Obscure Sphinx - Void Mother
Chronique
Obscure Sphinx Void Mother
Il est rare qu'un disque pousse son auditeur, même après un nombre d'écoutes conséquent, à autant de doutes. La qualité d'un album est souvent résumée en « bon » ou « pas bon » et on ne se pose pas plus de questions que ça, rangeant psychologiquement la chose dans une petite case. Cependant, si la catégorie « moyen » est synonyme de disque souvent stylistiquement bien identifiable mais juste de qualité alternative, ce dernier disque des Polonais d'Obscure Sphinx ne rentre pourtant pas dans cette catégorie. « Void Mother » n'est pas dans la moyenne des choses parce qu'il tiraille son auditeur entre deux appréciations et ce en permanence. Le disque n'est pas moyennement exécuté, il oscille constamment entre le très bon et le beaucoup moins bien.
Pourtant sur le papier, on peut être vite enthousiaste notamment à cause du côté « female fronted » de la chose couplé à l'aspect Post-Metal. Très vite on pense en premier lieu à SubRosa, et on commence à baver comme un dégénéré. Cependant, Obscure Sphinx surprend et pas forcément en bien. Car si la jeune demoiselle faisant office de chanteuse maîtrise effectivement bien sa voix et sait facilement passer d'un chant hurlé façon Post-core à une voix claire plutôt bien foutue, là où l'on aimerait entendre Lisa Gerrard, on se retrouve hélas bien plus proche des cancres du Metal Gothique/Symphonique... Le tout rend certainess parties qui auraient pu être démentielles (« The Presence of Goddess ») franchement niaises. Dommage... Dommage aussi, ce look qui fait – une fois de plus- passer les chanteuses de Metal pour des putes-à-franges sans cervelles et sexuellement instables. On est bien loin de la sobriété d'un SubRosa, d'un Oathbreaker, d'un Helms Alee ou même d'un Electric Wizard. Quand la femme devient donc, prétexte à décongeler quelques prépuces engourdis par le froid hivernal des chambres à coucher... Habituel, me direz-vous mais toujours aussi déplorable.
Et ce n'est pas tout, c'est aussi cette production qui déboussole. Puissante et claire, on pourrait penser facilement à « Salvation » de Cult Of Luna, si certains riffs rythmiques ne renvoyaient pas le tout à une pâle copie d'Intronaut. Cult Of Luna sans l’efficacité donc et « Valley of Smoke » sans son exceptionnel groove. Vraiment déboussolant, d'autant que le premier titre de l'opus « Lunar Caustic » balance vraiment quelque chose de correct. Cependant cette décharge correcte sera bien plus éparse tout au long des pavés sans fin que nous délivre le groupe visiblement un peu trop emballé par les longueurs qu'il glisse dans ses morceaux. Citons à titre d'exemple un « Waiting for the bodies down the river floating » au titre prédestiné où l'on s'ennuie ferme. Malgré sa production que l'on pourrait qualifier de monstre de puissance, « Void Mother » n'explose jamais et se contente de bourriner en façade.
Alors certes, la formation s'en tire mieux quand elle se contente de faire du pur Post-Metal bien envoyé (« Decimation ») mais tout ceci est bien trop approximatif, surfait et occasionnel pour que nous soyons vraiment emballés par l'ensemble. Ce vaste pâté partagé entre très bons passages (il faut le reconnaître, dans les déjà-cités « Decimation » et « The Presence of Godess ») et niaiseries vocales sirupeuses balancées à tire-larigot, ne laisse donc pas indifférent – ce qui est déjà ça de pris, vous me direz- et l'on en vient à haïr ou adorer l'album, selon le moment. On ne pourra pas reprocher à Obscure Sphinx de ne pas être inventif car on s'y retrouve en termes de trouvailles (bien sûr le chant clair mais aussi des back-voices façon chorales qui sont un très bon point). Par contre, on pourra toujours dire que les « samples » crédités sur le pochette sont plus que des accessoires, étant donné qu'on ne les remarque même pas...
C'est un peu à l'image de sa pochette, avec ce visage presque plastique tâché par ce Bombyx, que la formation se retrouve barbotant entre deux vagues : une puissante déferlante et un ridicule petit clapotis. On ne pourra cependant qu'approuver ce concept au final plutôt intéressant avec cette voix féminine qui ne demande qu'à être mieux exploitée par le biais d'une sincérité exacerbée et de parties vocales moins fadasses et un peu plus fadas. De même cette aspect un peu déstructuré dans les compositions mériterait d'être retravaillé pour donner un sentiment de malaise palpable et non anecdotique comme c'est le cas ici.
Un disque moyen donc, dont le potentiel visible est systématiquement masqué par la technique de composition appliquée, les poncifs du genre, la production bien brillante et un certain attrait pour le mielleux. « Void Mother » sera donc à réserver aux plus ardents fans du genre, ne rechignant pas devant des mélodies un poil faciles. En d'autres termes, je pense qu'Obscure Sphinx s'adresse plus aux amateurs d'ambiances gothiques à la Paradise Lost ou à la Katatonia qu'aux adeptes de Neurosis, malgré cette appellation Post-Metal / Post-Hardcore finalement plutôt trompeuse. Sous peine d'arriver à passer ce cap, il serait pourrait que vous soyez enthousiasmés. Pour les autres, il ne reste plus qu'à espérer un changement de style plus original, plus personnel et moins prévisible. Au prochain album, qui sait ?
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