Mesarthim - Isolate
Chronique
Mesarthim Isolate
Qui a entendu parler de Mesarthim cette année ? Probablement pas beaucoup d'entre nous. Et pourtant on ne peut que déplorer ce fait tant « Isolate » s'affirme comme un des meilleurs disques de Black Atmosphérique de l'année. Dieu sait cependant que l'année fut riche en terme de Black Metal, voire de Metal tout court, cependant celui là risque fort de se rajouter à une liste déjà considérable. Pour vous raconter un peu ma manière de procéder, je suis très vite lassé par le Black Atmo option mid-tempo permanent et compositions qui dépassent les sept minutes. Par conséquent, le disque qui réussi à m'intéresser dans ce genre est en premier lieu celui que j'arrive à écouter jusqu'au bout sans sourciller. Un fait rare, tant les recettes de ce style, tantôt forestier, spatial ou simplement rêveur sont éculées.
Malgré ce handicap conséquent lié au genre pratiqué, Mesarthim, combo formé en cette année 2015 et originaire d'Australie, livre avec ce premier album un travail audacieux et pourtant complètement ancré dans son atmosphère. « Isolate » ou comment être novateur sans pour autant partir dans un n'importe quoi général. Lors de l'écoute, on pense parfois à Darkspace, souvent à Summoning, régulièrement à Lifelover ou Kanashimi et même un peu à Aphex Twin et Indochine. C'est un jeu d'équilibriste que nous proposent les deux membres de la formation qui se plaisent à osciller entre des recettes spéciales et ce dans un seul but : nous proposer leur vision de la conquête spatiale. Les plus érudits auront remarqué que leur patronyme provient d'un système stellaire faisant partie de la constellation du Bélier. Et à l'écoute d' « Isolate », cette dénomination prend son sens. Dès l’entame du – très long – premier titre (« Osteopenia » et ses onze minutes et des brouettes) on prend conscience du propos interplanétaire voulu : des claviers électroniques – en nappes ou en mélodies -, des riffs spatiaux tournants en boucle et un passage gentiment Breakcore au beau milieu de la piste.
Vous êtes prévenus, Mesarthim ne se refuse rien. Et pour servir ses ambitions de pureté spatiale, il emprunte des éléments à plusieurs formations. La rythmique en premier lieu : elle est clairement inspirée de nos compères Silenius et Protector puisque « . » et « . » - c'est le pseudo des deux mecs, je n'y peux rien – ont décidés de se mettre sur les « i » et plus précisément, celui de « SummonIng ». Des boîtes à rythmes martiales aux sonorités sèches qui empilent parfois les différentes couches pour mieux varier les tempos et apporter une richesse musicale bienvenue. De même, on citera quelques passages en « Ohohohoho » version synthétiseurs option Jean-Michel Jarrisme, notamment sur un « Declaration » aux allures d'Indochine version Black Metal avec ce thème musical tout à fait niais mais qui me fait kiffer au plus haut point. Des mélodies la plupart du temps servies par un piano classique qui fait farouchement penser à Lifelover ou à Kanashimi, surtout quand il se remplit d'émotions tristounettes flirtant allègrement avec la dépression chronique de l'astronaute perché à je-ne-sais-pas-combien-de-kilomètres-au-dessus-de-nous. On citera « Interstellar » en guise d'exemple qui – je l'espère – ne tire pas son nom du navet de Mr Nolan. En tout cas, ce titre est à coup sûr le plus touchant de l'album puisqu'on y ressent le vide spatial et la mélancolie qui doit régner la-haut lorsque tout vous semble ridiculement petit, y compris votre propre personne.
Alors évidemment avec une telle idée, on ne peut s'empêcher de penser à Darkspace (même si en l’occurrence Mesarthim est beaucoup plus lumineux), Amestigon (pour le parallèle entre Summoning et l'espace) ou à Progenie Terrestre Pura (sans les plages Post-Rock dans le cas qui nous préoccupe aujourd'hui) mais « Isolate » s'en tire très bien et évite le clonage de ces références en conservant une identité forte et originale. On notera quand même un tout petit défaut sur cette première sortie: il semble que nos deux gais lurons ont lâché la sauce sur les trois premiers morceaux pour délaisser un peu les deux derniers qui – s'ils restent des réussites musicales incontestables – sont assurément les moins marquants. Question de goût personnel peut-être, me direz vous... Toujours est-il qu'en omettant cette toute petite erreur de parcours vraisemblablement due à la jeunesse du groupe, on ne peut que s'incliner devant une personnalité si récente et pourtant déjà si perfectionnée. Mesarthim prouve avec ce premier jet qu'il est un groupe solide, avec un propos conceptuel et musical fouillé qui ne plaira pas à tout le monde certes, mais qui saura fédérer un nombre certains d'amateurs.
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