Avec une pochette comme celle-ci, ai-je besoin d'introduire cette chronique en explicitant les raisons qui m'ont poussé à écouter ce nouvel album de R.I.P. ? Nettement plus attirante que celle de leur premier longue-durée (
In the Wind, qu'il va bien falloir écouter un jour) qui cochait toutes les cases du bon goût actuel – a.k.a. Adam Burke –, cette fierté à présenter bides à l'air, cheveux gras, lunettes de soleil et faciès aussi moches que cool, comme une photo de Metallica à ses débuts se dorant la pilule sur la plage, m'a fait le même effet qu'écouter une heure de metal le poing levé, me rappelant pourquoi j'aime cette musique au-dessus des autres. Pochette de l'année, ça va sans dire.
Et pour oser habiller telle photographie, il fallait « en avoir », question compositions. Heureusement, R.I.P. possède ce qu'il faut ! Prenant une base doom à l'ancienne mais la chargeant de hard rock, heavy metal et d'une exécution « pedal to the metal », la bande de Portland fait tout pour être à la hauteur de cette promesse de plaisir régressif vécu la poitrine en éventail, prêt à mettre les voiles. Rappelant le doom dans ce qu'il peut avoir de plus rock et furieux à la fois, les débuts de Trouble et Pentagram en tête, les Ricains entament dès le départ une course à « l'awesomeness » pour ne jamais lâcher la rampe. C'est simple, impossible de citer les morceaux de bravoure de
Street Reaper sans se décider à écrire l'ensemble de la tracklist, tant chaque instant est marqué par l'envie d'en découdre et d'épater ! Une aura metal qui irradie chaque riff de ces quarante-cinq minutes, faisant de cet album un frère parfait au bellâtre
Inside the Skull de Beastmaker, paru plus tôt cette année.
Mais point de cimetière délicieux, de charme suranné, de belles mélodies enjôleuses chez R.I.P. (encore qu'il n'est pas le dernier sur ce terrain, cf. « The Cross »). Uniquement l'envie de casser des bouches, de rappeler que le doom est à la base le cousin dépravé du hardcore, « Saint Vitus / Black Flag, même combat ! », la démonstration de ses plus beaux muscles de neurasthénique aux passants en guise de projet. Et ce n'est pas ce chant incroyable, caquetant de colère partout, tout le temps, qui va faire baisser le taux de testostérone ! Pouvant de loin rappeler le Ozzy canonique avec ses intonations de chèvre tourmentée, il finit par s'élever au niveau de l'acidité d'un
Eric Wagner pris d'une tristesse échelle
Karl Simon, tant ses lignes sont effilées comme des rasoirs, clamant leur peine à coup de bélier, la vindicte lancée armée d'une moto en lieu et place d'une épée. Jusqu'à une production aussi puissante que granuleuse, à la manière d'une réactualisation de l'essence du doom avec les moyens d'aujourd'hui,
Street Reaper mérite aussi bien son illustre illustration que son nom, donnant le désir pressant de faire de la rue son foyer, et traiter ceux qui s'y invitent comme des indésirables.
« Street-doom », vous dites ? Je n'y trouve rien à y ajouter, hésitant ces derniers temps entre un certain
Zoloft Smile et
Street Reaper quand je cherche à donner à mes balades extérieures des airs de vie vécue à la dure entre des barres d'immeubles. Pourtant, même si le besoin de hurler le bonheur que transmet ce disque est clairement plus important, il est clair que ce doom poussant tous les potards sur onze pourra paraître aussi accrocheur qu'exténuant sur la longueur. Mais comment résister à ce dernier baroud qu'est « Die in Vain », renforçant l'impression d'avoir ici un putain d'album rock comme on n'en fait plus ? Avec l'intention d'écrire à chaque fois son morceau définitif, son tube ultime, R.I.P. parvient à transcender le metal tout en lui redonnant ses lettres de noblesse de musique moche faite par et pour des gens moches, mais si beaux dans leur frime et leurs petites menaces de petites racailles que leurs fronts luisants et boutonneux ont des allures d'étincelles prêtes à s'enflammer. Tenez-vous prêts, les bourgeois. Car on arrive en ville.
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