Oldowan Gash - Hubris Unchained
Chronique
Oldowan Gash Hubris Unchained
En-voilà, une galette qui porte son nom à merveille ! Et surtout : quel bonheur de pouvoir goûter à ce genre de disques, qui ramènent un peu de frais sur un genre qui se complait, bien trop souvent, dans ses confortables canons...
À l'image de sa pochette, détail de "L'éducation d'Achille par Chiron" de Donato Creti, "Hubris Unchained" est une sortie toute en dualité : la fougue de la jeunesse, qui transpire de ces riffs bourrés d'intensité, est tempérée par la sagesse, la maturité du vieux centaure, figuré par des compositions diablement bien pensées, et interprétées, par un chef-d'orchestre qui sait ou il veut aller.
Après deux démos ("The Maiden's Tower" et "Until the Bees Fly Again...") écoulées au format cassette en 2018, le one-man band Oldowan Gash signe son véritable acte de naissance avec ce premier longue durée, "Hubris Unchained". Des premiers pas déjà assurés, sous le regard bienveillant d'un Noktu qui a eu mille fois raison d'accorder sa confiance à ce nouveau-venu : il ne dépareille pas au sein de l'écurie Drakkar, bien au contraire. Ces sept titres, oscillant entre hardiesse d'un rookie prêt à bouffer le monde et instants plus mélancoliques, en forme de moments de doute, sont autant de flèches décochées et mettant dans le mille à chaque changement de rythme, chaque riff, chaque saillie de voix.
Les riffs tournoyants, sublimés par ces guitares étonnamment claires et light en effets, enrobent une section rythmique solide, assurée par un batteur de session, Dark Star. Cordes grattées sans pitié, cymbale frappée avec vigueur (cette ride !) voient leurs forces décuplées par les doigts de fée d'Arthur Rizk (Eternal Champion, Sumerlands),qui taille au silex une production faite sur-mesure, à la hauteur de ce qui se joue sur "Hubris Unchained". Au feeling de conquérant affamé (les assauts en règle "Mysteries Of Our Redemption", "Blinding Moon" et "Lasso of Fate") succèdent des titres plus contemplatifs, tout en émotions, sans jamais perdre en intensité. Ce sont d'ailleurs ces titres mid-tempo, hypnotiques dans la répétition de leurs motifs, qui remportent mon adhésion la plus totale. Écouter "Inventing Armageddon", c'est signer pour lever le poing en l'air, la larmiche à l’œil, au rythme de cette batterie pesante et des cris rauques du chef d'orchestre. Se plonger dans "Feral Heart" (dans la série des titres portant bien leur nom...), c'est l'assurance de tortiller du derrière face à ce riff presque dansant, d'une précision quasi-atomique, et ces breaks brise-nuques en puissance.
"Hubris Unchained" n'invente ni l'eau chaude, ni le tremolo picking., soyons clair. Mais Oldowan Gash possède ce petit truc, cette manière de s'approprier le Black Metal pour en faire sortir quelque chose de frais, et surtout, d'infiniment personnel. L'album est énergique sans s'éparpiller, maîtrisé sans donner dans l'austérité, bref, une réussite quasi-complète à laquelle on ne pourra guère reprocher que quelques petites longueurs éparses, qui ne gâchent en rien sa saveur. Une belle découverte, qui a le mérite de dépoussiérer un brin le genre. Fort bienvenu !
| Sagamore 29 Septembre 2020 - 1259 lectures |
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