Totem Skin - Still Waters Runs Deep
Chronique
Totem Skin Still Waters Runs Deep
Fans de Screamo à l'ancienne, ce disque est pour vous. Mais pas que.
Totem Skin, Suédois de son état, compte franchement rendre hommage aux anciens. Seulement, c'est bien beau de faire ça mais si c'est juste pour plagier les gloires du genre, ça ne sert à rien. Et ça, les petits gars derrière Totem Skin, ils l'ont bien compris. Mais plutôt que de se la jouer à l'américaine, de gorger leur son d'Emo ou de Post-Rock, ils sont plutôt aller faire un tour du côté du Hardcore option Khaos, du Blackened-Sludge-Machin-Chose et de la grosse Power-Violence qui déménage méchamment. On met tout ça dans une gros Shaker métallisé et Pouf, on obtient « Still Waters Runs Deep », soit sept morceaux de grosse purée bien abrasive et colérique.
Si le disque est franchement émouvant au bout d'un temps, ce n'est pas ça qui va marquer le chaland lors de la première rencontre. Imagines un peu, tu vas à un rendez-vous avec une fille que t'as rencontré sur Tinder, ou Meetic ou quoi-que-ce-soit-dans-ce-genre-là. Elle a un compte Apple Store et un compte Instagram dont tu t'attends à une petite nana un peu charnue, avec des lunettes et une écharpe sur fond de collants couleur verte. Et là, finalement, elle arrive avec un baggy troué, un mètre quatre-vingt, des cheveux crados et des patchs de Crust-Hardcore sur son sac Eastpack. Ben voilà, « Still Waters Runs Deep », c'est ça. On voit « Screamo », alors on clique et on s’attend à un genre de Pianos Become The Teeth tout clean et tout mignon qu'on va voir pouvoir écouter gentiment quand on aura envie de planer. Et puis, en fait, on s'en mange une dans les dents sans avoir le temps de dire « Ouf », ni « Atchoum ».
Pif, paf, pouf, merde, « At The Forest Edge » exemple typique tout feu tout flamme te fait salement regretter d'avoir pensé une seconde que Totem Skin serait un peu planplan ou cucul sur les bords. Parce que là mon gars, les bords, autant dire qu'ils sont râpeux au possible et que si tu te gamelles dessus en Ducati parce que t'as loupé ton virage, tu vas le sentir passer. Le moins qu'on puisse dire c'est que quand « Still Waters Runs Deep » décide d'envoyer le bois, il sait y faire (« Kargt Landskap » et son accélération qui décorne un renne comme un boucher américain te taille des travers de porcs en plein dans le cochon, c'est à dire à vitesse grand V...) et franchement, un bon groupe qui sait vraiment être violent quand il le veut, c'est vraiment appréciable.
Mais voilà, si ce n'était que de la violence sans projet, ça aurait fini par me lasser – et vous aussi, faites moi confiance -, seulement, derrière cette couche de crasse coulante, poisseuse et dégoulinante, il y a des moments de gloire que peu d'autres groupes sont capables de produire. « Atrophy Of The Heart » qui s’exécute avec fourberie débarque en sifflotant comme un hommage au Envy des années bénies. Oui, c'est beau et c'est ça qui fait de cet opus quelque chose d'infiniment plus grand que le bourre-mou-hardcore-moyen-du-moment. Après quelques écoutes, on discerna avec un plaisir immense les riffs touchants, tendus et sincèrement beaux à en chialer que proposent les Suédois. Chaque titre porte en lui derrière sa couche d'énervement un moment magnifique. Exemple flagrant dans « The Romans Make A Desert A Place And Call It Peace », où le court final atmosphérique d'une beauté cristalline fait suite à une décharge de Blasts et de Guitares acérées comme les canines d'un crocodile.
Et puis tant qu'on y est, on va également préciser que sur les titres aux formats plus longs, Totem Skin manie avec l'art et la manière la distillation de riffs en tremolo tristounets et les montées en puissance lourdes, Sludgy et pourtant si poignantes. Allez faire un tour sur « Seasons Don't Fear The Reaper, We Can Be Like They Are », son sample, ses lignes de basses, ses instants au trente-sixième-dessous et ses moments de légèreté divine et vous verrez que je ne vous vends pas du vent. « Still Waters Runs Deep » sait être efficace à chaque instant, touchant à chaque seconde et subtil dans sa décharge de colère : c'est à mon humble avis ce qui en fait une des sorties récentes estampillées Screamo parmi les plus remarquables.
Voilà incontestablement un must-have que n'importe quel amateur de Screamo sauce über-Hardcore se doit d'apprécier et qui figurera bien sûr calé entre votre exemplaire du dernier d'United Nations et celui d' « All The Footprints... » d'Envy. Guerrier, désespéré et la ganache en plein dans la boue mélangée de neige fondue et de terre, « Still Waters Runs Deep » ne décevra pas les âmes en perdition, cherchant un refuge torturé pour y passer la nuit.
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