Après l’exutoire qu’était
Street Reaper, je ne pouvais que me jeter sur
Dead End, nouvel album des métamorphosés Ricains de R.I.P.. Qui pouvait croire après le trop timide
In the Wind que ces gars allaient devenir si particulier dans leur doom metal, allant vers l’infini et au-delà pour réinstaurer ce que le genre a de plus jouissif, vivant, acide... en un mot, « punk » ?
Car c’est bien le premier terme qui vient en tête à l’écoute de ce nouvel essai gagnant, mettant les potards encore plus haut que son grand frère direct.
Dead End est punk, déborde de rage, d’envie de tout casser, partout, tout le temps. De quoi laisser penser à ceux qui voient dans le doom metal un genre aussi codifié que nécessairement attristé un changement de style ; il n’en est rien, les questions de tempo ayant toujours été annexes dans ce style, cf. les débuts de Pentagram, ceux de Trouble, les élans de Witchfinder General, les liens entre Saint Vitus et Black Flag... Le doom se joue avec le cœur plus qu’avec les pieds : voilà ce que montre R.I.P., s’appropriant la démarche « pedal to the metal » avec encore plus de force que durant
Street Reaper, des images de la bêtise sacrée de Spinal Tap (sauf qu’eux, ils ont tout mis sur douze !), du plaisir érigé en vertu de The Rocky Horror Picture Show, se mêlant aux musiques toxiques et inflammatoires qui n’ont pas de genre autres que cette raideur particulière, typique du metal quand il décide de renouer avec ses racines punk.
R.I.P., comme espéré dans ce type d’exercice, ne remplit jamais et tue toujours sur
Dead End, avec une crétinerie qui n’a rien de stupide pour autant et tout du têtu qui ne lâche jamais la rampe. Là où
Street Reaper avait pour lui l’effet de surprise mais manquait d’endurance, ces nouvelles trente-trois minutes vont dans la direction inverse : en terrain conquis, borné à une exécution rapide fricotant avec le rock incandescent, le thrash et le heavy metal les plus frontaux et héroïques (ces soli sur « Judgement Night », argh !), il n’étonne plus mais prend sous sa coupe sur le temps long, maniant le feu qui l’habite avec une assurance nouvelle. Jouissif de bout en bout, l’album est parfaitement construit, de son introduction aussi kitsch que menaçante à la conclusion « Dead of the Night » ouvrant grand le rideau de l’imaginaire avec le chant de Fuzz se faisant vampirique et délicieux de « soul ».
Mais la bande ne s’est pas contentée d’offrir un final allant plus haut encore, les titres le précédant contenant chacun – une fois dépassée l’impression de fuite en avant constante – leur petit truc à eux, une ligne vocale particulièrement entêtante (« Out of Time »), une élévation de tempo où notre nuque fait l’équerre comme par réflexe (« Death is Coming » ; « One Foot in the Grave »), un riff qui gratte d’envie d’aller dans le pit pour en découdre (« Nightmare » ou « Moment of Silence », incisifs comme du Pulling Teeth !). Encore plus fort, encore meilleur :
Dead End serait-il un classique en puissance d’un genre qui en compte de moins en moins ?
Loin de moi l’idée de trouver ici une réponse. Les écoutes s’enchainent et le plaisir reste le même, intense, admiratif, tant R.I.P. écrit en gros son amour pour le metal sans jamais fauter lors de
Dead End. Pourtant, il me faut bien avouer que les retours vers
Street Reaper, précédent longue-durée des Ricains, m’ont moins enthousiasmé qu’à l’époque, malgré une rotation lourde tout aussi enfiévrée lors de sa découverte. Le temps fera son œuvre en somme. Cependant, une chose est déjà certaine : les amateurs du genre feraient bien de laisser une chance à ce disque qui ne finit pas de m’emporter par sa personnalité et surtout, surtout, sa colère permanente. Sûr, ici, le doom metal de R.I.P. est plus « street » que jamais.
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