Nécrocachot - Malfeu
Chronique
Nécrocachot Malfeu
Petit événement s’il en est au sein de la scène dungeon synth française, la toute récente sortie du dernier album de Nécrocachot, Malfeu, a de quoi susciter une certaine curiosité. Mêlant pour la première fois son dungeon synth sombre à un black metal de garage froid, le projet français semble vouloir se hisser dans la catégorie supérieure. Celle des valeurs sûres du dungeon synth, déjà, mais également celle, plus fermée, des projets maîtrisant comme il se doit l’alchimie entre les deux genres musicaux suscités. Et de manière à moitié surprenante, l’ensemble séduit beaucoup.
Lorsque l’on évoque l’union du black metal et du dungeon synth, on pense naturellement à Summoning, période premiers atermoiements de préférence. Mais si vous avez pour but de retrouver quelque chose de similaire chez Nécrocachot, autant tourner les talons de suite. Ici, on a plutôt affaire à quelque chose de cru et de sombre, voire même de lancinant à certains égards, sans perdre l’espèce de touche noire et mystique propre au dungeon synth originel. L’album démarre sur un "Ode aux Porcellions" qui met de suite dans l’ambiance. Après un riff très peste-négrien, pour reprendre un néologisme très cher au camarade Dantefever, le titre dévoile de lourds riffs et des chants hurlés en arrière-plan qui sont du plus bel effet.
Le dungeon synth se manifeste ici par des sonorités d’accompagnements au clavier bien senties, puis par une mélodie qui permet d’alléger le tranchant des riffs pour un temps. Le titre introductif a cela d’intéressant qu’il donne le ton d’entrée, il permet à un auditeur éventuellement déboussolé de prendre ses marques et de s’y retrouver quand au style parfois casse-gueule qui résulte du mélange en question. Il s’agira d’ailleurs de quelque chose de récurrent au cours de l’écoute de l’album. Jamais l’auditeur ne sera tancé ou poussé dans ses retranchements, ça n’est pas le but ici. À chaque fois qu’un riff vient mettre la pression, une mélodie au clavier suit pour détendre quelque peu l’atmosphère. Si cela décevra évidemment les auditeurs ayant espéré quelque chose de plus violent, je préfère y voir une surprenante capacité à installer un certain charme tout en gardant des chants très éraillés et des riffs taillés au couteau dans le paysage sonore.
Ayons à présent quelques mots pour les thématiques utilisées par l’artiste. Selon les dires de ce dernier, Malfeu serait une cité souterraine directement inspirée des récits de fantasy de Clark Ashton Smith, qui n’a visiblement pas rencontré un succès fou en France malgré la qualité de son œuvre. L’artiste lui rend d’ailleurs directement hommage avec "Une Vie Spectrale", qui est un poème de l’écrivain mis en musique. Au rayon des sucreries macabres, on retrouve également un extrait de "Pour en finir avec le jugement de Dieu" sur le deuxième titre, enregistrement radiophonique écrit par Antonin Artaud qui suscita un certain intérêt en son temps. Si la présence de l’extrait surprend son monde, son côté littéraire et expérimental apporte un côté plus intrigant encore à l’album.
Conformément à un point de vue strictement technique, tout l’album est marqué du sceau du dungeon synth et du black metal, mis à part le titre "Nuit dans la Forêt de la Sorcière", qui jure presque avec le reste de l’album, mais qui fait surtout étalage des talents de l’artiste lorsqu’il s’agit de composer du dungeon synth de qualité. La production ne souffre d’aucun réel point faible, et même le son volontairement sale des sonorités black metal contraste comme il se doit avec les sonorités de clavier, qui elles sont bien plus épurées.
À l’arrivée, que peut-on finalement dire de Malfeu ? Déjà, que l’album propose quelque chose de très satisfaisant. Même si l’alchimie qui est celle de l’album a déjà été vue un paquet de fois, il est finalement assez rare de tomber sur quelque chose qui tient réellement la route. Sans citer de nom, on en a vus à la pelle des artistes tenter de mélanger un dungeon synth médiocre à un black metal passable, et ça n’a jamais donné naissance à un album correct. La flaque d’eau était donc de taille pour Nécrocachot, mais l’artiste l’a évitée avec on ne peut plus de réussite. Si Malfeu n’est pas un album réellement inédit par son style, il est atypique et très accrocheur, et c’est finalement là que réside toute sa force. On en redemande.
| Maaxx 16 Octobre 2018 - 1534 lectures |
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