Art of Burning Water - This Disgrace
Chronique
Art of Burning Water This Disgrace
Ce qu’il y a de bien quand on a des goûts éclectiques (ou aucun goût, selon la vision de chacun), c’est qu’on est rarement déçu par l’année en cours. Pas du genre à chouiner sa blase ou s’appesantir sur telle ou telle perte de vitesse d’un label péruvien, plutôt du style à profiter d’une accalmie dans les sorties habituelles pour aller voir ailleurs, parfois hors de sa zone de confort (bientôt une chronique kamikaze du Women & Children de Author & Punisher sur ce site !), parfois en prenant des décisions a priori stupides. Comme donner une énième chance à Art of Burning Water.
C’est pourtant la quatrième que je laisse à ce groupe de Londres qui, avant This Disgrace, s’assimilait à un troisième couteau – celui que tu utilises quand tu n’as vraiment pas envie de faire la vaisselle, en te demandant si tu n’arriverais pas à mieux couper ta viande avec tes seules mains – de la division noise/hardcore crasseux. Une formation pleine de bonnes mauvaises intentions mais laissant constamment en manque malgré un petit sursaut en qualité sur Love You Dead (album de 2010 moins éloigné que ses ainés des objectifs de violence à atmosphère malsaine que visent les Anglais).
Et pourtant, Art of Burning Water vient de signer l’un des disques les plus terrifiants de cette année ! C’est à n’y rien comprendre, tellement leur quatrième longue-durée latte toute concurrence et fait passer les Anglais dans la case des anomalies perverses et captivantes, là où ne se rencontrait auparavant qu’un groupe très actuel et commun dans son assemblage fait de crust, noise et esthétique « blackened ». This Disgrace est à la fois complètement de son époque, évoquant dans le même temps Today Is The Day, This Gift Is A Curse ou encore Godflesh et Tombs dans une base rythmique cinglante, et unique en son genre, proposant une version hooligan des références citées précédemment. On est Anglais ou on ne l’est pas, et eux le sont jusque dans leurs veines, remplaçant les séances de masochisme au six-cent-soixante-sixième sous-sol des créateurs de I, Guilt Bearer par une accumulation de titres ayant les goûts du fer et du sang mêlés, en résumé, une saveur de meurtre.
Pour la première fois, Art of Burning Water donne la sensation de risque, en particulier dans ses choix de production (signée par un certain Wayne Pennel, inconnu au bataillon) étonnants mais rendant ses compositions encore plus sauvages et prenantes. Je pense à la voix de Geith, sous mixée et hurlée sans lésiner sur le dégueulasse, comme prise dans la guerre des autres instruments, ou encore ce son de guitare à mille lieux de la propreté des albums actuels, lourd sans virer à l’étalage excessif, abrasif mais laissant une place aux sons triturés et autres samples qu’aiment utiliser les Anglais. Ce rendu parvient même à rendre plus convaincants certains passages en-deçà (les interludes électroniques, principalement), donner à lui seul des allures de cauchemar tangible à l’ensemble.
Écouter This Disgrace, c’est imaginer le groupe et son public cracher leur haine dans un concert organisé pour se blesser, comme lors du Dystopia des grandes heures (même sentiment de proximité et de haine totale, répugnante et incontrôlable). Vivement le Yell fest, festival au sein duquel Art of Burning Water est programmé, pour vérifier si la réalité colle au fantasme. Enfin, j’aimerai tout de même rentrer chez moi entier.
| lkea 7 Août 2013 - 2580 lectures |
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