Cianide - Unhumanized
Chronique
Cianide Unhumanized (EP)
A l’instar de MASTER les vétérans de CIANIDE font partie des précurseurs de la scène extrême Américaine, même si contrairement à Paul Speckmann et ses acolytes ils n’ont obtenu ni le même statut ni une reconnaissance identique. Pourtant ça n’est pas faute d’avoir essayé tant (depuis ses débuts en 1988) le combo de Chicago s’est toujours montré productif en termes de sorties, même s’il avait un peu ralenti l’allure ces dernières années. Du coup afin d’offrir du nouveau son à ses fans (sans devoir les faire patienter encore plus longtemps) il a eu l’excellente idée de se contenter de sortir un EP, histoire de montrer qu’en seulement vingt-six minutes et cinq nouvelles compos il n’a rien perdu de son style ultra-primaire. Officiant depuis sa création dans un Death/Doom minimaliste et gras au possible il n’est donc pas étonnant de voir que sa formule musicale n’a pas changé d’un iota, même si au vu du résultat on n’en tiendra pas rigueur au trio. En effet celui-ci nous offre un excellent condensé de ce qu’il sait faire de mieux, car sa musique mélangeant habilement vitesse et lourdeur est depuis toujours oppressante et boueuse, via une production dégoulinante à souhait qui renforce ainsi le sentiment de malaise généralisé.
Dès les premières secondes de l’excellent « Serpent’s Wake » on est effectivement totalement happé par la noirceur et le groove qui se dégagent de ce titre d’ouverture, via un riffing imparable et une rythmique ultra-efficace. Point de chichis ici vu que ça oscille entre un mid-tempo remuant au possible et des parties plus rapides parfaites pour headbanguer, d’où émerge un court moment au ralenti afin de densifier l’ensemble. Car il est facile de tomber dans la redite avec un genre si rudimentaire, pourtant bien qu’on puisse avoir la sensation que les plans et la construction globale soient relativement semblables et interchangeables d’un morceau à l’autre, l’addiction qui s’en dégage est totale et cela sera encore le cas plus tard même quand les gars prennent une voie plus directe mais aussi plus étouffante. Après ce démarrage réussi et mené tambour battant la suite va être exactement du même acabit, preuve en est avec le redoutable « Unhumanized » légèrement plus élaboré où le bridage a droit de cité à chacune de ses extrémités, histoire de renforcer le sentiment d’étouffement généralisé (vu qu’avec cette basse omniprésente et grassouillette on a l’impression d’être ballonné dans tous les sens). Heureusement en son centre la rapidité fait son retour et permet donc de digérer un peu tout ça et de reprendre de l’air avant la deuxième couche d’indigestion. Car afin de ne pas subir une intoxication prolongée les mecs vont revenir à une rythmique plus enlevée avec tout d’abord le dodelinant « The Weapon Of Curse » au rendu super agréable, et surtout avec la tuerie « Traitors » jouée à fond les ballons, et qui ne débande pas un seul instant. Là-encore ça fait particulièrement mal et ne se pose aucune question, on a seulement envie de taper du pied et de ne pas se laisser emmerder par des éléments extérieurs, chose qui se confirmera via la conclusion dénommée « Shadow Of The Claw », qui va emmener l’auditeur dans des tréfonds d’angoisse et d’obscurité. Entre des larsens rutilants et une ambiance tribale portée par une batterie calée au ralenti, on est ici en présence de la plage la plus dense tant l’obscurité y est à son paroxysme, aidée en cela par un tempo qui reste largement bridé (les accélérations y sont rares et courtes). Une fois encore on s’aperçoit que même en levant le pied la qualité d’écriture et le rendu proposés sont impeccables et ne faiblissent nullement, conservant donc globale entendue jusque-là.
Avec sa sobriété et une technique générale réduite à son minimum ce nouveau volet des aventures de la bande de l’Illinois est là-encore particulièrement sympathique et ne détonnera pas dans sa discographie pléthorique et plus homogène que celle de MASTER. Servant autant à se défouler qu’à se vider la tête ce court-format sans faute de goût s’écoute vite et bien, en ayant la bonne idée de ne pas s’éterniser inutilement tout en se révélant bien plus fin qu’il n’y paraît au départ. Doté d’une vraie fluidité générale il est sans prétention aucune, hormis le fait de proposer quelquechose de simplissime et de diablement redoutable, ce qui est réussi de bout en bout. Même si ça ne marquera pas 2019 de son empreinte et que ça risque de s’oublier rapidement on appréciera néanmoins de se le réécouter de temps en temps, quand l’envie d’entendre du bon son sans prise de tête et loin de toute modernité se fera sentir.
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