Zyklon - Aeon

Zyklon est un bel exemple de all-star band. Jugez plutôt: Samoth (fondateur du groupe et des légendes du black-métal Emperor, ex-Burzum, ex-Satyricon, ex-Gorgoroth, ex-Arcturus, ex-Thou Shalt Suffer) à la guitare, Destructhor (Myrkskog) à la lead, Secthdamon (ex-Odium, Myrkskog) au chant et à la basse et Trym (ex-Emperor, ex-Enslaved) derrière les fûts. Alléchant, non? En tout cas avec un line-up pareil, il eût été étonnant que le deuxième opus des Norvégiens ne soit pas une réussite. Et en effet, ce "Aeon" en est bien une.

Plusieurs changements ont été opérés depuis "World Ov Worms". Déjà, il n'est plus question de black mais de death, et du gros qui tâche, décolle la moquette et nettoie votre conduit auditif obstrué. Même si "World Ov Worms" lorgnait déjà pas mal vers le death, "Aeon", lui, en sue par tous les pores. La production, qui nous colle littéralement au mur, est ainsi bien plus lourde et bien plus puissante. Les riffs, qu'ils soient mid-tempo ou rapides, sont tous excellents, efficaces au possible et c'est légitement que vous vous retrouverez entrain de secouer la tête. Ecoutez moi ce petit bijou mid-tempo qu'est "Core Solution". Le riff vous hantera des heures et parasitera votre cerveau sans défense tel un virus maléfique (si si j'vous jure!). Citons également les riffs ravageurs de "Subtle Manipulation" et "No Names Above The Names", "The Prophetic Method" et son côté thrashy jouissif, le très evil "Two Thousand Years"... Enfin bref, autant citer tous les morceaux, ces derniers n'étant qu'un bon aperçu de ce qui vous attend.

Des solis majestueux, voilà aussi ce qui vous attend. Le père Destructhor n'a pas fait les choses à moitié et c'est avec un ravissement non feint qu'on s'en imprègne. Parfaitement executés et toujours à un moment opportun, ils donnent aux titres une classe supérieure. Des exemples? Celui de "Psyklon Aeon" sur une double-pédale ultra-rapide, celui de "Two Thousand Years", très technique, celui de "No Names Above The Names" sur fond de blasts, celui de "The Prophetic Method" et son feeling old-school, celui de "Specimen Eruption" (quel fabuleux touché!). Le meilleur reste celui de "Core Solution" (clairement LE "tube" de l'album), très mélodique, qui vient reposer nos oreilles meurtries et nous transporter dans une dimension surréaliste grâce à un arrière-plan atmosphérique qui n'aurait pû mieux tomber.

Les autres instruments ne sont évidemment pas en reste, vous vous en doutez bien. La basse claque comme il faut et la batterie...tiens justement la batterie, comment ne pas être admiratif devant un tel déballage? La double-pédale va à une vitesse proprement hallucinante sur les trois-quarts de l'album, à se demander comment le bonhomme peut tenir cette cadence en concert. Et les blasts, ah les blasts, oui, que c'est bon. Trym n'en abuse pas, les utilisant avec parcimonie, toujours bien placés pour une efficacité maximale (l'intro de "Psyklon Aeon" et de "Subte Manipulation" parmi d'autres).

Un gros travail a également été fait sur les vocaux. La voix dominante du nouveau chanteur Secthdamon est gutturale mais cotoie souvent (moins que sur "World Ov Worms" toutefois) une voix black, parfois une grave moins gutturale et de temps en temps une voix claire aérienne et synthétique. Il arrive aussi fréquement que deux voix soient superposées, à savoir death/black ou death/voix aérienne, pour un rendu bien plus intéressant que sur le "Demigod" des polonais de Behemoth. A noter la présence de quelques guests qui élargissent encore plus le spectre vocal. Egalement intéressant, les paroles ont étés écrites par Faust, l'ancien batteur de Emperor condamné à 14 ans de prison pour le meurtre d'un homosexuel et des incendies d'église avec son pote Euronymous (bon je crois que Zyklon est définitivement un groupe à polémique :D).

Mais ce qui fait la particularité de Zyklon est l'utilisation de sons électroniques et d'ambiances atmosphériques à la Emperor (enfin il me semble, je suis tout sauf un spécialiste de BM...). Moins utilisés que sur "World Ov Worms", ils restent malgré tout bien présents et confèrent au groupe une tout autre dimension que les autres combos de death. L'intro bizarroïde et crachottante de "Psyklon Aeon", le break hypnotique de "Electric Current" et son outro très industrielle, plus tous les passages ambiancées et les voix trafiquées enrichissent les morceaux sans les surcharger.

Que rajouter? J'ai beau chercher, je ne trouve aucun défaut à cet album. "Aeon" représente tout ce que j'aime dans la musique: la brutalité, la technique, la puissance, la vitesse, un peu de mélodie... Les Scandinaves arrivent même à me faire apprécier les ambiances électros et atmosphériques, ce qui était loin d'être gagné au départ vu ma réticence de toujours envers ce type d'ambiances. Quand ça donne ça, le death, y'a vraiment rien de mieux.

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