Harakiri for the Sky - Aokigahara

Lorsque vous avez envie de faire du postblack il y a certaines règles à respecter. Pour devenir un fier représentant de ce style qui mélange l’agressivité et la terreur du black à divers éléments de rêveries et d’illuminations, il faut avant tout trouver un nom qui montre d’emblée que vous avez compris le principe. Et le nom parfait devra être composé de deux mots inspirant deux sentiments opposés. L’un, qui représentera votre côté post, devra être agréable. Par exemple la mer, les fleurs, les caresses ou l’amour. L’autre au contraire, montrera votre côté black et devra donc se rattacher à quelque chose d’horrible, d’inquiétant, d’horripilant comme le sang, le poison, les choux de Bruxelles ou la chiasse. Une fois vos deux mots choisis il n’y aura plus qu’à les assembler malignement. Vous pourrez ainsi vous appeler MER DE SANG, FLEUR EMPOISONNÉE, CARESSE DE CHOUX DE BRUXELLES ou CHIASSE APRÈS L’AMOUR. Un petit passage en anglais peut également améliorer le tout : SEA OF BLOOD, POISONED FLOWER, BRUSSELS SPROUT’S CARESS, DIARRHEA AFTER LOVE... C’est plus ou moins la méthode qu’ont dû choisir nos Autrichiens pour trouver le patronyme HARAKIRI FOR THE SKY. Voilà ! Ça c’est bien ! Un nom parfait qui fait référence à la douleur et à la douceur. Là, on sait d’avance qu’on va écouter du postblack.

La prochaine étape, décider où l’on va mettre la douleur et où l’on va glisser la douceur dans la musique. Selon les groupes, certains gardent des vocaux black et y ajoutent une musique transcendante, d’autres prennent une musique emballée mais y mettent des petites voix gentillettes. Et le dosage est important, crucial même ! Pas assez de douceur et vous restez un pauvre groupe de black traditionnel baignant dans sa boue. Pas assez de douleur et vous devenez au contraire total gay, total shoegaze, total ALCEST. HARAKIRI FOR THE SKY respecte bien l’équilibre en optant pour une musique galopante avec beaucoup d’éclaircies sur laquelle il a superposé des vocaux musclés. Puisqu’ils sont excités et rugueux j’aurais aimé les rapprocher de ceux de VENEROR, mais vu que peu connaissent ce groupe italien cela reviendrait à faire une comparaison avec mon ancien prof de dessin... Je pourrais alors plutôt parler de DODSFERD et HEIMDALLS WACHT si je reste dans le black, mais finalement le timbre est très proche de certains groupes de mélodeath. J’ai revu passer dans mon esprit d’anciens albums de SOILWORK, OMNIUM GATHERUM ou SKYFIRE que j’écoutais à l’époque où j’étais moins étriqué musicalement.

Et il n’y a d’ailleurs pas seulement les vocaux qui ont été inspirés par le style, mais les compositions en elles-mêmes. HARAKIRI FOR THE SKY a sûrement écouté du mélodeath et a tendance à s'en rapprocher (parfois) trop dangereusement... Et c'est d'ailleurs la première fois que je me dis qu'en y réfléchissant bien, le postblack a bien des point communs avec ce genre. Les mélodies et l’énergie prennent le pouvoir pour apporter un plaisir plus instantané. C’est séduisant, sans être indispensable. Et surtout c'est sans grande surprise... C’est pourquoi j’ai vraiment du mal à être intéressé par l’heure. Le groupe a beau s’évertuer à varier les rythmes, à être bien carré et bien présenté, je trouve qu’il glisse sur les oreilles sans y entrer. Les bonnes intentions ne suffisent pas à rendre l’album passionnant. Les ajouts de claviers ou de piano n’y font rien, on reste de marbre face à ces 9 morceaux. Enfin 10 si vous prenez l’édition vinyle puisque vous aurez le bonheur d’y découvrir une reprise de TEARS FOR FEARS, un « Mad World » qui avait aussi plû à Gary Jules. Le morceau est reconnaissable tout en étant joué à la sauce du groupe. C’est ce qu’on demande à une reprise, donc c’est un bonus plaisant.

Pour la petite histoire le titre de l’album est lui aussi inspiré du Japon puisqu’Aokigahara est le nom de cette forêt qui attire les suicidaires. Plus de 300 personnes par an y mettent fin à leurs jours. De quoi inspirer les groupes de black metal et effectivement, en 4 ans 7 ont choisi ce nom pour leur opus, dont SEA OF TREES. Encore une fois une fausse idée originale...

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