C'est marrant, quand même, comme on peut passer du tout au tout. En Mars de l'année dernière, nous étions déjà littéralement ensevelis sous des trombes de sorties toutes plus qualitatives les unes que les autres - un bon moyen de se détourner l'esprit de la crise sanitaire. Malheureusement, pour ce début de décennie, ce sont plutôt les déceptions qui commencent à s'accumuler... Et après la pignole conceptuelle de Furia, sponsorisée par les Beaux-Arts de Cracovie, c'est au tour de Last Days of Humanity de susciter la tiédeur et l'ennui chez votre serviteur.
C'est que ça commence à me ficher le bourdon, l'affaire... Parce qu'entre LDOH et moi, c'est une longue et belle histoire, romance jalonnée de
full-lengths en forme d'étals de boucher, juste balance entre vélocité et groove irrésistible - jusqu'au sommet logique qu'est
"Putrefaction in Progress", encore intouchable aujourd'hui. Forcément, l'annonce d'un nouvel album m'a vite rempli de joie, ne goûtant que peu l'exercice du split album - domaine dans lequel les bataves sont passés ceinture noire il y a belle lurette. C'est donc chez Rotten Roll Rex que débaroule
"Horrific Compositions of Decomposition" en ce début Mars. Et non, pas Bones Brigade, pour une fois ! Les taquins diront que Nicolas aura flairé l'arnaque et décidé de passer son tour... Et ils n'auraient pas tort.
J'aurais pourtant dû me douter que quelque chose ne tournait pas rond, en voyant tour à tour débouler cette pochette de merde, vieux .jpeg sorti des tréfonds d'une
creepypasta médiocre, puis ces visuels de t-shirts, que j'hésiterai presque à m'acheter pour
leur indéniable capital comique. Le groupe m'avait plutôt habitué au dégoût, avec ces gros plans de chair fraîche, de putréfaction avancée, de cadavres plus ou moins frais... Auraient-il cédé à la facilité d'un point de vue visuel, se concentrant d'avantage sur la
"musique", pour proposer un vrai retour en fanfare après leur
magnum opus, souvent imité, rarement égalé ?
"Horrific Compositions of Decomposition" est un album de Grindcore somme toute assez correct. Pas de mention, si ce n'est
"Passable", celle qu'on ne prend même plus la peine d'inscrire sur le bulletin. Même s'il me paraît parfois longuet, il comporte son petit lot de parties brise-nuques et cassages de bouches en règle. Par contre, j'ai bien du mal à y retrouver ce que j'aime tant chez Last Days of Humanity - et c'est là qu'est l'os.
"Horrific Compositions of Decomposition" aurait très bien pu avoir été mis en boîte par n'importe quel autre groupe du style. Des compositions basiques, pas désagréables, sur lesquelles on s'est contentés de plaquer un bruit de chiotte que l'on débouche en guise de chant - et qu'on aura mixé bien, bien trop en avant, histoire de le marteler :
"Ecoutez, c'est bien nous, Last Days of Humanity !" Voilà, c'est ça, la caution Goregrind, j'espère que t'es content ? Ben, pas vraiment... Quand je signe pour de la tripe, et qu'on me sert une barquette
Weight Watchers, c'est un peu la douche froide. Le disque part dans quelque chose qui ne correspond ni au début, ni à la fin de la discographie du groupe.
Exit le groove et le son chaud putride à souhait des monuments
"The Sound of Rancid Juices..." et
"Hymns of indigestible suppuration" : la prod est abrasive, rêche, et le groove quasiment absent. Moi qui espérais secrètement un retour aux confins de l'inaudible, beau rappel à
"In advanced haemorrhaging conditions" et
"Putrefaction in Progress" avec leurs blast-beats supersoniques à la caisse claire sur-tendue, le tout nappé de dégueulis, je n'ai eu droit qu'à du Grindcore relativement planplan. Un tempo soutenu, mais jamais galopant, des riffs certes audibles mais transparents, de la plomberie monotone en guise de parties vocales histoire de faire bonne figure, bref, un bien faible effort pour un groupe qui, depuis 1992, figurait parmi les pionniers en bien des matières.
33 titres qui en paraissent le double tant les signes vitaux de
"Horrific Compositions of Decomposition" sont stables, sans grands sursauts, plus propice aux ronflements qu'à la douche de désinfectant après écoute. Pire, il me paraît presque hors-sujet mis face aux ogives que le groupe a pu produire. De relativement bonne facture, certes, mais quand on n'a fait que pondre des sommets dans l'horreur depuis bientôt trente ans, forcément, un disque
moyen fait tâche d'huile.
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