Il y’a un an et demi de cela AVSLUT explosait à la face du monde avec le redoutable
« Deceptis » qui montrait que le Black-Metal suédois n’était pas encore tout à fait mort, constat qui se confirmait il y’a six mois à peine avec l’excellent EP
« Förslavad » qui prouvait que les promesses entrevues par le quintet n’étaient pas un feu de paille. Annoncé pour la fin de cette année son second méfait voit déjà le jour montrant qu’il n’a ni l’envie ni le besoin de prendre son temps, semblant au contraire vouloir profiter d’une inspiration au beau fixe et d’une notoriété qui ne cesse de grimper en flèche. Si depuis ses débuts il nous a habitué à un classicisme assumé cela n’empêche pas sa musique d’être implacable et accrocheuse, sans jamais faiblir en intensité grâce à de nombreuses variantes rythmiques, histoire de ne pas être seulement une formation qui joue vite et fort. Du coup on se doutait que cette nouvelle livraison resterait dans cette droite ligne sans prise de risques majeures, et c’est effectivement le cas vu qu’elle reprend les choses exactement où en étaient restées les précédentes, mais cela n’est pas un problème en soi tant les bonnes impressions antérieures sont ici encore au rendez-vous.
D’entrée on va effectivement être rassuré sur la qualité musicale de ce long-format, car « Tyranni » malgré sa durée relativement courte va mettre en avant toute la panoplie créative de la bande, entre passages énervés et d’autres plus lents où se greffent des cassures rythmiques et variations imparables. Si on reconnaît de suite leur son relativement naturel (porté par cette basse chaude bien audible et une batterie très sèche au niveau de la caisse claire), le rendu général donne également l’impression d’avoir été écrit et enregistré dans la foulée des précédentes livraisons. Du coup on ne peut qu’être satisfait car si on se retrouve en terrain connu l’homogénéité et la diversité proposés ici vont suffire pour faire le boulot et faire plaisir ainsi à l’auditeur, même le plus exigeant. Cette première moitié va d’ailleurs mettre à l’honneur le travail le moins bourrin des scandinaves, laissant au contraire les moments plus lourds et rampants avoir le droit de s’exprimer autant que possible, preuve en est avec le lumineux et tentaculaire « Stigens Ände ». Ici la noirceur se fait plus discrète tant les plans écrasants et obscurs sont mis en retrait et remplacés par des parties mid-tempo redoutables et entraînantes, où la violence se fait plus sensuelle et moins directe afin de laisser croire qu’il y’a un espoir au milieu de cette obscurité quasi-totale. Après ce résultat de haute volée le voyage continue avec le tortueux et magnifique « Likvidering » où la brutalité s’efface là-encore au profit de passages ralentis au maximum et possédés par un riffing addictif qui donne envie de headbanguer. Ajoutant à cela pas mal de variations au milieu de la violence le grand-écart est ainsi poussé plus loin et renforce le sentiment de mal-être via cette rythmique souple et posée qui succède au tabassage le plus intensif. On va d’ailleurs retrouver cela dans la foulée via un « Allt Förgås » du même acabit, vu qu’ici on met en avant les éléments bridés de façon prioritaire, portés par une ambiance glaciale au possible qui nous renvoie vers les hivers rugueux du pays de ses créateurs. En effet on se retrouve au milieu de nulle part avec un tempo quasiment doomesque qui provoque un sentiment de tourment et malaise intégral, de par le sentiment d’écrasement qu’il procure. Mais afin d’éviter de tomber dans la léthargie quelques blasts et cassures interviennent histoire de ne pas faire oublier que même s’ils ne tabassent pas autant que la création de Morgan Håkansson, les jeunes loups de Stockholm savent aussi faire cela très bien. Du coup sous ses airs neigeuse cette plage semble tout droit nous rapprocher de la faucheuse qui guette la bonne occasion pour intervenir, comme cela est le cas également sur « Den Eviga Flamman » à l’équilibre plus affirmé, mais marqué en son centre par une batterie tribale qui résonne telle une incantation. Là-encore mise en valeur par ces riffs oppressants et répétitifs elle voit néanmoins le retour à un certain équilibre des forces en présence comme pour annoncer l’imminence de la seconde partie.
Car l’arrivée de « Underjordens Apostlar » coïncide avec une certaine facilité d’écriture, les arrangements plus poussés présents auparavant sont mis de côté pour remettre sur le devant de la scène la sobriété et les côtés plus directs et bourrins. Ici la vitesse et l’explosivité retrouvent des couleurs et vont retentir la majeure partie du temps, mais qui s’effacent brièvement par du ralentissement bienvenu et un court solo qui aère l’ensemble de la meilleure des façons. Avec « Pestens Lärjungar » on reste sur cette même logique en poussant la variété entre blasts surhumains et lourdeur extrême, tout cela en voyant le frappeur s’éclater au jeu au pied où il diversifie sa frappe sur les pédales, histoire de ne pas répéter indéfiniment le même pattern et de tomber dans la redite. Alors que la conclusion se profite à l’horizon « Dråp » fait son apparition tambour battant avec simplicité, sérieux et efficacité, même si ça reprend certaines idées déjà exploitées par les nordiques dans un passé proche. Du coup on peut ressentir une très légère baisse de régime à la fin de celui-ci qui aurait pu être raccourci pour gagner en densité, à l’instar de « Ändlöst Slaveri » où les bpm sont lâchés pour une ultime salve de brutalité, qui n’amène certes rien de plus mais permet d’apprécier les dernières secondes d’un disque sans fausses notes ou presque.
Il est désormais évident que ses géniteurs ont franchi un cap et qu’ils sont désormais un des fers de lance du Black-Metal de son royaume, qui renaît enfin de ces cendres après une période de vaches maigres. Si MARDUK reste le leader incontesté et le plus brutal de la scène locale, AVSLUT lui joue dans la même catégorie sans pour autant essayer de concurrencer les célèbres vétérans, car il mise davantage de son côté sur les rythmiques écrasantes. Bref à chacun son créneau mais ça reste de toute manière du Metal noir pur et dur, cru et sans concessions qui rend hommage au Malin et à ses légions, mais pas que ! Et c’est bien cela qui fait mouche tant ce second volet musical n’a rien à envier à celui qui l’a précédé, tant il passera tout aussi facilement le cap des écoutes multiples comme celui du temps, signe d’une réussite insolente que l’on espère durable pour encore longtemps.
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