Petit instant nostalgie pour vous situer le contexte et l’ampleur de ma déception...
Memento Mori était l’un des tout premiers promos de label reçus dans ma boîte au lettre (encore au format physique à l’époque), une joie non dissimulée (avant les impôts et les factures) que d’ouvrir ces enveloppes à bulles garnies. Le coup de foudre avec Withered fut immédiat cet été 2005, son prodigieux successeur
Folie Circulaire (et sa reprise improbable de Necrophobic) enfoncera définitivement le clou. Délaissé par sa moitié Chris Freeman, le troisième album
Dualitas moins marquant (mais de qualité) aura malheureusement pris la poussière depuis six ans... Mais enfin la bande d’Atlanta toujours emmenée par son frontman Mike Thompson (appuyé d’un nouveau six cordes) fait son grand retour. « Grand » sur le papier oui. Un nouvel artwork chatoyant du désormais très discret Paul Romano (Mastodon, Hate Eternal, Baroness), la recrue Colin Marson (Gorguts, Krallice) au poste de bassiste et une signature chez nos « frenchies » Season Of Mist. Tout semblait prometteur.
Pourtant les premières minutes de
Grief Relic ne seront pas réellement repoussantes. Withered continue sur la voie de
Dualitas, un metal extrême brut prônant un death/grind à la fois primitif et alambiqué aux teintes sludge. Terminés donc les savoureux aspects doom et black qui accompagnaient le bande depuis le début, vous savez ce break crucificateur ou ce tremolo qui vous tenait aux tripes. Soit… Depuis 2005 leur facette ultra violente reste aussi appréciée et redoutable dans leur style bigarré (le tsunami « It’s All Said » me hante toujours). Sous une production écrasante des plus jouissives (l’introduction de « Distort, Engulf ») aux basses toujours au premier plan, place à des grognements d’ogre et des riffs bétonnés alternant entre le primaire punk et le complexe tentaculeux sous infusion Ulcerate et Gorguts (moins dans mes cordes je vous l’avoue). « Exit » donc les influences de Stockholm. La découverte sera plutôt éprouvante car le groupe ne lève ainsi quasiment jamais le pied (mélodies et passages atmosphériques au placard pour rappel) et délivre une sorte de bloc monolithique en fonte pendant 38 minutes. Après moult écoutes pour dompter le bestiaux testostéroné, un constat se fera rapidement : l’impact et l’efficacité antérieures n’y sont plus. Mis de côté, retenté puis rangé à nouveau, j’aurais tout essayé. J’ai même hésité à le chroniquer… Ce Withered là ne me parle absolument pas.
Evidemment Mike possède toujours sa patte, on retrouvera typiquement l’ancien Withered (période
Dualitas) sur « Husk » mais aussi de timides percées ambiancées qui permettront de ne pas complètement suffoquer. Je pense à « A Realm Of Suffering » (1:55), « Withdraw », « Downward » ou l’introduction inquiétante de « To Glimpse Godliness ». Si maigre…
Dualitas était annonciateur, la force émotionnelle de Withered complètement effacée, un des principaux attrait de leur musique disparaît (« Within Your Grief » et « Reveal The Essence Of Suffering » résonnent encore chez certains). Le départ du guitariste fondateur Chris Freeman après
Folie Circulaire n’aura pas été pansé, les Américains délivrent un metal ravageur mais sans âme qu’il sera bien difficile de s’enfiler sans piquer du nez. Non c’est sûr, je n’y arriverai pas.
Ecouté, rangé et tourné dans tous les sens possibles afin de tenter de grappiller une once de l’aura d’autrefois, rien n’y fait…
Grief Relic ne me touche pas et aura du mal à captiver les autres adeptes de
Memento Mori et
Folie Circulaire... Son style indescriptible « pot pourri » est désormais rogné, seul la moelle extrême subsiste. Une moelle sans réelle saveur. Certes la baffe sonore est bien présente et les compositions sont travaillées mais ce n’est pas nouveau pour Withered. L’écoute entière sera pénible face à une musique terne et anesthésique. Le « chagrin », oui.
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