Wormlust - The Feral Wisdom
Chronique
Wormlust The Feral Wisdom
Oui, je sais... Je me réveille seulement... Mais en ces temps de disettes Black Metal fortement prononcées, il est de bon ton de revenir sur cette sortie que j'avais un peu laissée de côté. Un an après son achat, voilà que je repense à Wormlust et à sa pochette pleine de couleurs pétantes et métastasées. La douche froide qu'a été Nefandus me fait dire qu'éventuellement j'aurais peut-être un peu trop surestimé l'écurie Daemon Worship... Du coup, je me re-lance donc « The Feral Wisdom », unique album de cet Islando-londonien. Et là, pan, je ramasse mes dents une deuxième fois un an après.
Du coup, bonne âme que je suis, je me dis que je vais quand même tenter d'écrire un petit quelque chose à son sujet parce que finalement, ce disque tient la dragée haute à beaucoup d'autres dans le genre. En fin de compte, si l'on excepte Svartidaudi et Nightbringer, qui officient aussi dans ce registre où les guitares sentent la terre et les basses grondent depuis l'antichambre des enfers, peu d'autres projets peuvent se vanter d'avoir l'aspect cataclysmique retranscrit par Wormlust. Le problème, avec ce genre d'opus tarabiscotés jusqu'au trognon et pétris d'ambiances sur-pétées, c'est qu'on ne sait pas véritablement quoi en dire, si ce n'est qu'il faut l'écouter. Mais, bon, c'est quand même un peu banal.
À l'image de la musique des deux groupes cités en comparaison plus haut, celle qui est contenue dans ce premier disque à la pochette marquante et ô combien réussie n'est pas accessible. Là où la six cordes peut être l'instrument mélodique par excellence du Black, ici elle n'est que déstructuration et ultra-violence massive et basse qualité. Pour trouver de la beauté dans « The Feral Wisdom », il faut tendre l'oreille, aiguiser son marteau et son enclume pour saisir tout l'aspect aérien distillé par les pédales d'effets et autres claviers. La contemplation est sous-jacente, comme dans le troisième quart de « Sex augu, tólf stjörnur » où elle se fait remarquer, discrète mais frissonnante. Les fameuses notes distordues qui disposent tes poils de bras vers la lumière céleste. Effet garanti à coup sûr.
À côté de ça, le reste de l'instrumentation oscille entre passage à tabac, mid-tempi et nappes ambiantes à base de samples grésillants directement piqués à la N.A.S.A. Et justement, c'est le décollage qui importe dans ce disque rutilant mais posé. Qu'il soit constitué d'explosions de violence, de fumerolles et de flammes ou de vide, d'espace et d'étoiles, le(s) décollage(s) proposé(s) par « The Feral Wisdom » est bel et bien la clef qui permet d'apprécier l'opus. Derrière ce pluriel saugrenu et Celestien de la phrase précédente se cache en vérité le double sens de l'album. On peut discerner le tout comme un immense voyage démarrant à la première piste et se clôturant à la dernière note de l'excellente « Iður úti ». Où alors, on peut voir dans chacune des pistes des enchaînements sans cesses renouvelés entre l'ascension et l’atterrissage. Ce qui est clair, c'est cette impressionnante capacité qu'à Wormlust à nous jeter très haut dans le ciel puis à nous laisser retomber, la tête face au sol dur et granuleux. On verrait presque les mottes de terres se disloquer au ralenti lorsque le groupe se décide à ralentir la cadence pour nous offrir des moments d'hésitations et d'apaisement ( au milieu de « Djöflasýra »). Le calme, avant et après la tempête.
Le vide, l'absence de son, le calme est violence chez notre Islandais, au moins autant – si ce n'est plus – que la violence elle-même. Les bouts de Metal semblent ici parachutés tels les débris de la Station Mir, tant ils heurtent le crâne avec une puissance démesurée à chaque salve lâchée. Comme si le Baron Samedi avait trompé Maman Brigitte avec Ayida Wedo dans une transe vaudou en plein multivers. La sagesse sauvage comme le dit si bien le titre est décidément plus proche de Damballa que de Satan. Un parallèle avec le vaudou donc, si bien illustré par cette pochette et ce logo qu'il paraît – même s'il n'est probablement que le fruit de mon imagination – volontaire...
« The Feral Wisdom » ne ménage pas son auditeur, c'est certain. Il lui fait endurer des changements d'ambiance plus brutaux les uns que les autres. Ce sont eux qui forment malgré leur côté imprévisible la cohésion parfaite du disque. Il est indispensable avec ce genre d’œuvres complexes et aléatoires aux premiers abords de persister et d'insister sur les titres vous laissant hermétiques. Une fois appréhendé, voici un disque qui à coup sûr ravira les amateurs de musiques torturées, bordéliques et planantes. Chanter et déchanter. Pleurer et implorer.
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