Helmsplitter - Enraptured By Suffering
Chronique
Helmsplitter Enraptured By Suffering
Lorsque l’on reçoit les fiches promos des groupes il arrive souvent que l’on sourie ou alors que l’on manque de s’étouffer. Que ce soit concernant les influences revendiquées, les comparaisons parfois osées ou encore le style pratiqué. Ici c’est ce dernier qui m’a fait tiquer puisque la fiche en question nous annonçait ni plus ni moins qu’un « cocktail molotov de Black Metal, Sludge, Death Metal, Crust Punk, Thrash, Doom Metal and hateful Blues ». Oui, rien que ça ! Généralement on se doute que la moitié des styles n’auront pas voix au chapitre et sont plus là pour attirer le chaland, m’enfin là ça fait quand même beaucoup ! Mais du coup, même si l’on regarde la chose avec un brin de circonspection, il n’empêche qu’elle attise la curiosité. C’est l’effet escompté, me direz-vous. Précisons tout de même que si Helmsplitter n’est pas un nom excessivement familier (malgré ses six ans d’existence), nos quatre gus de l’Illinois n’en sont pourtant pas à leur premier méfait puisqu’en 2011 sortait l’autoproduit « Storms Of Genocide ». Finalement après une écoute de la bête on se rend compte qu’effectivement Helmsplitter s’amuse à fusionner plusieurs styles et que le résultat semble assez convaincant, après de là à y retrouver tous les styles prétendument pratiqués il y a un pas…
Signalons d’entrée de jeu que ce deuxième opus des Américains, sorti chez Horror Pain Gore Death Productions, bénéficie d’une production assez généreuse, un mix bien équilibré, avec notamment des guitares qui arrachent bien la peau des conduits auditifs ! Ce son puissant permet à Helmsplitter d’asseoir un métal aux influences certes diverses mais qui se tient tout à fait. Car si la recette peut sembler originale, les ingrédients sont, quant à eux bien connus : un peu de death lorgnant allègrement vers un death n’ roll grassouillet, un brin de thrash légèrement punkisant et un soupçon de black pour faire passer tout ça. Pour ce qui est du sludge, du doom ou du « hatefull blues » il faudra sévèrement tendre l’oreille. En fait on se rendra surtout compte dès les premières secondes de « Tyrants For Blood » que le combo de Rock Island se rapproche énormément des poètes d’Impaled Nazarene par les prinicpaux styles ici mélangés. Car si le quatuor ose plus de variété que les finlandais sus cités, la base reste assez similaire, que ce soit concernant cette énergie que nous oserons qualifier de ‘’punk’’ et cette brutalité qui nous met à l’aise d’entrée de jeu sur le lot de blasts que l’album nous promet. Les riffs sont ainsi assénés avec cette même urgence et cette ambiance cradingue qui, malgré la qualité globale du son, transpire tout au long de l’album. Pour le côté black de l’histoire on se rabattra sur les vocalises de Blakk qui, si le growl death prédomine ici, s’accorde de temps à autres quelques éructations plus noires assez proches d’un Shaggrath, ainsi que sur le début de « Forged in Fire » probablement le titre aux influences black les plus marquées. Ceci dit ne choisissez pas « Enraptured By Suffering » pour vos envies de black car vous risqueriez de rester sur votre faim.
Si l’aspect ‘’melting pot extrême’’ du groupe est évidemment l’un de ses atouts, ce qui séduit également et qui me pousse encore aujourd’hui à ressortir cette galette avec plaisir c’est son inclination à balancer aux beau milieu d’un déluge de blasts des riffs thrashy/death n’ roll ultra groovy qui viennent vous électrifier les gambettes, la nuque et toute autre partie du corps que vous remuez quand vous êtes heureux : « Tyrants For Blood » à 2’58, « Panzram » à 24’’, « Aura Of Suicide » à 3’12, « Burden Of Our Existence » à 1’06, « World So Wicked » à 3’20 et d’autres encore… Impossible de résister à ces accélérations dansantes qui parsèment presque tous les titres de l’album et en représentent l’une des principales qualités.
Finalement Helmsplitter s’en tire plutôt bien à mixer tous ces éléments comme ont pu le faire Gaotwhore avant eux par exemple. Même si certains styles revendiqués sont distillés à dose plus qu’homéopathique (le sludge c’est pour ce passage plus lent et lourd sur « The Ground Bleeds Sorrow » à 2’28 ? Le ‘’hatefull blues’’ c’est ce petit break à 4’43 sur ce même titre ? Quant au doom je le cherche toujours…) il faut reconnaitre que la mixture prend plutôt bien et que « Enraptured By Suffering » s’enfile sans trop de problème (plusieurs fois de suite même) malgré son défaut principal qui restera une durée un poil excessive (42’30) avec un ou deux titres qui auraient largement pu passer à la trappe, à commencer par « Summon The Leeches » qui rallonge inutilement la durée d’un album qui a déjà tout dit en huit ou neuf titres. Hormis cela et malgré la diversité des styles dans lesquels Helmsplitter pioche, on pourra également pointer du doigt une certaine redondance tout au long de l’album où les titres, s’ils se différencient aisément, reprennent quand même tous la même ficelle. Rien de rédhibitoire heureusement et « Enraptured By Suffering » constitue même l’une des bonnes surprises de ce début d’année 2014. Pas foncièrement original mais sacrément efficace, Helmsplitter pourrait bien faire parler de lui avec cet album qui a le potentiel pour plaire à une frange assez large de metalheads.
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1 COMMENTAIRE(S)
25/05/2014 14:03