Blood Stain Child - Epsilon
Chronique
Blood Stain Child Epsilon
Cette chronique est avant tout un gros mea culpa, à l’intention tout d'abord de notre regretté dénicheur de bizarreries cglaume qui m'avait conseillé d'écouter ce groupe lors de la sortie de
"Mozaiq" en 2007, mais aussi à l'intention de nos lecteurs qui visiblement connaissent mieux mes goûts que moi. Je vous aime, j'aurais dû vous écouter plus tôt. Cette formation japonaise un peu particulière que le lapin jaune n'a jamais assumée, c'est presque 10 ans plus tard que je pose enfin une oreille dessus, en commençant évidemment par l'autre bout, leur cinquième album "Epsilon" sorti il y a déjà 5 ans. Suis-je un "putain de refoulé" comme le craignait l'ami NightSoul ? Il semblerait que non. Ouf.
La première réflexion qui m'est venu en découvrant la musique de Blood Stain Child est que ces Japonais ne sont visiblement pas du genre à faire les choses à moitié. Je ne serais pas étonné que leur style ne suscite alors que deux sentiments : l'adoration ou le dégoût. Combinaison improbable de différents univers, ces 12 compositions mélangent la brutalité et la virtuosité du death mélodique, le synthétisme de la trance et les atmosphères fantasy des musiques de JRPG ; ainsi, guitares leads et rythmiques survitaminées sont plongées dans un océan d'électronique avec en premier plan un duel de chants growls masculins / voix féminines. Bien que les deux groupes n'évoluent pas dans le même registre, je trouve l'ensemble finalement assez proche des travaux de Machinae Supremacy dans l'esprit et l'ambiance dont l'association entre metal et musique de jeux video aboutit à un résultat ultra efficace, groovy et onirique. Néanmoins, Blood Stain Child va encore plus loin que leur collègues Suédois et j'avoue avoir été séduit par ce jusqu’au-boutisme où le contraste est particulièrement élevé entre d'un côté saturation et hurlements, et de l'autre claviers, électronique et chant féminin. A noter au passage la participation au chant des Italiens de Disarmonia Mundi, Ettore Rigotti et Claudio Ravinale, ce qui ne gache rien.
Bien que ce croisement des genres soit déjà osé, pour moi le pari le plus fou des Japonais est de miser autant sur le chant féminin, un chant qu'ils ont voulu quasi-omniprésent et surtout très catchy. Si ce positionnement totalement assumé a tendance à être assimilé à du racolage, je le trouve au contraire parfaitement intégré et indispensable au développement de l'atmosphère futuriste et synthétique dégagée par les morceaux. Et si cela fonctionne aussi bien, c'est principalement grâce à l'incroyable talent de composition du groupe qui enchaîne tube sur tube, des titres faits de superbes mélodies, de refrains accrocheurs et de leads dignes des plus belles heures du death mélodique. Ajoutez à cela une maîtrise sans faille de l'électronique et un don surnaturel pour faire tenir droit tout ce joyeux bordel et vous obtenez un album bourré d'énergie, non dénué d'un petit côté japonais très plaisant et d'une certaine candeur. Seule ombre au tableau pour moi : le poussif "Dedicated to Violator" sur lequel la magie ne prend pas (à l'exception du solo).
Blood Stain Child est de ces alchimistes qui pourraient obtenir un plat décent à partir de polenta, de biscuits fourrés au chocolat et de jus de raisin. "Epsilon" c'est tout ce que j'aime condensé en 45 minutes, ça me donne envie de bouger la tête, de jouer de la gratte, d'écouter les premiers Children of Bodom, de refaire Final Fantasy VIII et de visiter l'espace. Un album hybride, délicieusement facile d'accès, étonnement complexe et foutrement personnel. Cela faisait longtemps que je n'avais pas pris une bonne claque et ça m'avait manqué.
| Dead 30 Juillet 2016 - 1304 lectures |
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