Numen - Iluntasuna Besarkatu Nuen Betiko
Chronique
Numen Iluntasuna Besarkatu Nuen Betiko
Si se faire désirer en disparaissant de la sphère publique est parfois nécessaire afin de mieux revenir en forme ou de créer une attente importante, il ne faut pas en revanche que cela devienne une arlésienne au risque de se faire oublier et de passer ainsi à côté de son sujet. On ne compte plus en effet les formations dont le retour est régulièrement annoncé chaque année avec un nouvel album, et qui ne donnent au final aucun signe de vie (DISGORGE en est un des meilleurs exemples). Pourtant alors qu’on finit par désespérer le miracle peut parfois arriver - preuve en est avec TOOL, et comme pour confirmer que 2019 est un cru propice à cela c’est au tour des basques de NUMEN de refaire parler d’eux pas moins de douze ans après un disque éponyme (ressorti en 2011 pour l’international) des plus réussis. S’il est vrai que nombre de groupes utilisent des instruments traditionnels pour ajouter à leur musique une vraie touche d’authenticité et d’originalité, les espagnols eux se sont démarqués en rendant hommage à leur langue régionale, sans pour autant tomber dans le folklore intempestif et en gardant un équilibre avec les parties Black-Metal plus classiques. Si un nouveau batteur s’est installé derrière le kit en revanche les membres originels sont eux toujours de la partie, faisant donc espérer que rien n’a changé dans le son des ibériques et que leurs spécificités musicales sont toujours présentes de la meilleure des façons.
Et effectivement rien de neuf de ce point de vue-là, le sextet continue aujourd’hui dans le chemin tracé par son prédécesseur particulièrement énergique, même si les éléments folkloriques bien que toujours présents de façon épars sont désormais plus discrets et relégués à la toute fin de ce long-format. Car hormis le doux et mélodieux « Itzaltzuko Bardoari » (où seules des notes acoustiques et une flûte se font entendre par-dessus une voix susurrée) empreint de nostalgie d’une époque révolue et mélancolique, le reste de l’opus va tabasser quasiment en continu histoire de montrer une facette radicale et énervée, même si ça ne va pas se faire sans heurts. Si le court et brutal « Iluntasuna Soilik » va donner le ton en proposant un rythme élevé posé sur trois parties distinctes, où blasts, passages speedés et mid-tempo entraînant sont de sortie, avant que la suite bien qu’excitante ne s’enlise légèrement à cause de longueurs excessives. Il faut dire que le reste des compos qui tourne dans les cinq minutes au minimum (et même pratiquement neuf avec le très bon « Lautada izoztuetan ») va donner à plusieurs reprises le sentiment d’une certaine répétition et interchangeabilité des riffs et patterns. Si cette plage de par sa grande variété rythmique conserve un intérêt sans failles du début à la fin (porté notamment par un riffing très froid, épique à souhait et entraînant), ce n’est pas le cas en revanche des dépouillés « Pairamena » et « Iraganeko Errautsak » à la violence exacerbée (le frappeur est une vraie machine qui ne ralentit jamais l’allure) mais qui finissent par inexorablement se répéter à vouloir s’éterniser inutilement. Si les éléments positifs sont cependant majoritaires ils auraient été mieux mis en valeur en allant à l’essentiel, preuve en est « Behin Hilko Naiz » qui ne traîne pas en chemin, tout en offrant un côté plus massif où le tapis de double est de rigueur (et qui ne s’effacera que durant de courts instants), tout en étant particulièrement rythmé et intéressant. Car quand les gars décident de ralentir un peu la cadence c’est là que leur travail prend une autre ampleur, et cela sera flagrant sur le tentaculaire et prenant « Nire Arnasean Biziko Da Gaua » qui va voir une trame mélodique plus affirmée. Une excellente idée qui va s’entendre dès le démarrage avec son entrain d’obédience épique parfait pour headbanguer, avant que des parties tribales aériennes ne retentissent dans l’espace environnant et donnent ainsi un sentiment de bien-être agréable, qui pourrait rappeler ainsi une certaine émotion en souvenir des anciens, avant que la hargne générale ne fasse son retour (histoire de prouver que les mecs n’ont pas perdu leur explosivité en chemin). Cette construction va se retrouver dès la plage suivante (le quasi-instrumental « Itzaletan Solasean ») où les harmonies apaisées vont être présentes à ses deux extrémités, entourées par une longue séance de tabassage qui n’amène franchement rien de plus, et se révèle finalement inutile, tant on aurait pu rester sur un interlude apaisant dont l’intérêt aurait été supérieur.
Si l’on peut saluer la prestation impressionnante d’énergie et menée tambour battant par le nouveau venu, pour le reste malgré les bonnes choses entendues ça reste trop classique et scolaire pour marquer durablement les esprits, d’autant plus qu’on a du mal à faire ressortir un élément plus marquant qu’un autre du reste de la masse. Il faut bien reconnaître que ça finit par immanquablement se ressembler et cela créé de fait une herméticité dont il est parfois difficile de faire abstraction. C’est bien joué, composé et exécuté mais ça n’arrivera pas à se détacher du flot impressionnant de sorties de Metal noir proposées cette année, même si ce défouloir fera quand même passer un très bon moment (à défaut de le réécouter régulièrement), ce qui est toujours ça de pris au final.
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