"Putrefaction in Progress", c'est un peu ma Madeleine de Proust. Ce n'est pas son goût (fort heureusement, au vu du layout) mais bel et bien ses riffs monocordes, sa production approximative, sa caisse claire en boîte de conserve et sa voix de chasse d'eau qui me rappellent une certaine période de ma vie. Cette galette me rappelle les longs après-midis de mes week-ends ou, lassé de l'habituel Death Metal au son clinique, j'écumais les catalogues de Bizarre Leprous et Bones Brigade à la recherche de la prochaine merveille nauséabonde que j'allais pouvoir digérer. En gardant comme ligne de conduite de trouver toujours plus rapide, toujours plus violent que le disque précédent. Une petite routine à laquelle je m'étais habitué, jusqu'à tomber sur le groupe, et l'album qui allaient changer ma perception du genre, et de la musique également - c'est peut-être bien depuis ce "traumatisme" que j'arrive à apprécier la Noise, comme quoi...
Last Days of Humanity, donc, quatuor batave ayant pour le moins marqué le Grindcore international, par le biais de sorties tantôt complètement brouillonnes ("Human Atrocity"), tantôt délicieusement groovy ("Hymns Of Indigestible Suppuration"), et d'une chiée de compilations et autres split-albums. Toutes ces sorties rivalisant de poésie, tant dans les compositions que dans l'imagerie. Le groupe se sépare en 2005, après avoir enregistré "Putrefaction in Progress", album-épitaphe dont nous parlons ici. Pour finalement se reformer avec d'anciens membres pour refaire quelques concerts - et, aux dires de bons nombres, LDOH n'est définitivement pas un groupe de scène. Dernière réalisation du groupe, "Putrefaction in Progress" est effectivement un point culminant dans leur discographie. Plus rapide, plus inhumain, plus dégueulasse que le reste. La notion de mélodie en est totalement absente.
"Now forget about intros and mid-temps breaks! Non-stop ultra fast Goregrind !" Point de publicité mensongère de la part de Bones Brigade, puisque LDOH ne faiblit à aucun instant. La quarantaine de morceaux durent tous entre trois et cinquante secondes, à l'exception du dernier, proprement insoutenable, qui dure trois minutes. Le son est pour le moins surprenant, puisqu'hormis le tintement métallique de la caisse claire omniprésent, nous n'entendons strictement
rien. Pas la moindre variation de riff, pas le moindre changement de corde. J'en viens même à douter de la présence d'une basse sur cet enregistrement tant les cordes forment un ensemble compact qui bourdonne en fond sonore, la batterie mixée bien en avant. On sent quand même quelques petites pauses aménagées au sein même des titres, probablement pour permettre au batteur de reposer ses petits bras - sur "A Divine Proclamation Of Finishing The Present Existence", on croirait entendre un épileptique en pleine crise. Hans, tout premier vocaliste de la formation, est revenu le temps d'un disque pour nous servir des vocalises masquées sous dix-huit pédales d'effets, à mi-chemin entre porcinet découvrant son corps et le siphon d'évier. Grondements sourds et textures liquides qui nous rappellent les plus belles heures du groupe (l'excellent
"In Advanced Haemorrhaging Conditions" en tête).
L'intérêt musical de "Putrefaction in Progress" frise le néant. Il
est le néant. On ne comprend rien à ce qui se passe, on se contente passivement de manger les quarante torgnoles que le groupe nous administre, et ce sans broncher. On ne peut que rester bouche bée face à ce disque, soit positivement (
'Bordel, des années que je recherchais quelque chose d'aussi gratuit !"), soit négativement (
"C'est donc ça que ça donne quand on enregistre le plombier en train de réparer la machine à laver ?"). "Putrefaction in Progress" est un pur plaisir coupable, apocalypse sonore complètement gratuit, sans aucun fondement, aucune profondeur, enregistré pour le simple plaisir de repousser les limites d'un genre pour se caler au frontière du bruit sourd. Un disque aussi régressif fait parfois beaucoup de bien quand la majorité des groupes rivalisent de technique pour sortir du lot. LDOH, lui, fait du bruit. Et le fait remarquablement bien.
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