Comme vous le savez déjà si vous êtes des fidèles de Thrashocore, La Dispute m'a mis une bonne claque avec son petit dernier
« Rooms Of The House » à peine accouché il y a quelques semaines. Cependant, La Dispute ce n'est pas que ce côté sage, délicat et contemplatif amorcé en réalité sur
« Wildlife ». Non monsieur, il suffit pour apercevoir une Dispute bien plus violente de se pencher sur « Somewhere At The Bottom Of The River Between Vega And Altair », premier disque de la troupe de Grand Rapids. Si la bagarre moderne est verbale, celle de ce premier effort reconnu est plus du genre de celles où l'on se jette des assiettes tout juste esquivées qui finissent inévitablement par se briser sur les murs, dans les pièces de la maison (oh oh !). Si l'on se veut objectif et serein dans notre vision de chroniqueur, il ne fait aucun doute que ce disque est le plus marquant du groupe, puisqu'il est simplement parfait en toute humilité. D'ailleurs, cette excellence notoire lui aura valu d'être cité comme un des « 100 classiques modernes » du magazine Rock Sound, en position numéro 53 et torchant au passage des œuvres cultes comme « The Fat Of The Land », « Songs for the Deaf » ou encore « The Fragile ». Tranquille, La Dispute se tape la part du lion en s'incrustant dès sa jeunesse parmi les grands.
Il faut dire que « Somewhere... » est un disque qui tape directement dans la tête de son auditeur à grands coups de batte. L'intense introduction (« Such Small Hands ») qui monte en puissance et en émotion en moins d'une minute trente fait déjà presque s'humidifier les glandes lacrymales du chaland, avant que celui-ci ne se fasse désarçonner par les premiers titres du disque qui enchaînent de main de maître passages émouvants au possibles et réminiscences de Hardcore bien énervé (enfin, bien énervé pour du La Dispute). La formation a déjà de l'aisance musicale à revendre et largement assez pour se permettre de toucher et de remuer la foule au sein d'un même titre, parfois de moins de trois minutes. La jeunesse du combo évite les redites déjà entendues chez d'autres groupes et permet à la livraison ici présente d'osciller pépère entre tout sans vraiment se cadrer dans un style précis, si ce n'est celui qu'elle crée. La musique délivrée ici est fondamentalement riche, car en plus du Post-Hardcore et du Screamo, le groupe touche également au jazz, au groove et au blues (« Fall Down, Never Get Back Up Again » en forme de Blues Ballad que n'aurait pas renié les Black Keys). Du coup et on aurait presque envie de dire « fatalement », l'album n'est pas forcément des plus accessibles, cependant on sera ébahi par la capacité des compositions à mettre assez de claques à la première écoute pour que l'on y retourne très très vite.
Au bout de quelques temps, on commence sérieusement à se dire que cet opus est une véritable bombe de beauté, de puissance et de contemplation. On ne peut que se laisser porter et attendre que la tempête passe. Là où l'on palpe l'énervement, on sera d'autant plus surpris lorsqu'un instant musical beau à en pleurer viendra effleurer nos tympans meurtris. Il serait vain de citer un seul titre, tellement chacun d'entre eux touche l'excellence d'une manière différente. Impressionnant de maturité, de précision et de technique, La Dispute est si juste dans son propos que je me retrouvai déboussolé au milieu de telles décharges de sensibilité. Comme si l'on m'enchaînait des combos de high-kick en pleine face à un rythme plus que soutenu je me transbahutai dans une kyrielle de sentiments forts, ballotté entre rage et tristesse, entre hargne et mélancolie. Comment résister à ce pavé magistral qu'est « The Last Lost Continent » par exemple et ses douze minutes de passages alambiqués et puissants ? Impossible de résister à ce final qui libère les notes au compte-goutte, d'autant plus qu'il synthétise parfaitement le style La Dispute en y apportant toute la richesse du format « titre à tiroirs ». Une fois encore, Jordan Dreyer est monstrueux tant dans son interprétation, variée en puissance et en intensité selon les moments, que dans ses paroles toute bonnement excellentes dans leur style réaliste, complexe, rythmé et froid. Les amateurs de technique seront sûrement séduits par le côté tout-sauf-facile de la musique servie par les compères du Michigan.
Je n'ai déjà que trop parlé et je n'ai franchement pas envie de vous gâcher la surprise. J'ajouterais juste que « Somewhere At The Bottom Of The River Between Vega And Altair » est, pour ma part, ce que le screamo peut offrir de mieux et assurément un disque culte qui résiste à un nombre d'écoutes monolithique en livrant de nouvelles surprises à chacune d'entre elles. Addictif, touchant, mûr et inoxydable, voilà à coup sûr un disque absolument parfait, culte et à mettre entre toutes les mains. Si vous avez apprécié la dernière et excellente production du groupe, je ne saurais que trop vous conseiller de vous ruez sur cet incroyable opus. La perfection, tout simplement.
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