Reverend Bizarre - I - In the Rectory of the Bizarre Reverend
Chronique
Reverend Bizarre I - In the Rectory of the Bizarre Reverend
Vous souffrez d'hypertension cardiaque ? Un peu tendance à vous énerver tout le temps ? Prenez donc deux heures de votre temps pour écouter cette réédition du premier (et culte) album de Reverend Bizarre, et ce genre de problème ne sera plus qu'un lointain souvenir.
Loin d'être uniquement un réducteur de tension cardiaque garantie, la musique de Reverend Bizarre est aussi et surtout un immense hommage à Black Sabbath, tant cet album semble sortir tout droit des années 70, avec un son, une ambiance et des riffs tout droit issue de cette époque. Une époque ou le brutal death, le death et même le thrash n'existaient pas encore, une époque ou les mecs de Slayer thrashaient davantage leurs couches que les scènes du monde entier, et ou la mode était à celui qui saurait jouer le moins rapidement possible ; le tout dans une atmosphère bien enfumée et forcément très planante…
Vous l'aurez compris, ici les chansons de plus de dix minutes et les tempos pachydermiques sont de rigueur, ainsi que la répétition en boucle de 3 à 4 riffs par chanson, ce qui étrangement ne gêne pas plus que ça. Point de chant criard / désespéré / sauvagement hurlé ici, ce n'est ni du Funeral Doom, ni du Gothic Doom et encore moins du Doom III, mais bel et bien du « True Doom », avec des vocalises claires et parfaitement audibles qui sont autant d'incantations proférés avec beaucoup de feeling et de passion (le chanteur / bassiste a une excellente voix). Alors oui, il faut du temps pour vivre l'expérience Reverend Bizarre, pas facile de se bloquer une heure pour écouter cette réédition (remasterisée, les puristes crieront au scandale) et une seconde heure pour le second cd composé d'inédits et d'une reprise de Barathrum, mais en fin de soirée cela fait toujours son petit effet.
De l'écoute d'« In the Rectory » (qui comprend une « accélération » très seventies inattendu à la 6ème minute) à l'excellent solo Black Sabbathien de « Sodoma Sunrise » en passant par le « single » Doomsower » (ben oui, 5min37 c'est un format radio pour du Doom lol), on se prend au jeu, on a envie de ne rien faire et de se laisser porter par ces tempos pesants et ces enchaînements d'accords qui sont autant d'invitations à une lassitude extrême. Et alors qu'on croit avoir fait le plus dur et que la fin du cd approche, on se prend une dernière grosse claque lorsque déboule la monumentale « Cirith Ungol » (monsieur Tolkien, ceci est le 9748563ème hommage à votre œuvre, le monde du Rock et du Métal ne vous remerciera jamais assez), un pavé de 21 minutes qui achèvera les plus résistants. Pas étonnant que ce cd ait été considéré comme une révélation à sa sortie (2002 ce n'est pas si éloigné), et je m'en veux d'être passé à coté.
Le second cd est tout aussi intéressant, car même s'il n'a pas le coté culte de son prédécesseur, il rajoute une couche d'une bonne heure de morceaux inédits ayant globalement le même feeling et lourdeur, même si les tempos sont légèrement plus relevés et les chansons un poil plus mélodiques. L'intro batterie / basse de « The March of War Elephant » ne dure que quelques minutes mais est une excellente mise en bouche pour la suite, à savoir les 10min42 de « The Festival » et ses magnifiques arpèges d'intro. Le cd comprend le clip du titre « Doom over the World », qui à mes yeux n'a pour seul intérêt de montrer le groupe jouer dans sa salle de répet, car autrement la chanson est assez anecdotique et ressemble plus à du rock qu'à du doom. On préférera se repasser la version audio de l'enchaînement monolithique « The Festival » / « The Goddess of Doom » / « Aleister » qui à elles trois dépassent la demi heure de musique. Le cd se conclut sur un titre plus enjoué « Wrath of the War Elephant » qui rappelle un peu la fameuse « Doom over the World » de par son coté « péchu » qui tranche avec le reste, et me fait lui préférer quand même nettement les compos s'étirant en longueur. Heureusement que la fin type « veillée funéraire » de la chanson relève le tout.
J'ose espérer que Reverend Bizarre ne s'aventurera pas davantage dans cette voie, car les titres de ce genre ne sont pas ce qu'ils font de mieux, et je préfère leurs pavés de 10minutes que ces titres plus enjoués mais aussi beaucoup plus passables. Après tout, quand on fait du « True Doom » je suis sur qu'il y a une loi qui dit qu'on ne doit pas se compromettre à dépasser un certain BPM, ‘tention les gars ! :p
| Chri$ 15 Décembre 2004 - 3068 lectures |
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