Katavasia - Magnus Venator
Chronique
Katavasia Magnus Venator
N’y allons pas par quatre chemins: le black metal hellène d’appellation d’origine contrôlée est sans doute une des scènes que j’apprécie de plus en plus au fil des années et de mes découvertes. Et lorsque je parle de ce style, je fais référence à des formations telles que Rotting Christ, Varathron, Necromantia et tous celles qui ont suivi, telles que Zemial, Agatus, Kawir et, dans les plus récentes, Cult of Eibon et Caedes Cruenta, pour n’en citer que quelques unes et surtout pour situer et préciser ce dont je parle. Et donc d’ajouter à cette liste non exhaustive Katavasia pour ce qui nous concerne avec leur second album qu’est Magnus Venator. Si le groupe s’est formé en deux mille quatorze, et fait donc partie des nouvelles formations de cette scène, l’on y retrouve toutefois des musiciens aguerris, pour ne pas dire des vétérans, avec des membres, entre autres, de Hail Spirit Noir, Aenaon, Agnes Vain et Varathron dont le chanteur Necroabyssious. L’on n’est pas loin de ce que l’on nomme en règle générale un super groupe, mais pour une fois, l’on est loin d’être déçu par cette formation, qui avait déjà fait montre de son talent avec l’excellent Sacrilegious Testament sorti il y a cinq ans, et qui ne fait que confirmer ceci avec ce Magnus Venator, à un point où j’étais assez impatient de voir sortir ce nouvel album.
Que pouvons nous attendre sur cet album, et bien tout simplement du black metal à la grecque si je puis résumer ceci de manière assez triviale, et si l’on se réfère aux gloires passées de ce genre musical. Il est donc question de ce black metal mélodique à l’ambiance bien occulte comme l’on pouvait s’y attendre. En soit il n’y a rien de rédhibitoire à cela car c’est vraiment très bien fait et l’ajout d’un troisième guitariste vient vraiment enrichir ces compositions aux riffs bien acérés et très véloces. C’est évidemment très étoffé pour ce qui est du travail des guitaristes avec pas mal de leads et d’harmonisations qui rendent l’ensemble vraiment mélodieux et très accrocheur. Et il y a de très nombreux passages qui sont tout bonnement jouissifs car ils sont tellement entêtants qu’ils vous restent rapidement gravés dans votre mémoire. L’on a aussi le droit à quelques passages en palm-mute de temps à autres, histoire de bien se raccrocher à son origine géographique. Il y a d’ailleurs une belle alternance dans les tempi, le groupe ne se jette pas tout le temps à corps perdu dans ses cavalcades et se permet de temps à autres à quelques temporisations bienvenues. Mais si je devais garder un maître mot pour qualifier ces neuf titres, dont un est un instrumental - Saturnalia Magnus Cult -, c’est bien efficacité. Une efficacité qui règne sur l’entièreté de cet album et où l’on ressent également tout le plaisir qu’ont pris les musiciens en composant cet album, tout en restant fidèles à une certaine tradition mais en y apportant aussi leurs propres personnalités. En fait, cela reste très classique, si l’on prend les choses de primes abords, et l’on pourrait penser à une énième formation creusant encore et encore le même sillon.
Pour autant, il y a tout de même des éléments qui font la différence chez Katavasia. En premier lieu, c’est cette ambiance très occulte et mystérieuse, renforcée assez souvent par la présence de claviers qui, s’ils ne prennent pas les devants, viennent apporter leur part de magie, noire forcément, à cet ensemble. Je ne suis généralement pas très friand des claviers, mais il faut vraiment souligner leurs apports ici, dans un style qui nous fait remonter le temps un quart de siècle auparavant et agrémentent bien chaque composition. Et leurs interventions ne sont pas uniquement atmosphériques, puisque l’on peut aussi y trouver quelques passages qui sonnent plus antiques, comme ce break sur Daughters of Darkness. Mais cela renforce bien cette atmosphère mystique et sombre, nous renvoyant à des contrées anciennes et oubliées et où les images de déités maléfiques et de temples perdus au milieu de nulle part viennent facilement à l’esprit. Ensuite, ce qui me plait beaucoup et qui est l’une des nouveautés sur cet album par rapport à son prédécesseur, c’est cette touche heavy metal bien plus importante. Vous allez me dire que c’est quelque choque qui a été assez prégnant dans le black metal grec, mais c’est une facette qui est bien plus proéminente qu’auparavant sur cet album et cela nous donne même une coloration encore plus épique à tout ceci, à tels points que l’on y retrouve parfois quelques plans qui nous rappelleraient même les vieux Manowar, je pense notamment au riff d’intro de The Tyrant, dans ces riffs puissants et qui imposent tout de suite le respect, mais aussi dans ces chœurs guerriers qui sont régulièrement présents. Et c’est vraiment quelque chose de bien vu car cela fait mouche et rend l’ensemble tout autant dynamique que puissant. Enfin, il y a évidemment le chant de Necroabyssious qui est vraiment excellent, mais est-ce vraiment une surprise? Il a ce côté à la fois vindicatif et dominateur, tel un maître de cérémonie, parfois plutôt déclamateur, et qui cadre parfaitement à l’ensemble et finit de parachever la grandeur de cet album.
Au final, ce Magnus Venator est tout simplement excellent et nous renvoie vingt cinq ans en arrière, sans toutefois avoir le regard tourné derrière soi. Il a forcément cette touche old-school on ne peut plus appréciable, aussi bien dans sa durée qui excède à peine les quarante minutes, la pochette, les thématiques abordées et surtout la manière de faire. Et même si l’on pourrait reprocher une certaine simplicité apparente des compositions, elles sont si bien pensées et exécutées que l’on ne peut que se laisser prendre au jeu, et cela fait bien plusieurs mois que je ne me lasse aucunement à son écoute, signe que cet album a non seulement de la ressource mais qu’il vieillit très bien et reste toujours aussi enthousiasmant. J’y trouve même une certaine fluidité dans tout ceci, avec un concision qui demeure bien au service de l’efficacité de tout ceci, l’on n’a d’ailleurs à déplorer ici aucuns temps morts, ni temps faibles, ce qui est assez remarquable pour être souligné. Katavasia a non seulement réussi à confirmer que son premier album n’était pas un feu de paille mais parvient surtout à rester aussi captivant tout en apportant quelques nouveautés à son propos. Inutile de dire que toute personne appréciant les références suscitées devraient y trouver largement leur compte, mais également toute personne appréciant le black metal mélodique et surtout épique, car il risque d’être servi avec ce très bel album qui constitue pour moi l’une de ces très belles surprises de cette année deux mille vingt.
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