Sarcator - Sarcator
Chronique
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On dit souvent que la valeur n’attend pas le nombre des années, et de ce point de vue là on ne peut pas dire que le quatuor de Trollhättan ait attendu d’être adulte pour passer à l’action et faire parler de lui. Formé en 2018 sur les cendres de METAL MILITIA (on se demande bien d’où ça vient) SARCATOR possède en son sein une jeunesse insolente et insouciante, qui montre que malgré sa précocité il sait être efficace et possède déjà de solides arguments. Car avec des membres oscillants entre quinze et vingt-et-un ans (où l’on trouve notamment le fils de Marko Tervonen de THE CROWN) ceux-ci démontrent qu’il n’y a besoin d'être âgé et mature pour être déjà de bons musiciens, tant ici le bagage technique est présent sans être trop imposant, une excellente chose au vu du style proposé. En effet les gars ne s’embarrassent pas de futilités en proposant un Thrash bien rétro qui sent bon les Etats-Unis et les 80's, le tout mené tambour battant vu que le tempo général sera en majorité basé sur une rythmique ultra-rapide, à l’énergie impressionnante. A l’instar des regrettés CONDOR qui évoluaient dans une thématique assez semblable les Suédois ont composé une musique taillée pour la scène qui va faire mouche à de nombreuses reprises, et faire ainsi oublier les quelques erreurs de débutants présentes sur ce premier opus.
Avec près de cinquante minutes au compteur celui-ci ne va pas débander un seul instant porté par une puissance de feu et une écriture sobre qui n’en fait pas des tonnes, comme cela s’entend d’entrée avec le furibard « Abyssal Angel » où toute la panoplie musicale des mecs est mise en avant. Porté par un démarrage à fond les ballons ce morceau va ensuite miser sur quelques cassures et l’alternance avec des moments plus lents et d’autres plus remuants, pour équilibrer les forces et montrer ainsi que la bande ne se contente pas d’être radicale et expéditive, mais qu’elle sait aussi densifier son propos. Ceci va d’ailleurs s’entendre plus fortement dans la foulée sur la doublette « Manic Rapture » et « Deicidal » (ce dernier étant originellement présent sur un des deux Ep sortis l’an dernier - tout comme « Desolate Visions »), qui sait tout autant jouer sur le tabassage intense aux blasts retentissants, que sur du mid-tempo propice à remuer la tête, l'ensemble se voyant greffer d'un soupçon de mélodie pas dégueulasse. Cependant c’est là aussi qu’on repère un des fragilités de cette galette, à savoir celle de ses créateurs à vouloir trop en faire et à finalement casser la dynamique en rallongeant inutilement son propos (ces deux plages s’approchant dangereusement des six minutes). Mais heureusement ces petites baisses de régime (à l’instar de « Purgatory Unleashed ») ne sont pas rédhibitoires et sont rapidement oubliées, compensées par le reste qui se montre du meilleur cru thrashy, plus frontal et primitif – constat qui finalement convient le mieux aux Scandinaves.
Il n’y a qu’à écouter le très court « Midnight Witchery » (qui a tout de l’hymne incontournable en concert) pour confirmer ce ressenti, tant son riffing ultra-primaire et son tempo déchaîné (qui n’arrête pas un instant) vont faire le bonheur des fans de pogo et autres mouvements propices au contact physique. D’ailleurs les nordiques vont continuer dans cette même mouvance jusqu’à l’ultime seconde, privilégiant ces accents frontaux pour plus d’efficacité, même si on pourra reprocher un côté interchangeable accentué au niveau des riffs comme des patterns, donnant la sensation d’un début de chaque titre quasiment similaire à chaque fois. Heureusement les quelques subtilités présentes de façon régulières (les passages propices au headbanging de « The Hour Of Torment », l’introduction tout en arpèges doux de « Circle Of Impurity », ou encore le bonus « Cryptic Pain » encore plus primal et presque Punk) densifient suffisamment l’ensemble pour ne pas donner l'impression de trop se répéter malgré sa linéarité de façade.
Avec en prime une voix dont les intonations peuvent faire penser par moments à celles de Jon Nödtveidt (et amène ainsi un soupçon de puissance en rabe) il serait franchement dommage de passer à côté de cette boule de nerf qui défoule et vide la tête comme il faut, de par son entrain contagieux. Si le tout aurait encore gagné en efficacité en étant un peu raccourci il ne faut pas faire la fine bouche avec ce long-format réussi et qui dévoile une vraie révélation à suivre, tant les jeunots ont déjà tout compris sur la bonne façon de faire du Thrash, brut et direct sans tambours ni trompettes comme on aimerait en entendre plus souvent. Autant dire qu’avec un peu plus de vécu et d’expérience la suite de leurs pérégrinations risque de faire très mal et de les placer bien haut dans la nouvelle génération du genre, qui lui redonne ses lettres de noblesse tant les vétérans et anciens se sont depuis quelques temps fourvoyés dans des longueurs excessives et/ou dans une inspiration en berne, et encore une fois c’est par sa jeunesse que tel un phénix il renaîtra de ses cendres et retrouvera un attrait auprès des métalleux de tout âge.
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