Reverend Bizarre - III - So Long Suckers
Chronique
Reverend Bizarre III - So Long Suckers
La saga du Reverend Bizarre est close :
2002 : « I – In The Rectory of The Bizarre Reverend »
2005: « II – Crush the Insects »
2007: « III – So Long Suckers »
3 albums seulement, entrecoupés d'Eps et de singles (!), et une histoire, qui bien que courte, aura laissé une trace dans le petit monde du Doom Metal. Loin de toute scarification, de regard vague perdu au dessus d'un lac embrumé ou de boites de mouchoirs vidés en pensant au soudain départ de l'être aimé (ah on me dit que ça c'est de l'emogaycore, autant pour moi), Reverend Bizarre s'assumait pleinement dans le rôle du trublion qui ne jurait que par les seventies, s'affichant dans un esprit furieusement old school et se revendiquant d'une filiation directe avec Black Sabbath, St Vitus et Pentagram. Je ne vous ferais pas l'affront de prétendre connaitre la discographie de ces 3 combos, le fait étant que Reverend Bizarre était d'après la critique unanime une réelle résurrection du genre… jusqu'à l'annonce de ce dernier album posthume.
Pour ceux qui auraient loupés des chapitres, je vous laisserais vous repencher sur mes deux précédentes chroniques, qui en substance glorifiait le premier opus des Finlandais et s'étonnait du manque d'inspiration du second. « So Long Suckers », ce testament musical au nom délicieusement revanchard, est bien évidemment dans la filiation directe des deux précédents, mais surtout il parvient à faire partir le groupe la tête haute, ce qui n'était pas gagné au départ.
Il aurait été en effet navrant que la dernière offrande des Finlandais ne soit pas à la hauteur : que l'on se rassure, c'est avec pas loin de 130 minutes (et un double cd) que le Reverend tire sa révérence… Le premier cd, qui aligne au compteur 66.06 minutes (ce n'est pas innocent :p), charge directement la balance avec seulement 3 titres, dont la durée ne fait pas rire : 29.05 minutes rien que pour le premier titre, 25.20 pour le second, le dernier fait en comparaison presque ridicule avec ses 11min41 ( !) . Le second cd est un peu plus digeste, et vous accordera davantage de répit si un besoin pressant se faisait sentir au milieu d'une écoute.
Stylistiquement, « So Long Suckers » est la symbiose parfaite des deux premiers albums : il renoue en effet avec la lourdeur et l'esprit Doom du premier opus, sa gravité et ses tempos lourdingues ; mais il y associe comme sur « Crush the Insects » une dominante plus rock, ces quelques riffs groovys qui surgissent quand on ne les attend plus, et qui font sortir du marasme oppressant que fait ressentir un quart d'heure de BPM à un chiffre… L'équilibre est donc enfin trouvé entre les parties lentes (qui restent excessivement majoritaires) et ces démarrages rocks souvent inattendus, qui évitent que la monotonie s'installe. Car garder le bien en tête, Reverend Bizarre est fortement déconseillé aux impatients, impulsifs, et autres nerveux du bouton « avance rapide » : le Reverend s'apprécie sur la durée, dans une spirale éternellement centrée sur elle-même… et comme on dit, « plus c'est long plus c'est bon ».
« They Used Dark Forces / Teutonic Witch » est idéal pour ouvrir l'album, car il est faussement entraînant, bâti sur un riff rock carrément dansant, avant de virer vers le Doom le plus pachydermique qui soit, comme de bien entendu ; belle transition vers « Sorrow », qui me ramène aux meilleurs heures de « Cirith Ungol », le chef d'œuvre de lourdeur qui cloturait « In The Rectory… ». « Funeral Summer » est un petit recyclage à peine avoué d'un titre qui traînait ici et là sur les différents EPs qu'a pu sortir le groupe, dans la droite lignée du reste.
Le second cd fait quand à lui étrangement beaucoup plus appel d'un coup à la basse : la 4-cordes appuie en solo dès « One Last Time » le chant éthérée d'Albert Magus, et se voit ensuite au cœur de l'instrumental rockisant « Kundalini Arisen ». « Caesar Forever » renoue une nouvelle fois avec les tempos hippopotamesques (histoire de ne pas faire toujours appel au même animal) ; et « Anywhere Out of This World » conclue la boucle avec le même mélange rock entraînant / doom pesant qu'utilisait « They Used… ». « Mallorca » est en guise de conclusion une courte outro fantomatique basé sur des sons étranges… dispensable.
Le Reverend nous quitte donc sur un album fidèle à sa légende, ni décevant ni surprenant pour autant. Qualitativement, je le situe entre les deux précédents, bien meilleur que « Crush… » mais moins authentique et inspiré qu' « In The Rectory ». L'ordre d'écoute et de découverte est donc tout trouvé pour ceux qui voudraient enfin se pencher sur la légende de ce groupe qui se sépare sur une note…jusqu'à la reformation ?
| Chri$ 5 Octobre 2007 - 3743 lectures |
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