Et encore un à ajouter à la liste de fin d'année qui commence à compter plus de vingt albums dans son palmarès. Cependant le cas Totem Skin est un peu particulier tant j'attendais ce successeur au très bon
« Still Waters Runs Deep » avec impatience, surtout depuis leur excellente prestation au New Noise Festival de Karlsruhe. « Weltschmerz » déboule donc en cet automne, ornée encore une fois d'une superbe pochette qu'on croirait tirée de l’œuvre du type de Baroness. Sauf que visiblement ce n'est pas lui mais un français. On a donc une fille chevauchant un cerf, ce qui est très Screamo ou très Post-Metal, ou très Deathcore (à vous de voir) mais en tout cas du plus bel effet, surtout que le design de l'objet à le mérite de sortir des sentiers battus et de capter l'attention.
Fidèle à ses origines suédoises, le sympathique combo au tour-bus customisé faisant sa fierté et qui, je l'espère, a enfin pu trouver un logement pour ses tournées reste dans son style abrasif que l'on peut voir comme un mélange d'influences Screamo from Sweden, Hardcore chaotique noirci et vibes mignonne quasiment Emo. On converse donc la production toute en trebles distordus qui a fait le succès de
« Still Waters Runs Deep » et je dois dire que cela passe plutôt bien, cette version 2015 du son Totem Skin semblant un peu plus lisible sans toutefois perdre son croustillant. Doux Jésus, cette basse est franchement d'une puissance à décorner une licorne. On ne pourra d'ailleurs que constater, impuissant, la violence du combo lorsque celui-ci se plaît à balancer des Mosh-Parts estampillées Classic Hardcore comme sur ce « Longing Leans And Beckon », ce qui n'a probablement rien à voir avec les « Beans And Bacon » mais il faut croire que j'y pense à chaque fois, allez-savoir.
Et de l'influence Hardcore bien rentre-dans-le-lard (et oui, comme quoi, le cochon a bel et bien sa place dans ce disque, n'en déplaise au Veganisme du Screamo...), en veux-tu en voilà puisque la quasi-totalité des morceaux recèle de son petit passage pif-paf-boum-ramasse-tes-dents. On citera le très Punky « The Mouth Of Man » qui fait la part belle au Poum-Tchak-Poum-Tchak en quatre temps bien définis. Totem Skin semble nous montrer qui sont ses amours de jeunesse aux travers de ces morceaux vraisemblablement orientés vers un feeling Old-School. On n'est d'ailleurs pas très loin du dernier album de Loma Prieta dans le concept de mixer émotions et passages cent pour cent bourrins. On notera d'ailleurs une très bonne diversité en ce qui conserve l'agencement des parties frontales. Un petit blast, un petit feeling Hardcore, quelques ralentissements à base de gros accords histoire de marquer le coup, bref, il y tout ce qu'il faut où il faut pour que nous ne soyons pas lassés par les compositions.
Parce que si Totem Skin tape parfois dur et avec une intensité que je ne peux que saluer, il n'en oublie jamais l'émotion propre au style qu'il pratique avec talent. Des morceaux comme « Always Ire », splendide ouverture à l'album qui me tirerait presque les larmes ou encore « Reckless Recluse » - très bonne illustration de l'utilisation du Delay - font la part-belle aux sentiments enfouis et autres divagations touchantes. L'impression se confirme quant au côté à fleur de peau de la formation suédoise qui semble toujours perdue entre rage et profonde tristesse. On citera en exemple cet énorme pièce qu'est « Pretend » et ces six minutes oscillantes, entre blasts ravageurs quasiment Black Metal et voix éraillées démontrant une profonde angoisse. Le côté tendu de ce « Weltschmerz » est palpable à chaque instant et c'est aussi cette particularité qui en fait une réussite puisque le groupe met du cœur à l'ouvrage et affiche comme but de nous prouver immédiatement sa spontanéité et sa sincérité.
Totem Skin a le mérite de livrer une sortie qui saura remuer les foules tout en leur faisant ressentir des émotions non feintes, riches et remplies d'une certaine classe. On peut sans conteste dire qu'un pallier a été franchi entre ce « Weltschmerz » et un
« Still Waters Runs Deep », pas forcément sur l'efficacité mais sur le propos de fond, bien mieux agencé et bien plus développé aujourd'hui. On ressort de l'écoute avec le sentiment que le groupe est désormais libre de faire ce qu'il veut comme en témoigne d'ailleurs ce dernier morceau « De Blindas Rike Är Den Enögde Kung » à la démarche tantôt médiévale (le début), tantôt défoncée (la suite), tantôt planante... Un titre avec du style et qui montre une dernière fois la facilité du groupe a mixer des ambiances pourtant antinomiques. Avec « Weltschmerz », Totem Skin nous prouve qu'il peut aller toujours plus loin dans ses envies sans pour autant perdre en violence et en personnalité. Que dire de plus si ce n'est « Vivement la suite » ?
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