Bon nombres d'amateurs de Math-rock ont du se ravir de voir revenir un des parrains de la scène en cette année 2014. Depuis l'explosion suscitée sur la scène par l'incroyable
« Not For Want Of Trying », dynamitant à coup de bottes les amateurs aux côtés des autres formations renouvelant le genre comme 65daysofstatic, And So I Watch From Afar et consorts. Après 6 ans et deux albums, voilà que la troupe originaire de Leicester réapparaît avec un « Fair Youth » bien décidé à faire connaître encore plus le quintet. Pourquoi je dis ça ? Parce qu'en plus du clip, qui a pas mal tourné sur les plateformes spécialisées, le label a carrément envoyé la promo à Thrashocore, ce qui prouve ô combien la diffusion de ce dernier opus a été large, « Fair Youth » n'ayant à priori par grand chose à voir avec le Metal. En tout cas, nettement moins que leur premier disque dont la chronique figure en ces pages.
Maybeshewill s'approche ici pas mal de 65daysofstatic pour l'usage des rythmiques et des basses électroniques et devient accessoirement beaucoup plus post-rock, même si quelques restes alambiqués pointent parfois le bout de leur nez (« Permanence »). Les britanniques qui nous avaient habitués à des relents punchy et de gros riffs s'orientent ici dans le carrément planant, à tel point qu'on à très souvent l'impression d'écouter une bande-originale. « You And Me & Everything In Between » est un exemple criant de cet aspect visuel et astral qui sera proposé tout au long des titres composant le disque. Exit les dérapages rapides et les breaks étranges au sein d'un même titre : « Fair Youth » sera cinématographique ou ne sera pas. Exit aussi le chant qui était aussi présent sur quelques titres auparavant, un détail franchement sans grande importance puisque les parties vocales n'ont jamais été indispensables au bon fonctionnement des atmosphères instaurées. En fin de compte, les compositions proposées ici sont plutôt dans la lignée d'un « He Films The Clouds Pt. 2 », alternant les accessoires habituels à ce type de morceaux : nappes de guitares en retrait, grosses montée progressive, violons et chœurs féminins.
Même si la touche girly du groupe a disparue physiquement (Victoria Sztuka, bassiste de son état ayant fait ses valises depuis quelques temps déjà), il est difficile de l'ôter de la musique gravée ici. Maybeshewill reste très sensible, très touchant et par essence très féminin puisque la musique qualifiée de « musique de bonhomme » est rarement située dans les eaux du post-rock. Mais attention, n'allez pas croire que Maybeshewill est sensuel, voire sexuel. Holà non, malheureux, nous sommes ici plutôt dans le registre du sentiment suggéré, chuchoté et même du platonique. Vous allez me dire que je vous casse les pieds avec ça mais on est encore une fois dans un disque estampillé cent pour cent « Kyoto Animation » dans son aspect le plus romancé et surnaturel. On vole, on plane, on regarde les champs de blés au coucher du soleil, on fait du vélo, on court sous la pluie, on observe les feuilles vertes qui virevoltent au vent. « Sanctuary » par exemple, illustre à coup sûr ce côté contemplatif où les éléments sont érigés en cathédrales sur lesquelles s'émouvoir est un luxe.
Il est probable que Maybeshewill déçoive avec ce disque tant il est loin de la fougue et de la jeunesse énergique de sa glorieuse première production. Les titres sont construits d'une manière simple et dans les canons du post-rock même si le groupe asperge le tout d'une once de fantaisie via les quelques passages électroniques, on reste dans un standard très classique presque décevant au premier abord. Pris comme une sortie des anglais, « Fair Youth » paraît un peu facile mais si on l'accepte comme une sortie post-rock il devient alors riche, profond et largement plus travaillé que la moyenne. Il faudra néanmoins accepter d'écouter un album introspectif essentiellement axé sur des montées émotionnelles prévisibles mais réussies (« Asiatic » confirme encore ce côté OST japonaises façon Miyazaki). Finalement, la formation entre ici dans la catégorie presque concurrente à un Mono, pour l'aspect profondément céleste des titres.
Cependant, c'est une bonne production que ce « Fair Youth », notamment grâce au mixage vraiment au poil - surtout à fort volume - permettant de s’immerger pleinement dans les ambiances lumineuses quoiqu'un peu mélancoliques développées (« Waking Life »). Passée la surprise de l'assagissement, ce quatrième album reste un disque de qualité et transporte son auditeur dans un voyage aux tréfonds de l'âme humaine, des sentiments enfouis et des grands espaces ouverts. Si Maybeshewill a perdu son approche frontale, il n'a définitivement pas perdu sa capacité à promener l'auditeur dans des paysages impressionnistes de toute beauté.
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