Fer de Lance - Colossus
Chronique
Fer de Lance Colossus (EP)
Force à vous si vous avez su passer outre cette pochette terriblement hideuse et êtes arrivés jusqu'ici car vous ne regretterez pas votre effort. Sortie un peu de nulle part, la formation américaine Fer de Lance, dont aucune date de formation n'est à communiquer, se fraie son chemin au milieu du catalogue de Cruz Del Sur (encore eux, décidément !) avec leur première sortie, l'EP Colossus sorti l'an dernier. Tout comme White Magician, je devais le chroniquer dans les temps car on peut le retrouver dans mon bilan mais le temps m'a manqué. Si ce groupe sort un peu de nulle part, avec une promotion relativement discrète et une artwork grisâtre qui n'attire pas vraiment l’œil au milieu de toutes ces pochettes colorées bien plus fantaisistes, le trio composant la formation n'est pas inconnu : à la batterie et à la basse nous avons Rüsty ou plutôt Pat Gloeckle, présent dans de nombreuses formations heavy traditionnel notables comme Professor Emeritus, Hitter, feu- Satan's Hallow et la nouvelle formation qui est née de ce dernier groupe, Midnight Dice. Quelques prestations live pour Smoulder sont également à relever. Joli CV. Les autres ? Le guitariste Collin Wolf est un nom qui parle aux oreilles des plus fervents fans de heavy épique puisqu'il s'agit du guitariste de Smoulder. Quant au chanteur MP Papai, peu d'informations à son sujet si ce n'est qu'il a posé sa voix sur l'unique album de Professor Emeritus en 2017 - aux côté de son collègue batteur, donc.
Trois musiciens issus en partie ou totalement de groupes de heavy épique aux relents doom ne pouvaient qu'aboutir, avec Fer de Lance, à un nouveau projet de... heavy épique aux relents doom. Et pour un premier EP, ces trois musiciens nous proposent un travail plus que satisfaisant : quatre morceaux pour vingt-deux minutes, on a donc des morceaux relativement longs - mais pas démesurés non plus - pour une tracklist au final assez classique. Les compositions tournent autour de deux axes principaux : les parties aux guitares électriques et celles aux guitares acoustiques. Ce dernier instrument, en effet, prend une place très importante sur les vingt-deux minutes que compte le disque, au point où l'on peut parler sans hésiter d'un instrument principal, à mettre au même rang d'importance que le trio guitare - basse - batterie, plutôt que de le relayer comme instrument-accessoire servant à apporter une ambiance par ci par là.
Certes, la guitare acoustique est véritablement "l'instrument doom", celui qui tempère les compositions en les faisant bien respirer par de nombreux passages purement acoustiques (la très belle intro de "City in the Sea" en est un bon exemple) avec quelques mélodies agrémentées de notes pessimistes. L'utilisation sans modération de la reverb ajoute ce petit grain qui plait tant aux fans du genre. L'importance de la guitare acoustique est telle que l'on trouve un passage marquant sur chacun des quatre morceaux. Tantôt elle a le beau rôle comme dans "City in the Sea", dans le break de "Fer de Lance" ou dans "Triumph and Tragedy" où elle s'octroie un petit solo bienvenu. Tantôt elle est davantage en arrière-plan et se contente de poser l'ambiance ; on citera le refrain de "City in the Sea".
Il ne faudrait pas non plus aller jusqu'à déconsidérer le rôle des guitares électriques, même si ces dernières ne brillent pas par leur originalité ; qu'importe, les riffs sont bons et c'est tout ce qui compte. Avec un son moins lourd et moins crunch que celles de leur première source d'inspiration, Atlantean Kodex, elles alternent entre riffs hâchés lents et martiaux ("City in the Sea"), ambiance davantage calme ("Colossus"), tremoli et subtil hommage à la dernière période de Bathory ("Fer de Lance"). Heavy / doom oblige, les soli ne sont pas légions. Tout au plus retiendrons-nous celui de l'opener "City in the Sea", au ton quelque peu plaintif à ses débuts, avant de s'envoler en technique brillante mais qui malheureusement se noie un peu trop dans le mix. Quid des autres instruments ? Pas grand-chose d'extraordinaire et pourtant la formule marche. Le chant n'est pas aussi lisse que dans les autres formations heavy doom épique qui me viennent en tête (Doomsword, Battleroar) et se rapprochent davantage de l'héritage du grand Dio. Il n'est question ici que de tessiture, le chant en lui-même se rapproche bien plus des canons du genre (tout aussi lent que la musique, n'hésitant pas à partir dans de grandes envolées par moments...)
Et pourtant, tout marche. Tout marche très bien même, pour Fer de Lance, qui se taille sa part du gâteau dans le catalogue Cruz Del Sur sans crier gare mais qui abouti d'une première œuvre somptueuse que je me suis surpris à écouter plusieurs fois. Le format relativement court aide également, dans le sens où les compositions sont relativement simples et où, de fait, les mélodies et les ambiances se retiennent mieux. Heavy épique aux relents doom, renforcés par cette pochette grise et assez sinistre qui donne relativement bien le ton, Colossus est un excellent amuse-gueule pour qui souhaite étoffer sa culture en la matière.
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