trouve quelques notes au synthé / clavecin et des vocaux féminins en retrait mais pas dans un esprit symphonique, plutôt classico-dramatique. La ressemblance avec le premier album de SIGH est évidente, mais c’est aussi à OPERA IX que l’on pense rapidement. Et puis un an plus tard, en 96, le groupe s’est posé des questions et a élargi son metal. Il exploite plusieurs pistes, assez maladroitement, voire même avec mauvais goût sur un morceau instrumental où le clavecin immonde est digne de MALICE MIZER. Sur le reste, on découvre des vocaux originaux avec un chant inspiré par la tradition japonaise avec quelques déclamations dans un style théâtral Kabuki. La musique est par contre toujours du black primitif, mais quelques éclaircies apparaissent : des riffs empruntés au heavy mais aussi de rares parties à l'ambiance asiatique. Le mélange n'est cependant pas très bien maîtrisé, mais ce sera corrigé sur la sortie suivante, la démo de 1998. Les 4 titres sonnent enfin "black metal japonais, à la frontière de deux mondes". Ils seront d’ailleurs réutilisés sur le premier album, dans des versions plus finalisées et bien plus percutantes qu'ici.
On le voit bien, l’évolution a été progressive de 1995 à 1999 mais réelle. Les éléments japonisants se sont fait tellement plus présents, dans la musique, les thèmes et les titres des chansons, qu’il était illogique de garder un nom de groupe tiré de la langue française. C'est pour cela qu'il a été abandonné au profit d’un mot japonais : 凶音, MAGANE, qui se prononce « Magané » et reflète mieux la personnalité de la formation. Ensuite, l’intérêt de cette compilation... Oui, eh bien il est finalement assez limité puisqu'on sent bien que le groupe se cherchait encore. Il y a bien une valeur « historique » qui permet de comprendre l’origine et le cheminement des compositions qui deviendront des modèles d'un style encore peu exploré. Alors seuls les fans de MAGANE sont invités à y aller. Les autres, ceux qui auront été titillés par la présentation, sont plutôt invités à s’intéresser en priorité aux deux albums qui ont suivi ces démos, tout en sachant que ce groupe a beaucoup de détracteurs en Occident car les éléments théâtraux japonais mêlés à du bourrinage simpliste de prime abord peuvent vite faire mal aux oreilles...
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