Le duo viennois n’est décidemment jamais là où on l’attend car il possède un des plus gros potentiels de ces dernières années, en effet dès 2012 avec leur premier album il avait fait parler de lui (malgré un manque de maturité artistique). Car même si cette première livraison était loin d’être parfaite on pouvait déjà ressentir que les mecs avaient une créativité et une inspiration à toute épreuve, et avaient juste besoin de temps pour mieux laisser mûrir leurs émotions et leur écriture. Le résultat fût ensuite confirmé en 2014 avec le magnifique
« Aokigahara » qui marquait un énorme bond en avant que personne n’avait vu venir si rapidement, tant il montrait leur musique sous un jour nouveau et surtout avec une précision et une ambiance incroyable. Autant dire que ce troisième volet de leurs aventures était très attendu et le moins que l’on puisse dire c’est qu’encore une fois les autrichiens ont repoussé leurs propres limites, afin de nous offrir un disque tout bonnement admirable et qui surpasse en tous points son prédécesseur.
Pourtant ça n’était pas gagné car les gars ont pris des risques en étirant au maximum leurs nouvelles compositions (qui ne descendent jamais sous les huit minutes), pour un résultat final de presque une heure et quart, ce qui est forcément casse-gueule. Cependant malgré un certain côté minimaliste leur musique est beaucoup plus subtile et classieuse qu’il n’y paraît, et il va falloir un paquet de temps et d’écoutes pour bien saisir la multitude de détails et d’éléments qui parsèment chacun des nouveaux titres. Le ton est d’ailleurs donné d’entrée avec « Calling The Rain » qui est carrément la plus longue de ces huit pistes, car pendant près de douze minutes on se retrouve littéralement emporté vers de nouveaux horizons.
L’ensemble commence avec juste la guitare qui est fort mélodieuse, avant que le reste des instruments ne se fasse entendre sur un rythme bien lourd, froid et dépressif où tout est mis en exergue par un chant désespéré et convaincant. En ne changeant pratiquement pas de tempo (qui reste assez lent) le duo a la bonne idée d’y joindre quelques petits solis glaciaux, et une légère variation de la batterie pour gagner en densité, avant de terminer par les mêmes accords tristes du début afin de boucler la boucle et d’obtenir un petit bijou de mélancolie qui malgré sa durée passe tout seul et surtout très vite. Même constat avec « Funeral Dreams » au titre bien trouvé car on trouve beaucoup de mélancolie au niveau de l’orchestration et des petits arpèges et solis qui l’accompagnent, tout en y ajoutant de la brutalité via une batterie qui s’excite en sortant des parties de doubles écrasantes et quelques blasts bien sentis, afin de trouver le parfait équilibre entre mélodie et violence et obtenir là-encore quelquechose de magnifique dont on ne se lasse absolument pas.
Si Thanatos est la représentation de la mort dans la mythologie Grecque, ce nom correspond à merveille à la plage suivante tant la noirceur et l’obscurité nous submerge où l’on oscille entre départ vers l’au-delà, ambiance Black pure et dure (via des blasts et cris typiques du genre) et un peu de Post-Rock planant à la fin. Entre tout cela se glisse encore et toujours des arpèges apaisants, des parties plus posées et lentes, un peu de chant clair où se joint de la mélodie et un petit côté épique fort sympathique, pour une réussite finale absolument éclatante. S’ensuit « This Life as a Dagger » où l’on est amené vers du Black dépressif car le riffing de départ et sa batterie lente et répétitive ne sont pas sans rappeler les premiers FORGOTTEN TOMB et SHINING suédois, avant que l’ensemble ne monte doucement en puissance sans perdre de sa sensation d’écrasement, tout en sachant se poser en y mettant un peu de notes douces dans une obscurité quasi-totale, car ce morceau possède la noirceur la plus absolue et la plus poussée de cette galette. Après cela il faut y aller plus direct pour continuer à offrir de la variété, c’est ce qui est fait avec « The Traces We Leave » aux relents doomesques ici et là, ceux-ci s’intègrent avec une facilité déconcertante aux riffs plus pachydermiques et aux autres plus planants et sages, tout en n’oubliant pas quelques blasts et des breaks de repos pour créer une ambiance éthérée et subtile.
Alors qu’on en est déjà aux deux-tiers de l’écoute on est toujours autant scotché et rien ne vient perturber cette séance apaisante et de bien-être total, pourtant le binôme a décidé de garder le meilleur pour la fin, tant ce qui suit va presque toucher au sublime et au divin. En premier lieu « Viaticum » qui se révèle être la compo la plus triste et atmosphérique, tout en étant celle la plus aboutie dans sa construction, où l’on retrouve les différents éléments qu’on a pu entendre précédemment, mais qui là sont agencés de telle manière que l’on se retrouve du coup dans une plénitude totale. Avec « Dry The River » on est embarqué dans deux parties distinctes où l’éloge de la lenteur se fait roi pour commencer avant que les gars ne poussent sur le champignon par la suite, et au milieu de tout cela les notes se font à la fois calmes et agressives, pour un rendu jouissif tout comme « Bury Me » qui clôt les débats de manière plus poussée et entraînante. Car pour finir en beauté le duo a décidé d’aller à l’essentiel en étant plus direct et explosif, puisqu’ici tout y est plus violent tout en conservant l’esprit et la philosophie de ces derniers qui nous offrent une apothéose et un disque monumental de bout en bout.
Les soixante-quinze minutes de cette expérience passent à une vitesse incroyable, et même en étant avare de superlatifs difficile de ne pas en dire tant on est pris aux tripes et qu’on sort retourné lors de son retour sur terre. Le plus fort dans cette histoire c’est que malgré sa durée qui peut rebuter au départ on est totalement happé, et on doit reconnaître qu’il n’y a pas un moment de faiblesse ou d’ennui, ce qui est souvent le cas dans ce genre de disque aventureux. Il va falloir du temps et de nombreuses écoutes pour totalement apprivoiser l’ensemble, dont la masse de boulot de chacun de ses membres (aussi bien musicale que textuelle) apparaît de plus en plus flagrante à chaque fois, et nous laissera k.o systématiquement vu qu’on est sans aucun doute en présence d’un des albums de l’année.
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