Om - Advaitic Songs
Chronique
Om Advaitic Songs
Non mais voilà, on sait tout. La goa, les hippies, les yeux de Bouddha, les treks, les saddhus, le LSD et les dieux à mille bras. « Oh ça va, c'est à peu près ça l'Inde » me disait l'oncle Robert, quand il avait arpenté les routes de Dehli. A l'époque, le bonhomme était plus du genre petit sac à dos que gros sac à caca. Mais on vieillit, et on finit banquier ou prospecteur en assurance. Il se rappelait ce soir-là, nostalgique, les années où il était encore plein de fougue. Où il n'avait pas encore besoin du viagra et des P.E.L. Où il filait encore le parfait amour, avec Chantal, mon ex-tante. Alors, tonton, dont les souvenirs remontaient aussi vite que descendaient les bouteilles de Pinot, il se perdit encore un peu plus quand ma cousine Bénédicte lui passa « Advaitic Song ». Elle l'écoute souvent, parce qu'elle fait du Yoga. Comme dirait le prof de Yoga, John (celui qui est beau ET américain) : « There's good vibes in it ». Il est souvent con ce John, mais sur ce coup, il est dans le juste...
Les basses du mantra faisait vibrer ses vitres poussiéreuses et Robert agrippa son fauteuil en cuir et ferma les yeux. Il était de nouveau jeune, amoureux et ardent. Enfin, c'est ce qu'il me dit, personnellement, je n'ai pas compris ce qu'il baragouinait. Ses pieds nus caressaient la terre chaude du désert et ses yeux étaient plissés par la force du soleil qui l'aveuglait. C'est pourquoi, confortablement installé dans son fauteuil, il pliait les yeux pendant que le morceau « Gethsemane » passait sur son mange-disque. Les instruments à cordes semblables à des voix, et la lourdeur des percussions l'éblouissent c'est alors que la sueur coule sur son visage défraîchi. Robert a chaud.
Mais bon ça va, Robert est quand même tranquillement assis et même si quelques relents de sitar le font quelque peu flancher (ou alors, c'est le Pinot?), il se ressaisi. Il faut dire qu'en même temps Om est reposant. « D'ailleurs c'est bizarre ce nom, ils sont de Marseille ou quoi ? » se dit Robert. Bourru mais attachant, finalement. Et puis, ce type qui parle du nez, ça lui remémore son copain Aalam, celui avec qui il est monté à Katmandou. Il était crevé le Robert après ça, je vous raconte pas. Lui-même m'a dit qu'il avait sûrement brûlé toutes ses Kronembourg en cette seule après-midi. « Sinai », ça lui procure un peu la même chose. C'est long, et puis il y a des indiens qui chantent. Bourru mais attachant, vous disais-je.
Les indiens qui chantent lui font penser à cette soirée qu'il avait passé jadis avec Chantal. C'était un début de soirée à Kerala, ils marchaient sur la plage, une bouteille de pinot à la main (Oui, on ne se refait pas). Ils n'étaient pas encore ensemble à ce moment là. Et il a fallu que le soleil baisse et laisse découvrir un magnifique ciel rose-orange et le visage de Chantal devint l'unique visage que mon oncle voulu voir toute sa vie. Quand « Haqq al-Yaqin » passait, il me racontait sa rencontre avec Chantal, à Kerala. Mon vieil oncle ne m'en a pas dit plus mais j'ai senti que cette musique le faisait rougir. Enfin revenu à ses esprits, sur sa table de nuit était posé le disque d'Om. Et il pensa encore à l'équipe de football... Cependant, quelque chose l’interpella. Et il me dit d'un ton bougon que le christ était sur la pochette et qu'il ne comprenait pas le rapport avec les indiens et le football. Bourru mais attachant, vous disais-je.
Toujours est-il que malgré ses allures aigries, un brin beauf' (même si c'est l'oncle et pas le beau-frère, soyons clairs en termes généalogiques...) et simple, on pouvait voir dans ses yeux la cruauté du temps qui passe et par la même, la cruauté de faire partie de la race humaine. Comme si ravivé, il ne pouvait lutter contre sa liquéfaction programmée, là, enfoui dans son canapé. Comme si quelques notes avaient réveillé la conscience du brave homme, qui semblait pour la première fois de sa vie regretter ce qu'il était, presque pétrifié par cette décharge de réalité reçue en pleine face avec la véhémence d'un crash aérien. Dire que ce jour-là, Robert a fait le point, je n'en sais rien mais peut-être que finalement le Christ de la pochette aura ravivé un peu, ce jour-là, la foi qu'on pensait éteinte dans le cerveau des banquiers.
Au lieu de quelconques divagations crées par son esprit terni, il considéra qu'« Advatics Songs » est un disque qui avait changé des choses. Sa jeunesse perdue revenait par une simple mélodie, ses souvenirs ternis revenaient par bribes grâce aux lignes de basses vibrantes, et il affichait un sourire béat quand il l'écoutait, il avait l'air si insouciant. Robert n'était plus un vieil homme triste et dévoré par le temps mais un homme âgé qui avait vécu pleinement sa vie. Une euphorie qui sera encrée dans son cœur jusqu'à la fin.
From the rounds of rebirth - he arrives onto the deathless.
Light bores through the adjunct worlds - the soul-galleon prevails.
Liberates in wisdom to complete state of negation.
The five roads subsumed by grace - emancipates from dream.
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