Mirrorthrone pour l'album "Carriers Of Dust"

1. Salut! Pour commencer, peux-tu nous résumer l'histoire de Mirrorthrone jusqu'à aujourd'hui ?

Salut à toi, Dead. J’ai formé Mirrorthrone dans les environs de 2000 sans trop savoir où cela allait me mener. Après deux démos enregistrées réciproquement en 2001 et 2002 partant dans un style d’essence relativement romantique, Mirrorthrone a finalement atterri sur Red Stream pour sortir « Of Wind and Weeping » en 2003. J’ai ensuite passé les 2 années qui suivirent à composer sporadiquement pour ce projet, marquant de longues poses à chaque fois entre deux morceaux. Nous voila en 2006 avec le nouvel album « Carriers of Dust », plus agressif et moins rêveur que son prédécesseur.


2. Ton style est assez particulier et regroupe pas mal d'influences diverses. Y'a-t-il des groupes qui t'ont particulièrement marqué dans ta vie de metalleux ?

En effet, je n’aime pas me cantonner à un style tel qu’il a été déterminé par l’habitude et les associations faciles. Je trouve ces catégories prédéfinies aussi peu lucides que sclérosantes. Jouer d’un style pour jouer d’un style est prendre le problème à l’envers : ce qui compte est l’émotion finale qui se dégagera de l’œuvre et il est tout à fait possible d’arriver à un résultat similaire en prenant des chemins différents ; du moins en apparence.

Les groupes qui m’ont marqués ne se cantonnent donc pas du tout à la simple scène metal. Certes, on y retrouvera des formations telles qu’Emperor, Abigor, Satyricon, Ulver ou Testament que j’écoute avec toujours autant de passion année après année. Mais cela va bien au delà, avec des noms comme Phish, Ween, Tori Amos, Lustmord, Pearl Jam, Biohazard, pour ne citer qu’eux...


3. Comment définirais-tu ta musique ?

Si l’on s’en tient aux catégories d’usage, on pourrait parler d’une espèce de Black Metal symphonique, vaguement teinté de Death et avec ici et là, une pointe d’influence de l’un des groupes que j’ai cités plus haut. Pour ma part, il ne s’agit que de musique.


4. Tu t'apprêtes à sortir ton second album "Carriers Of Dust" qui fait suite au très remarqué "Of Wind And Weeping" sorti en 2003. Comment a évolué ta musique entre ces deux albums ?

Dans l’ensemble, je pense que l’on peut dire que l’aspect romantique, rêveur et raisonnablement optimiste de « Of Wind and Weeping » a totalement disparu. Pour une raison qui reste peu claire, j’avais été pris d’accents relativement bienveillants à l’époque, chose qui s’est définitivement envolée comme l’attestera un titre comme « De l'Échec et de son Essentialité ». Cela s’observe très nettement au niveau des textes, mais également de la musique, qui est plus froide qu’à l’époque, moins onirique ; peut-être pas nécessairement plus rapide, mais plus agressive.


5. Que peux-t-on attendre de ce second album ? Y'a-t-il un morceau que tu affectionnes particulièrement ?

Il est toujours difficile de se prononcer sur son propre travail, là d’autant plus que cet album est encore relativement nouveau pour moi et que je n’ai peut-être pas encore pu prendre assez de distance par rapport à lui. Il me semble néanmoins pouvoir dire que c’est un disque assez fouillé, que l’on aura de la peine à bien saisir lors de la première écoute. Les morceaux sont tous relativement différents les uns des autres, et ce d’autant plus qu’ils évoluent beaucoup. Pour ma part, je n’ai pas encore de préférence puisque je me perds dans chacun d’entre eux au fur et à mesure de l’écoute.


6. J'ai été impressionné de voir que tu t'es occupé d'absolument tout en ce qui concerne la production de cet album, de l'enregistrement au mixage en passant par le graphisme... Combien de temps t'a-t-il fallu pour en venir à bout une fois l'enregistrement commencé ?

Ecoute, la somme de travail est assez démentielle. Je crois que l’enregistrement et le mixage m’ont pris près de 5 mois, certes pas en y travaillant 24h sur 24, mais en y consacrant tout de même beaucoup de temps. Les deux semaines passées sur le layout paraissent bien peu de chose à côté... Je n’ai aucune formation en matière de production musicale et n’ai pu observer personne travailler non plus, j’avance donc par tâtonnement et entièrement au feeling.


7. Est-ce important pour toi de rester seul maître à bord de Mirrorthrone ? N'as-tu jamais pensé à monter un line-up complet ?

Je me suis retrouvé seul plus par la force des choses que par réel choix. Mais j’ai pris goût à cette formule, qui pour l’instant me convient. Bien que tout cela reste parfaitement hypothétique, je pense que si je dois un jour travailler avec d’autres personnes, cela sera uniquement dans une perspective live... mais je ne sais pas encore trop où j’irai les chercher...


8. Y'a-t-il un concept derrière "Carriers Of Dust" ? D'où te vient ton inspiration pour écrire les paroles ?

On ne peut pas réellement parler de concept album, mais il y a néanmoins une thématique commune. En deux mots, la critique d’une humanité fuligineuse, d’où l’image de la poussière évoquée dans le titre de l’album.


9. Pour continuer sur les paroles, tu as choisi d'en écrire une bonne partie en français. Est-ce important pour toi ? Qu'apporte cette langue à ta musique ?

Oui la langue a son importance. Je crois que commercialement, ça n’est pas la meilleure démarche mais qu’importe. Il m’est beaucoup plus facile de m’exprimer dans ma propre langue qu’en en utilisant une autre. De plus, en utilisant le Français, j’ai le sentiment de plus habiter ma parole. Ce qui est dit est plus vécu, plus pesé, mieux évalué.


10. Tu es apparemment impliqué dans de nombreux projets. Que représente Mirrorthrone pour toi ? Peux-tu nous en dire plus sur tes autres groupes ?

J’ai en effet plusieurs projets, qui avancent chacun à leur rythme ; plutôt lentement hélas, les jours n’ayant que 24h. Je les perçois tous sur un pied d’égalité, je me réfère tantôt à l’un, tantôt à l’autre en fonction de ce que je souhaite exprimer. En ce qui concerne les news de mes deux autres projets les plus actifs :

Weeping Birth sortira enfin son second album « Anosognosic Industry of the I » d’ici quelques semaines sur un label qui n’a de prime abord pas grand-chose à voir avec le metal. Ceux qui sont intéressés trouveront plus d’info sur le site http://www.weepingbirth.com d’ici quelques semaines.

Unholy Matrimony devrait un jour ou l’autre sortir un vinyl 7’’, je ne sais pas encore ni quand ni comment. Mais les titres sont prêts. Je ne peux pas donner plus d’information sur le prochain album, qui est en cours de gestation.


11. Que fais-tu dans la vie en dehors de la musique ?

Je suis étudiant en philosophie. Je passe le reste de mon temps qui n’est pas consacré à mes études ni à la musique à monter des sites web ou à travailler sur divers travaux graphiques comme des pochettes de CD.


12. Qu'écoutes-tu en ce moment ? Des albums de metal (ou non) à recommander ?

J’ai répondu à cette interview en écoutant l’album Billy Breathes de Phish. J’écoute pas mal de Biohazard et Madball ces derniers temps, de même que les Guns n’ Roses, Dream Theater, Saturnus, Nile, juste pour citer quelques noms au hasard... mon dernier coup de foudre fut HECATE, qui n’a rien à voir avec du metal puisqu’il s’agit de breakcore. Je n’ai pas encore eu l’occasion de découvrir sa discographie dans son intégralité, mais les quelques albums que j’ai en ma possession me laissent sans voix. Hautement recommandé donc.

13. Merci pour l'interview. Je te laisse conclure !

Merci à toi pour ton intérêt et tes questions. Merci également à ceux qui auront pris le temps de me lire. J’espère que « Carriers of Dust » sera à votre goût.